XIV : Use it or lose it

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Ce fût un électrochoc qui avait eu le mérite de remettre les pendules à l'heure. Nous avions nos torts, c'est vrai, et nous ne les voyions pas. Nous nous étions enfermées, Alissa et moi, dans une spirale éthylique qui nous empêchait d'aller de l'avant. Et Charlie avait raison : il n'était pas là pour nous élever comme des enfants. Si nous avions déjà du mal à nous occuper de nous-mêmes alors comment pouvions-nous survivre dans un monde aussi impitoyable que celui de la musique ? Bien qu'il nous eu foutu la trouille sur le coup, quand j'y repense, sa réaction était tout à fait compréhensible, c'était même une leçon : il avait voulu se faire entendre et c'est comme ça qu'on arrive à se faire entendre dans ce monde-là.

L'effet sur moi se fit ressentir dès le lendemain : j'étais debout à sept heure. Je n'avais pourtant pas programmé de réveil sur mon téléphone et je n'ai jamais été particulièrement matinale, je mis donc ça sur le compte de mon anxiété chronique. Je quittai le lit lentement en prenant soin de ne pas réveiller ma meilleure amie avec qui je partageais le king size depuis maintenant plusieurs semaines, puis filai directement à la salle de bain prendre une douche pour m'aider à me réveiller. Il n'y a rien de mieux pour commencer la journée que de se débarrasser des restes de la veille, en particulier quand ils ne sont pas très plaisants, mais surtout j'étais la première debout et donc j'en profitai pour rester sous le jet d'eau brûlante plus longtemps que de raison. Quelqu'un râlerait forcément aujourd'hui mais ça ne serait pas moi. Me sentant mieux réveillée, j'enroulai mes cheveux dans une serviette avant d'enfiler un short en jean et un vieux t-shirt de Van Halen qui ne semblaient pas trop sales puis je descendis les escaliers et commençai à préparer des pancakes, non pas que je fusse particulièrement de bonne humeur mais je trouvais ça toujours bien plus productif que d'attendre que mes colocataires se lèvent en ne faisant rien.

J'entendis enfin des bruits de pas à l'étage, Charlie fût le premier à descendre, ce qui ne m'étonnait pas vraiment.

- Hey ! lançai-je joyeusement en me retournant. Oh mon Dieu !

- Merci, répondit-il simplement en s'asseyant à un tabouret de bar.

- T'as pas l'impression d'avoir oublié de mettre un pantalon ? dis-je en posant l'assiette de pancakes sur le bar.

- Et toi ? fit-il en pointant mes jambes du doigt.

- C'est un short, je suis pas en sous-vêtements.

- Dommage... commenta-t-il en contemplant mes jambes. Mais je suis encore chez moi que je sache, donc je fais ce que je veux et en plus tu as vu ce qu'il y avait dedans.

- Je ne me rappelle plus, mentis-je. Bon, on est censé faire quoi aujourd'hui ? demandai-je sur un ton motivé.

- En ce qui me concerne, je vais descendre à Hollywood pour trouver une salle qui accepterait de vous faire jouer rapidement.

- Pourquoi on viendrait pas avec toi ? proposai-je.

Il faillit s'étouffer de surprise avec une bouchée de pancake.

- Wow ! Comme quoi parfois hurler ça peut servir.

- Ben, tu vois j'ai compris que t'étais pas là pour tout faire à notre place mais plutôt pour nous aider et nous conseiller.

- Il était temps...

- Oui mais avoue que ton besoin maladif de tout contrôler envoie un signal contraire.

- Habille-toi correctement et maquille-toi, t'as des cernes énormes, conclut-il en descendant de son tabouret avant de remonter à l'étage.

- Qu'est-ce que je disais...

Cheyenne  /!\ PAUSE /!\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant