Les Passeurs du Temps

Chapitre 15 : Gridaalbane

Le visage de Casimol paru soudainement se décomposer. Et quand il sembla retrouver un semblant de contenance en lui répondant « Je ne vous permets pas de m'appeler par mon prénom Mademoiselle Kairos. » elle brandit sa montre sous son regard stupéfait, non sans fierté. 

— Qu'est-ce que cela faisait chez moi ? déclara-t-elle avec assurance. Son cœur battait la chamade, comme avant un exposé oral.

La stupeur du vieil homme ne tarda à pas à se fondre en satisfaction. Il quitta la montre des yeux pour lever vers Sarah son sourire malicieux.

— Je me demandais quand tu viendrais me voir, Sarah.

— Vous êtes donc un Géboïte ? s'enquit Sarah avec précipitation.

— S'il te plaît, dit 'Passeur'. Il n'y a qu'Elvire pour utiliser ce terme archaïque...répondit-il en levant les yeux au ciel.

Il se leva, se dirigea vers la porte de la salle et y mit un tour de clef.

— Oui, je suis un Passeur, confirma-t-il en marchant de nouveau vers sa paillasse. D'ailleurs tu me pardonneras, j'espère, pour le petit tour que je t'ai joué pendant ta présentation orale ?

— Pardon ?

— J'avais besoin de savoir si tu avais avancé depuis ton premier arrêt pendant le contrôle, j'ai donc moi-même arrêté le Temps à la fin de la présentation de tes recherches. Mais aux vues de ton monologue paniqué et de tes applaudissements hasardeux, j'ai compris que tu n'y étais pas tout à fait.

La scène revenait à Sarah au fur et à mesure que Casimol parlait. Elle le fusilla du regard.

— Certes, peut être pas la meilleure nouvelle pour commencer cette discussion.

— Cette discussion ? Mais je dois aller en cours de Français, Monsieur.

— Oh ! s'exclama Archimède en levant les yeux au ciel et en fouettant l'air devant lui d'une main nonchalante. Tu seras excusée de ton absence, ne t'en fais pas. En attendant, nous avons à parler...

Sarah fut agréablement surprise de la rapidité avec laquelle son professeur entrait dans le vif du sujet.

— Apparemment nous avons un passé commun... essaya Sarah avec une façade amusée dépeinte sur son visage, alors que réellement, elle suait presque autant que pendant ses entrainements de boxe.

— Ce n'est pas peu de le dire... Que sais-tu pour l'instant ?

— Tout ce que je sais sur... tout cette histoire, dit-elle avec un geste véhément, c'est Elvire qui me l'a dit. Et ma grand-mère.

— Que t'a dit Irène ? demanda Archimède plus sérieux.

— Euh... ce que nous sommes, balbutia Sarah, prise de court. Qu'il y avait une autre Terre ou tous nos semblables étaient coincés. Elle m'a montré la marque que nous avions tous...et m'a demandé de ne plus utiliser mon pouvoir.

— Écoute toi parler, déjà une Passeuse assumée.

Il semblait plus ému qu'il ne le laissait paraître. Sarah était troublée par ce passé oublié qui semblait si présent dans le regard de son professeur.

— Que m'est-il arrivé ?

Un silence suivit. Archimède attendait. Trop de questions fusaient encore sous ses boucles.

— Pourquoi suis-je plus jeune qu'Elvire si j'étais bien vivante à sa naissance ? Est-ce que j'ai toujours eu ce pouvoir en moi ? Et pourquoi ne dois-je plus l'utiliser ?

— Tu y vas fort, la coupa finalement le vieil homme, on va commencer avec ta première question si tu le veux bien. Ce qui t'est arrivé pour que tu sois plus jeune. Comme te l'a dit Elvire, tu étais bien une jeune femme quand elle est née.