Avant Suga.

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22 décembre 2008, 14:20, Paris, Ken.

-20 balles.

Je sors un billet de 20 de ma poche et prend le sachet de beuh en échange. Je descend la visière de ma casquette et fourre le pochon dans ma poche. Mo est contre le mur, devant la ruelle.

-C'est bon ?
-Ouais tranquille, je répond.

On monte dans le métro après avoir marcher cinq minutes. Je repère une meuf assez belle, elle est grande, cheveux marrons, elle porte un t-shirt DBZ et un jean. Elle est accompagnée par deux filles, c'est pas trop ma came, l'une est plus petite qu'elle, elle a le teint métisse, des taches de rousseurs sur les joues mais elle est habillée comme une pute. Et l'autre c'est plus le style de Sneaz. D'ailleurs, il me donne un coup de coude ce qui me fait relever la tête. Elle descend du trom'. Ça tombe bien j'aurais aimé connaître sa station. Elle se retourne vers moi, mais quand elle voit que je reste passif,elle continue sa route.

-Si tu veux, elles parlaient d'une réssoi, on pourra s'incruster, me dit mon meilleur ami.
-Ça fait gros timbré, je lui répond.
-Steuplait, en plus sa pote c'est grave mon genre de go.
-Ouais ok. Mais genre pas longtemps pour pas faire relou.

Je termine mon chemin à pied, Sneaz habite une station plus loin. J'arrive devant mon immeuble, j'écrase mon joint sous ma semelle et prend un chewing-gum qui me laisse un arrière goût de cendres. Je monte chez moi et déverrouille la porte. Y a personne à l'horizon, comme d'habitude. Ma mère travaille sûrement et ma sœur est sûrement encore au lycée. Je souffle et pose mes clés sur le meuble à l'entrée. Je marche jusque ma chambre et attrape un crayon. Je sors mon cahier de texte et l'ouvre sur sa dernière page, je devrais m'en racheter un, je mordille le crayon à papier avant de le laisser glisser sur la surface blanche du carnet qui ne sut tarder à devenir grisée.

Je m'arrête d'écrire, plutôt fier de moi je dois avouer. Ma tête bouge en rythme sur l'instru qui passe dans mes écouteurs. Je jette un coup d'œil à mon portable qui s'est illuminé. Je répond négatif à l'invitation d'un de mes plans. J'ai pas l'esprit à aller ken avec elle. Je sors mon pochon de ma veste et commence une roulée. Je passe mon dernier coup de langue et ouvre la fenêtre. Je prend appui dessus et laisse la fumée extraire mes pensées. Paris est encore triste, le ciel pleure. Je crache ma dernière taff et ferme les yeux quelques secondes. Je referme la fenêtre et attrape la casquette qui jonchait sur le sol. Je la visse sur mon crâne et quitte l'appartement.

J'atteins rapidement l'immeuble de mon plan, après réflexion, j'ai bien envie de me faire plaisir. Je monte les trois étages quatre à quatre et frappe à sa porte. Deux coups suffisent pour qu'elle m'ouvre.

-Je savais que tu viendrais, elle me dit en me tirant à l'intérieur.

L'échange de mots s'est arrêté là contrairement à notre échange langoureux.

22 décembre 2008, 22:00, Paris, Ken.

Le métro est presque vide à cette heure ci. Sneaz m'accompagne pas, finalement, il est branché sur un plan avec Jazzy. Il m'a filé l'adresse qu'il avait capté dans le métro. Je m'arrête à la station Trocadéro. Je marche une vingtaine de minutes avant d'atterrir devant un immense bâtiment. J'entre et prend l'ascenseur jusqu'au quatrième. À mon avis, ça doit être une gosse de che-ri, je rentre dans l'appartement indiqué. Les gens se bousculent tous, leur verres d'alcool dans les mains, certains fument des joints. Je la cherche du regard mais impossible de la trouver. Une de ses amies est debout sur la table en train de danser, c'est celle du métro. Je suis tenté d'aller lui demander mais elle va me prendre pour un psychopathe. J'sais même pas pourquoi j'suis venu, en vrai. Je m'allume mon énième joint de la journée et m'isole dans un coin du salon, je balaie toujours la pièce des yeux, sans résultats. Je souffle et baisse un peu plus la visière de ma casquette quand elle entre dans la pièce. Elle approche de son amie qui danse, elle tente de la faire descendre mais s'écarte finalement avec ses deux autres amies. Elle pose son regard sur moi, je baisse la tête sans pour autant la perdre de vue. Ses deux potes se retournent sur moi et se mettent à me détailler.

Eh merde, elle approche, elle est presque à ma hauteur mais Dieu merci, quelqu'un la retient. J'en profite pour quitter la soirée, je descends par les escaliers, on sait jamais qu'elle aurait eu l'idée de me suivre, l'ascenseur aurait été trop long. J'atterris dans la rue déserte, je fourre mes mains dans mes poches après avoir rabattu ma capuche sur ma casquette. Je sors bien vite mes mains de mes poches et extirpe mon iPhone, je mets le dictaphone en marche et commence à fredonner.


En face d'une reine j'aimerais m'asseoir sur c'trône. J'aimerais connaître sa station de trom'. Mèche de cheveux derrière l'oreille. Mais je te veux et je t'aurais. Je la déshabille du regard. Je ne lâcherais pas même si tu me recales. Et la tu te retournes vers moi quand tu descends mais quand tu vois que je reste passif tu repars. C'est loin d'être le premier défi qu'on te lance. J'suis fautif mais il faut dire que ta douceur décontenance. Tout seul j'ai perdu tout sens des convenances. D'où sors-tu ? Ta douceur tue. D'où sors-tu ? Ta douceur tue. D'où sors-tu ? Ta douceur tue. D'où sors-tu ta douceur ?

Il y a plus d'un homme qui tuerait pour toi.

Il y a plus d'un homme qui tuerait pour toi.

Il y a plus d'un homme qui tuerait pour toi.

Il y a plus d'un homme qui tuerait pour toi.

Il y a plus d'un homme qui tuerait pour toi.

Il y a plus d'un homme qui tuerait pour toi.

Il y a plus d'un homme qui tuerait pour toi.

Il y a plus d'un homme qui tuerait pour toi

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A partir de maintenant je vais reprendre un rythme de post régulier.

Merci de me lire, mine de rien, ça me fait plaisir.

💜 Judy

Risibles amours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant