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25 février 2016, 22:00, Paris, Ken.

Je check Sneaz et Deen et pénètre dans mon immeuble, j'appelle l'ascenseur et monte à mon étage.

-Qu'est-ce que tu fais là ?
-J'ai besoin de toi.

Ses yeux sont rougis, mais je ne sais pas si c'est dû à des pleurs ou des joints. J'ouvre la porte et elle me suit à l'intérieur, elle enroule ses bras autour de moi et pose sa tête contre mon torse spontanément. Je la sens trembler, ça ne fait aucuns doutes, ses yeux sont rouges à cause de ses pleurs.

-Eh, je me recule pour la regarder, pourquoi tu pleures ?
-Il se sert de notre bébé contre moi, elle passe sa main sur sa joue.
-Quel bébé ? Je fronce les sourcils.
-Celui..celui qu'on a perdu.
-Pourquoi il se sert de ça contre toi ?
-Parce que j'lui ai dit que je voulais pas fonder une famille maintenant, que j'suis pas prête, et il m'a dit que pourtant j'y étais prête avec toi..
-On avait pas trop pris la décision, j'essaye de la rassurer, c'était pas voulu.
-J'peux rester ici ?
-J'crois pas que ce soit une bonne idée.
-S'il te plaît, j'ai envie d'être avec toi.

J'hoche la tête, elle se recule et essuie ses yeux.

-Tu me manques, elle m'avoue.
-Tu me manques aussi.
-J'voudrais revenir en arrière, j'partirais plus.
-Penses pas au passé, ça sert à rien, tu le changeras plus.

25 fevrier 2011, 18:00, Paris, Suga.

Je range mes dernières affaires dans mon sac de sport, puis, je sors de l'appartement. Je laisse mes clés sous le paillasson, et par inadvertance, mon coeur s'y est déposé lui aussi. Je descend les escaliers et quitte l'immeuble.

Je me gare devant chez Elif, je monte à son appartement, sa mère m'ouvre, toujours le même sourire aux lèvres.

-Je peux rester quelques jours ?
-C'est quoi cette question ! Bien sûr que oui, elle s'exclame, Elif, elle hurle.

La brunette arrive en se plaignant dans le salon.

-Râles pas quand je t'appelle ! Elle lui lance sa sandale qu'elle évite de justesse.

Elle lève les yeux au ciel et retourne à son feuilleton. Je suis Elif à travers le petit vingt mètres carré pour arriver à sa chambre.

-Bon, il a fait quoi encore ?
-Il m'a encore trompée.
-C'est quoi son problème ? C'est le premier à chialer quand tu t'en va mais c'est lui qui te fais fuir.
-C'était y a un an, j'l'ai découvert hier.
-Susu, j'sais que tu l'aimes plus que tout, mais tu te fais plus de mal qu'autre chose en retournant vers lui à chaque fois.
-J'sais Eli.. je prend mon inspiration, mais c'est différent, j'vais être obligée de le revoir, j'suis enceinte.

Elle écarquille les yeux et finis par s'asseoir sur le lit.

-Depuis quand ? Il le sait ?
-Plus de trois mois, ouais, on le sait depuis un peu plus d'un mois, t'es la seule qui le sait.
-J'sais pas si je dois te féliciter, t'en veux ?
-Oui. J'crois que oui.
-Dans ce cas, ça change tout. Pourquoi est-ce que vous avez une relation si compliquée, elle se plaint, va le voir et parlez, t'as besoin d'être avec lui.

26 février 2016, 00:00, Paris, Suga.

Ken a insisté pour qu'on sorte, il m'a emmenée  dans un restaurant japonais que je connais bien, c'est celui de notre premier rendez-vous, puis, il m'a traînée sur les quais de Seine.

Mes pieds se balancent au dessus du cours d'eau, ma tête repose sur son épaule, le vent est doux pour une nuit hivernale.

-J'me souviens quand tu m'as jeté dans la Seine, à chaque fois que j'viens ici, j'ai cette scène qui se joue en boucle.
-Tu l'avais amplement mérité.
-T'étais quand même sacrément tarée, un plein mois de février. Il devait faire genre, moins cinq degrés ?
-Ça va, t'es pas ressorti congelé.
-Non, mais l'eau était archi pas tempérée.
-C'est la meilleure soirée que j'ai passée.
-Viens, on va continuer de marcher.

Il enlace sa main dans la mienne, je ressens une légère décharge électrique qui s'est permise d'alimenter mon coeur pendant un court instant.

-Pourquoi t'es venue me voir ? J'veux dire, pourquoi pas Eli ?
-J'en sais rien, j'avais besoin d'être avec toi. Tu me connais mieux que n'importe qui.
-Encore heureux, au bout de trois ans. Raconte moi c'qui s'est passé ce soir, j'sais que t'en as besoin.

Je mord ma lèvre, j'ai pas envie de parler de Clément mais il a raison, plutôt que de me torturer l'esprit, j'ai besoin de me confier à lui.

-Y a quelques jours il a câblé parce qu'on est souvent vus toi et moi, il pense que c'est juste pour la pub donc il veut que j'arrête le Mannequinnat, comme ça on aurait plus eu besoin d'être vus. Et j'l'ui ai dit que j'avais pas besoin d'un père de substitution qui me dise qui fréquenter, que si c'était ce que je voulais je serais jamais partie de la maison, alors j'lui ai tout raconté, sans t'oublier et sans oublier la partie avec le bébé. Hier, on a parlé, il veut avancer le mariage, puis il veut fonder une famille, et j'lui ai dit que j'étais pas d'accord, ça fait au moins la quatrième fois qu'il en parle alors il m'a ressorti mon passé, je baisse la tête et Ken appuie légèrement sur ma main, j'pensais pas qu'il serait capable de l'utiliser contre moi.

-J'ai envie de lui niquer sa mère, il souffle.
-Laisse tomber.
-Mais c'est quel genre de fils de pute encore, ton Clément là ?
-Faut croire que j'les attire.
-Aha, j'ai presque ris. J'ai jamais été aussi chien avec toi.
-Ah bah non, toutes les fois où t'es allé voir ailleurs c'était pas de la fils de puterie par excellence, je roule des yeux.
-Ouais j'avoue, ça m'faisait flipper d'être en couple, en vrai.
-Alors pourquoi tu t'es mis avec moi ?
-Parce que j'étais amoureux de toi. J'le suis toujours, j'pense.
-Ken.. t'as pas le droit d'être amoureux de moi.
-Suga.. t'as pas le droit de me faire retomber amoureux de toi.
-J'ai envie de t'embrasser, je lui avoue.
-Bah, fais le.

On s'arrête de marcher, je me retourne vers lui, il arbore son sourire en coin que je ne connais que trop bien, il me rend dingue. Sa main se glisse sur ma hanche et l'autre dans le bas de mon dos, les miennes font une alternance entre sa nuque et ses cheveux attachés. Il penche sa tête vers moi, puis il pose ses lèvres sur les miennes.

Un simple baiser chaste, en contradiction avec mes pensées.

-On aurait jamais dû arrêter, je lui confie.
-On pourrait tout recommencer, il me répond.
-On pourrait.

Risibles amours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant