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(J'espère qu'il s'est publié parce que le wifi du train va à moitié 😭)

11 mars 2016, 07:00, Paris, Suga.

-Tu vas le voir ?
-Oui, j'attache mes cheveux en queue de cheval.
-Pourquoi aussi tôt ?
-Il repart pour Los Angeles dans quatre heures.

Je me retourne et me retrouve collée contre son torse. Ses yeux marrons fixent mes lèvres qu'il embrasse sans attendre, ses mains sur mon ventre embrase mon corps.

-J'y vais, je me décale à contrecœur.

Je monte dans ma voiture et démarre rapidement pour rejoindre l'appartement de Clément.

Mes mains sont moites, mon coeur s'emballe, j'ai envie de faire demi tour mais me retrouve déjà face à la porte.

J'insère le jeu de clés dans la porte avant d'entrer, la gorge serrée et l'estomac noué.

-Clément ?

J'enjambe les valises entreposées dans l'entrée, je l'appelle de nouveau, sans réponse.

-Clém, je le secoue.
-Quoi ?
-Faut qu'on parle, je lui dis.

Il émerge du lit, les yeux mi-clos, il frotte son visage avec ses mains.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

Il me prend la main, j'émets un mouvement de recul pour me remettre debout.

-J'ai réfléchi, je commence.
-Moi aussi bébé, j'peux pas prendre le risque de te perdre, je serais plus présent dorénavant, il sourit.
-Clément.. j'veux qu'on arrête.

Il perd son sourire, il se lève pour s'approcher de moi.

-C'est sûrement le stress qui te fait dire ça, t'as peur c'est normal, si c'est à cause du mariage on peut reculer la date..

-C'est pas ça, c'est Ken, je le coupe.
-Qu'est-ce qu'il a avoir ? Il fronce les sourcils.

-Je.. j'l'aime toujours. J'pourrais jamais arrêter de l'aimer et j'en suis désolée. J'aurais pu passer au dessus de ça mais..

-Chérie, c'est ton premier amour c'est normal que tu ressentes ça, mais j'suis là pour te le faire oublier maintenant.

-J'suis enceinte Clément. Et je sais que c'est impossible qu'il soit de toi.
-Pardon ?
-T'étais jamais là pour moi, t'étais toujours au travail ou en voyage, c'est arrivé comme ça, j'suis vraiment désolée, j'm'en suis voulu.
-Et pourquoi ce serait le sien ?
-Ça fait plus d'un mois qu'on a rien fait toi et moi, et ça fait que trois semaines.

Il frappe dans le mur derrière lui, il me fixe mais je baisse les yeux, n'ayant aucune envie de voir son regard brisé.

-À chaque fois que j'étais pas là, c'était pour toi, il se met à crier, j'me suis démené pour te trouver des putains de contrats, sans moi tu serais nulle part.

-Je ne te dois rien ! Et j'sais très bien que tu me trompes toi aussi ! Elif t'as vu avec une autre femme !

-Tu me dois rien ? Rappelle moi qui t'as mis en relation avec Benjamin ? Aucune enseigne ne se serait arrêtée sur toi. Et si elle m'a vu avec une autre, c'est parce que j'organisais des trucs pour le mariage de mon côté !

-Benji ne s'est pas arrêté sur moi parce que tu l'as mis sur le coup, il a vu un vrai potentiel en moi, contrairement à toi.

-Tu crois qu'il te trouve attrayante ? Si t'es si populaire c'est parce que j'y mets des parts.

-Dans l'histoire, j'arrive même pas à avoir de peine pour toi, tu te servais de moi pour te faire de l'argent ? Est-ce que t'as au moins été amoureux de moi ?

Il pince ses lèvres, son silence en dit long sur la réponse, je ferme les yeux tout en expirant.
Je pose la clé de l'immeuble sur le bureau, je récupère quelques-unes de mes affaires primaires avant de quitter cet endroit au plus vite.

J'essuie le coin de mes yeux, ma conscience m'interdit de pleurer pour lui, pourtant j'en ai envie.

Mine de rien, j'ai éprouvé des sentiments pour lui.

Je me suis donnée à lui, lui confiant des morceaux de moi, j'allais même lui offrir le reste de ma vie et pourquoi pas, un petit bout de vie, alors qu'il se faisait de l'argent sur mon dos.

J'ai la haine, contre lui, contre Benji.

Il faut que je l'appelle, je dégaine mon portable dans un angle de rue, Benji se laisse désiré mais fini par décrocher.

-Chérie ? Un problème ?
-T'es un putain d'enfoiré !
-Qu'est-ce qu'il te prend ? T'as bu ?
-J'sais pour Clément.
-Il a quoi Clément ?
-Oh fais pas comme si tu savais pas ! J'te faisais confiance putain Ben !
-Mais de quoi tu parles, il s'écrie.
-Pourquoi tu m'as pris sous ton aile ?

-On en a déjà parlé, t'es bourrée de talent.
-Ne me mens pas, s'il te plaît. Clément a quelque chose à voir là dedans ?
-Oui, oui, c'est grâce à lui que je t'ai repérée, pourquoi ?
-Est-ce qu'il t'a payé ?

Il soupire et mon visage se crispe, j'essaye de garder les yeux ouvert afin de garder la vue sur  la route.

-Tu veux pas qu'on en parle plus tard ?
-Non. Tu me le dis maintenant.
-Il me payait, mais j'ai refusé quand j'ai vu ton talent.
-Tu croyais pas en moi.
-Chérie,..
-Non. J'ai pas besoin de tes excuses.
-On se voit demain, on en parlera.
-Pas la peine de venir, t'es viré.

Je raccroche et balance mon portable sous le siège.

Je me gare devant chez Ken, je monte et entre. Je me dirige vers sa chambre, il n'est pas là, je m'assois sur le lit et me surprend à pleurer.

Pas de la déception, je ne suis jamais déçue puisque je ne m'attends à rien, juste de la douleur et de la tristesse d'avoir été utilisée sans prendre en considération le fait que j'ai des sentiments.

11 mars 2010, 22:00, Paris, Ken.

-T'es là, je soupire en la voyant assise sur le toit.

Elle balance un peu plus ses pieds au dessus du vide, une fumée blanche émane de son souffle glaçon, l'obscurité de la nuit cachait une bonne partie de son visage et pourtant, elle a beau être aussi givrée qu'un matin d'hiver, elle rayonnait comme l'astre solaire.

-Laisse moi tranquille, elle souffle.
-J'voulais pas t'énerver.
-Raté.
-Si tu veux j'y vais pas.
-J'veux pas t'empêcher de faire ce que t'aimes.
-Y auras d'autres occasions ici, je renchéris.

Elle pose ses deux pieds sur la terre ferme, puis elle avance vers moi, marchant sur le fil de feu qui réchauffe mon corps.

-On se retrouvera, pas vrai Ken ?
-On se retrouvera, j'reviendrai toujours pour toi.

Risibles amours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant