Chapitre 13: La Ligue

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Après un copieux et tardif petit déjeuner en ce premier janvier 2016, Esteban et Sarah s'étaient installés dans le bureau de son père, une fois de plus sans qu'Hélène ne soit mise au courant. Sarah avait brièvement expliqué à son partenaire que son père était un sujet sensible, et tout ce qui touchait à lui de près ou de loin, l'était de ce fait. Le bureau en était le plus fidèle exemple.

— Mais c'est génial ici ! s'extasiait Esteban en touchant tous les livres aux reliures de cuir qui débordaient des bibliothèques. Tu les as lus ?

— Tous ? Bien sûr que non ! Des bribes de temps en temps, quand le cœur m'en dit. Des jours, c'est la psychologie sous hypnose qui est à l'honneur, d'autres jours ce sera plutôt le système nerveux humain. Je t'avoue qu'en ce moment, c'est plutôt la physique du Temps et de l'Espace qui prime...

— Ah ! s'exclama-t-il en se retournant d'un bloc l'œil malicieux, je me demande bien pourquoi... Sans doute un élan de zèle pour le travail demandé par Casimol...

— En effet, je ne vois que ça, rétorqua Sarah, complice. D'ailleurs ! Il faut que je te montre ce que m'a donné ma grand-mère pour Noël ! Tu sais quand on a discuté de mon...

— Pouvoir ! Vas-y tu peux le dire... Il faut appeler un chat, un chat

— Il n'empêche que j'ai du mal... J'ai l'impression d'être parachuté d'une mauvaise série pour adolescent qu'on regarde sur Disney channel quand je dis ça.

— Oui, mais ça reste un pouvoir si tu veux mon avis... Peut-être pas magique, mais un pouvoir quand même.

— Bref, quand elle m'a montré qu'elle l'avait aussi, tu resitues ?

— Oui, oui ! Vas me le chercher ton cadeau, tu ne tiens plus en place !

Elle sortit calmement pour contredire Esteban. Celui-ci laissa vagabonder son regard pendant la petite minute qu'il avait de solitaire. Il contempla le secrétaire magnifique qui se tenait fièrement entre deux bibliothèques et sous la petite fenêtre.

Il posa les yeux assez rapidement sur un coffre en bois travaillé, pas plus grand qu'un écrin à bijou, au plus la taille d'un livre de poche. Il était dans la dernière étagère de la bibliothèque de gauche, bien plus poussiéreuse que celle de droite. Esteban alla le déloger, non sans mal, de son perchoir pour l'observer de plus près quand Sarah entra toute excité, mais tentant de garder un niveau sonore raisonnable. Elle poussait ses couinements assez reconnaissables de quand elle maintient à grand peine son calme tant elle est agitée. Esteban passa agilement le coffret derrière son dos, le plus naturellement de monde, et Sarah, d'ordinaire fine observatrice ne remarqua rien.

— C'est quoi cette bibliothèque à droite ? demanda-t-il plus pour se donner contenance que par intérêt. Tous les livres dont tu m'as parlé venaient de celle-là...

— Ah, là c'est que de l'Histoire... Ça ne m'intéresse que très moyennement. Je crois que tout le flanc gauche n'est que de l'Histoire, et crois moi, ça fait un bon paquet d'ouvrages. Bon alors regarde ça.

Elle dévoila dans sa paume une magnifique pièce d'orfèvrerie. Pas bien grande, elle tenait dans le creux de la main. Sarah la retourna et Esteban identifia une sublime montre à gousset comme jamais il n'en avait vu. Bientôt sa contemplation fut interrompue par la perturbation d'un autre de ses sens : l'ouïe. Un bruit creux, une vibration, sourd au début mais qui prenait de plus en plus d'ampleur. En fait Esteban la sentait depuis que Sarah était entrée dans la pièce. Elle, ne remarqua rien jusqu'à ce que le bruit prenne tellement d'ampleur qu'Estéban sortit la boîte de derrière son dos, pour regarder ce qui causait ce ronflement.

Les Passeurs du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant