Chapitre 1: Le réveil inattendu

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- a² est égal à 144.

- Oui et ? Quelle est la valeur de a mademoiselle... ?

- Kairos, Monsieur.

- Bien. Quelle est la valeur de a mademoiselle Kairos ?

- a vaut douze ou bien, moins douze Monsieur.

- Bon. Eh bien ? Quelqu'un d'autre ?

S'il y avait bien quelque chose que Sarah trouvait des plus ennuyeuses, c'étaient ses deux heures de mathématiques le vendredi matin. Elle n'éprouvait aucune répulsion particulière envers les mathématiques, bien au contraire ! C'était plutôt envers son professeur, Mr Lampoule. Il avait le don de l'exaspérer.

- Y a des fois où je lui aplatirais bien mon manuel sur la tête ! marmonna-t-elle à sa voisine, qui ricana.

- Un commentaire mademoiselle Kairos ?

- Non Monsieur, aucun, déclara-t-elle avec un brin d'insolence en lui adressant un grand sourire.

Son professeur lui répondu avec une grimace étrange qui devait sûrement être aussi un sourire. Dès qu'il eut détourné son attention d'elle, Sarah plongea sa tête dans ses bras croisés en poussant un grognement étouffé.

Elle attendit la sonnerie avec beaucoup de patiente. Et après un moment qui lui parut une éternité, la cloche daigna enfin sonner la fin du cours.

Une heure de LIBERTÉ. Tous ses amis étaient partis. Les plus studieux s'étaient dirigés vers la salle de permanence, et les moins courageux étaient partis dans la cour principale, s'asseoir sur un banc. Sarah était déchirée entre le désir de passer du bon temps en toute insouciance, et entre la culpabilité de ne pas aller travailler pendant son heure de trou. Elle crut entendre la petite voix de sa mère résonner dans sa tête : 'N'oublie pas de t'avancer dans tes devoirs aujourd'hui, comme ça tu auras ton week-end de libre !'

Cela renforça au contraire son envie de se libérer l'esprit des deux heures de cours infernales qui venaient de passer.

- Bon alors Sarah ! Tu viens ?

Réalisant soudain qu'elle était plantée au milieu de la cour, toute seule comme une idiote, elle remit son sac à dos sur son épaule, gênée, et balbutia :

- Euh...

Elle avait l'impression d'être tentée par le Diable. Ce n'était pourtant pas le choix de sa vie ! Elle faisait ça toutes les semaines, ou presque.

- Oui... oui ! J'arrive !

Mais elle savait très bien ce qui allait se passer en rentrant chez elle. Sa mère allait lui demander :

- Alors tu t'es avancée pendant ton heure de perm ?

Et elle allait mentir de toute évidence :

- Bien sûr ! J'ai rattrapé mon cours de SVT et j'ai commencé mon DM de maths !

- C'est bien.

La conscience tranquille elle allait se reposer le samedi entier, à ne rien faire sur son canapé. Mais, secouée par la brusque réalité qui était, en l'occurrence, qu'elle n'avait rien fichu ni samedi, ni vendredi, elle se mettrait le dimanche à 15h30 à son bureau, se faisant violence pour terminer ses devoirs pour les trois jours à venir. Dont le fameux DM de maths. Et évidemment, sa mère n'allait absolument pas comprendre pourquoi elle mettait autant de temps à faire ses devoirs qu'elle était censée avoir entamé l'avant-veille. Du moins c'est ce qu'elle croyait.

Les Passeurs du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant