Risibles amours.

31 décembre 2015.

KEN.

Je fixe chacun de ses mouvements, je sais que je suis en train de la rendre folle intérieurement, même si elle ne se l'avoue pas. Elle n'a jamais aimé me voir avec quelqu'un d'autre, même quand on était plus ensemble. Elle pose son portable sur la table, la blonde sur mes genoux se dandine, elle a sûrement envie de bouger et d'aller baiser mais pas moi, je préfère rester là, à la regarder. Aujourd'hui ça fait sept ans. Je sais qu'elle y pense, elle aussi, je l'espère du moins. La sonnerie de la porte interrompt mes pensées, Suga se lève et va ouvrir, pourtant aucun des gars ne manque à l'appel. Elle revient dans la pièce avec un gars, il est un peu plus petit qu'elle parce qu'elle porte des talons. Elle l'entraîne dans la pièce, c'est peut être son agent.

-C'est qui ? Mohamed la questionne.
-Clément, elle répond, c'est mon copain.

Il n'était absolument pas dans mes scénarios, j'dois revoir mon plan, essayer de la coincer, seule. Le brun salue la pièce, il s'installe à côté d'elle et lui prend la main. Je me lève de table pour aller fumer un joint. Je m'assois par terre, les pieds dans le vide à défaut de le faire dans ma tête. Je tire sur ma roulée et recrache la fumée, mes yeux se perdent dans le ciel étoilé, le vent me fouette le visage, la porte s'ouvre sur elle, elle me regarde.

-Désolée, je savais pas que t'étais là, elle me dit.

Je la regarde puis recrache ma fumée.

-Y a de la place pour deux, je me contente de souffler.

Elle s'assoit à mes côtés, sort une cigarette et la porte à sa bouche.

-T'es avec elle ? Elle questionne.
-Non, je lui avoue, c'est une meuf comme ça.

Elle ne dit rien, le vent qui frappe les volets empêche le silence total.

-Je sais que je me suis déjà excusée de centaines de fois, voir des milliers mais j'en ai encore besoin, du moins ce soir. Je suis désolée, Ken. Ses yeux laissent échapper une larme, puis deux. J'ai jamais voulu ça.

-T'as pas à t'excuser, j'suis désolé, moi aussi, mais c'est pas de ta faute, t'y es pour rien, j'ai arrêté de t'en vouloir depuis un moment.

Elle souffle et essuie ses joues du revers de son pull.

-Y avait quelque chose de spécial entre nous, c'est mon plus grand regret, de t'avoir laisser partir, je confie.

-C'est mon plus grand regret, d'être partie, elle m'avoue.

-Ah tu es là, tu viens, j'ai quelque chose à te dire, Clément intervient.

Elle saisit sa main et fausse un sourire.

-Oui, laisse moi une seconde.

Il hoche la tête avant de l'embrasser et rentre.

-Sept ans, elle lance avant de rentrer.

Je soupire et termine mon premier joint avant de sortir mon deuxième.

-Sept ans, je répète pour moi même, sept putain d'années.

SUGA.

Je colle un sourire sur mon visage et rejoins Clément, il me prend la main et m'emmène à l'écart des garçons.

-J'ai un poste ici, sur Paris.
-C'est pour ça que t'es pas resté à Nice ? Je demande.
-Oui, ils m'ont dit que ça servait à rien que je reste là-bas puisque je dois aller voir la boite dès la reprise.
-Donc on va encore déménager ? Je me plains.
-Désolée mon coeur, il embrasse ma tempe et retourne dans le salon.