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Média: Suga.

27 décembre 2009,01h,Paris, Suga.
Je me réveille en sursaut et accoure à la salle de bain. Je m'abaisse au niveau des toilettes et crache tout ce que j'avais dans le ventre, entre autre, rien. Ken tapait contre la porte.
-Suga ? Ouvre bébé.
Je m'assois contre la porte.
-Bébé, ouvre. Je me relève et passe de l'eau sur mon visage, je brosse vite fait mes dents et ouvre la porte. Ken m'attire contre son torse en caressant mes cheveux. Il m'amène jusqu'au lit , je m'allonge et il m'apporte un gant mouillé et une bassine, croyez pas c'est un canard ou quoi, c'est juste qu'il a pas envie que je vomisse sur son lit et qu'il doive nettoyer. Il embrasse ma tempe et éteins la lumière. Il pose un bras sur mon ventre et s'endort.

27 décembre 2015, 10h, Paris, Suga.

Je fais les quatre cents pas dans ma chambre. Elif rigolait derrière l'écran, je l'avais appelée pour m'aider à trouver une tenue pour l'entretien. Je jette mon ensemble noir sur le lit et enfile une combinaison rouge.
-Ça va ça tu crois ?
-T'es magnifique wesh, détend toi, t'as le potentiel Énes.
-C'est Victoria Secrets quand même, c'est pas n'importe quoi. Elle rit.
-J'vais te laisser, j'ai rendez-vous. Elle sourit.
-On en parlera quand je rentre, obligée Eli. Elle raccroche en m'envoyant un bisou. Je décide de me maquiller léger et de laisser mes cheveux détachés. Je vais à la cuisine, je prend une pomme et croque dedans en m'installant au balcon. Mon téléphone m'informe que j'ai un message. Je le prends et regarde.

-Réssoi ce soir, viens si tu veux. Moto 10:34.
-J'ai des plans sorreh bro. 10:35.
-Annule wesh, tu nous a pas vu pendant quasiment 4 ans, fais pas la keh. Moto 10:35
-C'est le boulot kho. 10:36
Le boulot, on y croit.
Pas de réponse. Je range mon iPhone dans mon sac et prend mes clés. Je sors de l'appartement et marche jusqu'à la station de métro la plus proche.

J'arrive devant l'appartement de Mo histoire de le voir un peu quand même. J'entre le digicode et monte. Je frappe à la porte qui s'ouvre non pas sur Mohamed.  Je ne reconnais pas la personne. Son visage est dissimulé par une casquette, seules des mèches blondes en dépassent. Il lève la tête et mon cœur se serre littéralement. Il écarquille les yeux. Je baisse la tête, pourquoi j'ai pas réfléchis avant de venir jusqu'ici ? Il claque la porte, je sursaute. Les larmes me montent, j'essaye de les chasser en vain, je fais demi tour et descend les escaliers rapidement.

-Wesh Suga ! Mekra me tend son poing pour le cheker mais le baisse rapidement. Tu pleures ? Il semble réfléchir quelques secondes. Oh merde, Ken.
Il me bafouille quelque chose d'incompréhensible et monte les escaliers quatre à quatre. Je reprend le métro sous le regard des gens qui me reconnaissent, pour certains, et d'autres qui me regardent avec pitié à cause des larmes sur mes joues et mon maquillage complètement foutu. Je soupire et regarde l'heure, 11:47, encore 10 minutes de métro, 1 heure pour me remaquiller ça devrait se jouer.

J'entre dans l'appartement en priant pour que personne ne soit là, j'arrive dans ma chambre et recommence mon maquillage simple en rajoutant des faux-cils. L'interphone sonne. J'ouvre et réajuste ma combi en attendant que Benji monte. Il frappe à la porte.

-Waouh. Énes, t'es superbe. Je lui souris et on se met en route. On s'arrête sur une terrasse d'un restaurant pas loin du lieu de rendez-vous. On commande et on mange en quatrième vitesse pour ne pas arriver en retard.
-Écoute Énes, essaye de rester focus sur ce que dit le patron d'accord ? Tu te plies aux exigences mais pas de trop, il faut savoir refuser même si l'offre peut racheter tout le pays. Et n'oublies pas, on respecte les termes du contrat que si ils te conviennent.
J'hoche la tête, à force, je connais son speech par coeur.  Il pose sa main dans mon dos et me fait un sourire qui se veut rassurant, je vous avoue que je suis légèrement -énormément- angoissée. C'est la première fois que j'ai une éventuelle chance de devenir une égérie réputée. La secrétaire nous fait comprendre que c'est à notre tour. Je regarde la fille qui vient de sortir, elle est en pleur, elle est beaucoup plus jolie que moi, mon angoisse double, je tripote mon collier qui ne quitte jamais mon cou. Benji me lance un regard noir et je me stoppe.

-Le directeur va vous recevoir dans un instant, vous voulez boire quelque chose ?
-Une eau pétillante, s'il vous plaît.
Elle apporte mon breuvage et repart à l'accueil des bureaux. Je regarde les alentours du bureau, des cadres remplis des anges de leur marque y sont affichés. Elles sont toutes plus belles les unes que les autres, je n'ai pas ma place ici. Le patron arrive dans la pièce, il me serre la main et celle de mon agent. Il s'assoit face à nous et sort un dossier à mon nom.
-Mademoiselle Collins, j'ai passé en revue votre dossier, vous avez du potentiel mais, jusqu'à présent vous n'avez été égérie que pour des petites enseignes, hormis Vogue, mais si je suis à jour vous n'avez pas encore shooté la bas, j'aurais besoin de fixer un shooting photo avec vous pour voir comment vous vous en tirez, je déciderais là-bas si je vous veux ou si je ne vous veux pas.
Il croise ses jambes sur le bureau en faisant glisser le dossier. Benji l'ouvre en passe en revue tout les termes du contrat et moi avec.

-C'est d'accord, j'accepte. Je souris à pleine dents, à en avoir mal aux joues.
-Je vous recontacterais pour le shooting.

On sort de l'immeuble, je saute littéralement au cou de Benji.
-T'es le meilleur !
Il sourit et monte dans la voiture pour me ramener chez moi. Je descend en le remerciant encore un milion de fois et envoie un message à ma meilleure amie.

-J'ai un rendez vous pour un shooting chez Victoria Secrets ! Elif, j'ai presque réussi ! 17:00
-Oh mon dieu, j'ai pas les mots, j'suis fière de toi wesh. Elicoptere, 17:00

Je ne répond pas et échange mes talons qui me font un mal fou et ma combinaison pour un jogging et une brassière. Je me démaquille, attache mes cheveux et me cale dans mon lit avec mon Mac et du chocolat. Mon téléphone vibre ce qui attire mon attention.

-Faut qu'on parle. +33 7 56 89 34, 17:30
- T'es qui ? 17:31
-Ken. +33 7 56 89 34, 17:31

Je ne répond pas et me met à cogiter sur la façon dont il a obtenu mon numéro de portable. J'imagine qu'il a du faire du chantage à Antoine pour obtenir l'objet de sa convoitise.

Risibles amours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant