Chapitre 23: Rustrel

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                La clé USB était maintenant prête à l'emploi. Josiane patientait calmement, contemplant avec admiration ses armes, étendues sur la table. La pendule de la cuisine affichait dix-neuf heures trente-quatre. L'estomac de Louise était de plus en plus serré.

L'adolescente s'éclipsa dans sa chambre et regarda son téléphone pour passer le temps, mais ses idées sombres ne la quittaient pas pour autant. Elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour sa mère, et si Josiane disait juste ? Louise chassa cette pensée et songea au rituel. La même interrogation s'insinua en elle. Et si la vieille dame avait raison ?

« Trop de Et si?, il faut agir ! » songea la jeune fille. Elle alluma la télévision pour se distraire. Seulement les minutes paraissaient être une éternité.

Bip ! Bip ! Son téléphone sonna de nouveau. C'était Seth.

« Je t'attend devant chez toi, viens ! »

Louise souffla un bon coup et prit son courage à deux mains. Elle laissa la télévision allumée et escalada la fenêtre. Une fois dans le jardin, elle longea la maison en courant et rejoignit le jeune homme, garé devant la demeure.

« Salut ma belle, ça va ? dit-il avec un clin d'œil.

- Oui, un peu stressée, mais ça va aller. Démarre, vite, avant que ma grand-mère ne se rende compte de mon absence. »

Seth enclencha le contact et la voiture démarra en trombe. Alors que les maisons défilaient devant elle, Louise entendit des petits bruits. Elle se retourna et découvrit une poule en cage sur la banquette arrière.

« Tu ne m'as pas dit où on allait, dit-elle au jeune homme.

- On va à Rustrel, au Colorado provençale.

- C'est loin d'ici ?

- A quarante-cinq minutes. Trente, s'il n'y a pas de circulation, ce dont je doute à cette heure-ci. »

Un silence s'installa dans l'habitacle, Seth n'avait pas l'air dans son assiette. Il fixait la route sans sourciller, ses pensées semblaient ailleurs.

« Je ne t'ai pas dit, continua l'adolescente, mais ma mère a disparu depuis hier soir.

- Ah bon ? »

Le jeune homme ne paraissait pas surpris, ou, s'il était, il cachait très bien ses émotions. Ce « Ah bon ? » n'était, aux yeux de la fille, pas une réaction spontanée.

« C'est tout ce que cela t'inspire ? dit-elle, méfiante.

- Excuse-moi, Louise, je suis un peu ailleurs ce soir. Je suis navré pour ta mère, j'espère que les autorités vont la retrouver. »

Encore une fois, les mots du jeune homme ne sonnaient pas juste. Louise détourna le regard pour fixer la route. Tous ses membres lui disaient de faire demi-tour, et de rentrer chez elle. La jeune fille pouvait sentir le danger s'intensifier au fur et à mesure des kilomètres parcourus.

« Si tu ne te sens pas dans ton assiette, on peut faire le rituel le mois prochain, tu sais... répondit l'adolescente, perplexe.

- Tu te fous de moi, là ? »

Louise se tue. De toutes évidences, c'était trop tard pour faire machine arrière. Au bout de plusieurs longues minutes, plongées dans le silence, la voiture dépassa le panneau annonçant l'entrée dans la ville de Rustrel, et se gara sur un parking, devant une entrée boisée. Seth ouvrit le coffre du véhicule et en sortit un gros sac de voyage noir. Il le tendit, sans un mot, à la jeune fille qui le prit sans rien dire en retour. Le jeune homme saisit la cage de la poule et alluma une lampe torche.

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