XVIII : The dark side of you

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Pourquoi fallait-il que je sois toujours sous l'emprise de substances illicites pour ressentir l'envie du contact charnel ? Pendant très longtemps j'étais restée impassible face à tout ça. Les concepts comme l'amour et le sexe ne me traversaient que rarement l'esprit en temps normal, j'avais toujours d'autres préoccupations bien plus importantes. Je considérais un peu ça comme une perte de temps et d'énergie mais aussi un signe de faiblesse. J'ai aimé une fois, enfin je crois car il est difficile d'être objectif quand on est en pleine adolescence avec toutes ces hormones en ébullition. Mais ce qui était sûr c'était que l'histoire s'était mal terminée, j'avais eu mal et j'avais décidé qu'on ne m'y reprendrait plus. De toute façon c'était voué à l'échec dès le départ, on ne passe pas sa vie avec son amour de jeunesse, ça se saurait sinon. Quoiqu'il en soit, je m'étais armée contre ça, j'avais monté une sorte de mur autour de moi et je ne voulais pas qu'on le fissure.

J'ouvris les yeux, enfin sobre à nouveau. La chambre était toujours éclairée par la lampe de chevet. Je n'osais pas trop bouger, je savais que Fenris était déjà réveillé ou peut-être ne s'était-il même pas endormi. En tout cas je sentais son regard posé sur moi et il n'y a rien de plus angoissant au monde que la sensation de quelqu'un qui vous fixe lorsque l'on dort.

Je me remémorai la soirée : les bières, les clopes, le speed, la baston. Le baiser. Le simple fait d'y penser m'emplit d'une sensation agréable, à l'opposé total de l'effet que me faisait le souvenir de ma nuit avec Charlie, c'est à dire à peu près rien. Non ce n'était pas que l'effet de la drogue cette fois-ci. Il déposa un baiser dans mes cheveux qui me décida enfin à me retourner vers lui pour échanger des banalités comme si de rien n'était, ou plutôt pour éviter les silences gênants des lendemains qui déchantent, ceux où l'on se réveille à côté de quelqu'un qu'on n'arrive pas à remettre.

- Hey... chuchota-t-il. Ça va ?

- Moui... répondis-je encore fatiguée, et toi ?

- Ça peut aller, dit-il en haussant les épaules.

- T'as réussi à t'endormir ?

- Pas vraiment, je me suis réveillé plusieurs fois.

- Ah, merde...

- J'ai l'habitude. Mon cerveau travaillait trop et du coup, je me suis levé pour écrire.

- T'écris ? Toi ? demandai-je surprise, presque moqueuse.

Dans ma tête je trouvais ça terriblement cliché que j'avais presque envie d'en faire de l'humour avant de réaliser qu'il était tout à fait sérieux à ce sujet. C'était tellement à l'opposé du mec que j'avais vu entrer dans l'appartement la veille, ce gars froid au regard vide et presque triste qui semblait rejeter presque tout le monde autour de lui. Je ne le connaissais pas après tout, peut-être que c'était vraiment important pour lui et pas juste un moyen niais pour essayer de choper.

- Souvent oui. Ça me vide l'esprit tu vois. C'est comme ça que je fais sortir mes problèmes.

- Et je peux lire ?

- Non, tu comprendras pas, pouffa-t-il.

- Mais si allez, fais péter, insistai-je.

Il haussa les épaules sourire en coin et ramassa un petit tas de feuilles posé sur le sol à côté du lit qu'il me tendit. Je les saisis avec un petit air hautain avant de me rendre compte qu'il avait raison, je ne pouvais pas comprendre. Et pour cause il n'avait pas écrit en anglais.

- Ah oui... Tu voulais dire au sens littéral du terme. Qu'est-ce que c'est que cette langue diabolique ? dis-je pour rigoler.

- Vous les américains vous m'étonnerez toujours. Vous ignorez tant de choses sur le monde qui vous entoure, vous êtes tellement nombrilistes, c'est incroyable, ricana-t-il.

Cheyenne  /!\ PAUSE /!\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant