Sarah ne répondit pas. Elle se demandait quand la douleur s'arrêterait. Elle retenait ses larmes tant bien que mal et la tête qu'elle faisait était sûrement très comique, mais c'était une situation sérieuse. Sarah était d'ailleurs surprise par le changement radical de ton de sa mère.
Il y eu un long silence où chacune des deux attendait que l'autre parle.
- Oui, et ? tenta Sarah.
- Eh bien... comme je t'ai dit, ça m'inquiète... tu crois que ça recommence ?
- Je ne sais pas.
- Est-ce que ce sont les mêmes cauchemars ?
- Non...
La gorge de Sarah se serra. Elle arrêta définitivement de couper ces oignons, elle en avait marre. Elle ferma les yeux et sentit qu'ils lui brûlaient.
- Alors que se passe-t-il ?
- Je t'ai déjà raconté que ce n'étaient pas que des cauchemars...
- Si Sarah, tu ne...
- Laisse-moi finir s'il-te-plait, coupa Sarah qui retrouvait petit à petit une vision nette, ce ne sont pas que des cauchemars.
Hélène écoutait attentivement sa fille à présent et ne s'occupait plus du repas.
- Avant de faire ces soi-disant cauchemars, je rêve. Des rêves géniaux, fantastiques, jubilatoires. Je me bats, je gagne, je m'enfuis, je me cache... je vole...
Sarah se rappelait petit à petit de son rêve, mais retrouva vite ses esprits.
- Ces rêves-là n'ont pas changé. Mais quand je me réveille, je fais des cauchemars. Comme si je voyais l'autre côté du rêve, la face cachée. Et je suis éveillée ! Ceux-là ont changé, ce ne sont plus les mêmes. Je ne sais pas pourquoi...
Sa mère ne répondit pas. Elle réfléchissait. Sarah qui avait gardé les yeux fixés sur sa planche à découper, leva enfin les yeux vers sa mère, attendant une réaction de sa part.
- Il y a un lien entre tes rêves et ces... cauchemars ?
- Non... je ne sais pas... peut-être. C'est sûrement inconscient.
- Tu veux que je recontacte ton pédopsy ? ça avait marché la dernière fois.
- Non.
- Pourquoi ? On ne sait jamais, cela pourrait...
- Non je ne veux pas, trancha Sarah. Je crois que ce type ne m'a pas fait que du bien au fond.
Hélène semblait un peu déconcertée.
- Quelqu'un d'autre alors ? demanda-t-elle cherchant une solution.
Sarah reprit son couteau et se remit à couper des oignons, pour avoir une raison de pleurer.
- Je préfère attendre, voir si ça continue.
- Comme tu voudras, dit Hélène en se remettant elle aussi à cuisiner.
Hélène et Sarah restèrent dans la cuisine un long moment sans rompre le silence. Les deux songeaient à beaucoup de choses.
- Tu as dit quoi à Séraphine ? demanda finalement Sarah.
- Je lui ai dit que tu avais passé une mauvaise nuit, rien de plus. Mais je pense qu'elle a compris où je voulais en venir. Elle a grandi en t'entendant pleurer souvent la nuit, et je pense qu'elle se doutait de quelque chose.
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Les Passeurs du Temps
FantasíaSarah est en seconde. Elle vit avec sa mère, sa grande sœur et son petit frère. Elle n'a pas de père. Jusqu'à présent, sa vie est on ne peut plus normale, mais bon ça va changer quoi... comme dans toutes les histoires de ce genre. ...