GAV (Bonus 2)

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17 février 2009, 02:00, Paris, Ken.

Je lui renvoie un message pour être sur de ne pas m'être tapé 12 stations de métro pour rien.

-Mais oui, envoie un message quand t'es là j'irais ouvrir. Suga, 02:01.

-J'suis là. 02:10.

La lumière s'allume et la porte s'ouvre.

-Fais pas de bruit, j'vais chercher mes chaussures, elle me dit.

J'entre dans la petite entrée, elle réapparaît quelques minutes plus tard, des tennis à la main. Elle les enfile et on sort rapidement du bâtiment.

-On va où ?
-Chez oim, je soupire.

On marche côte à côte, silencieusement. On fraude le métro et reprenons la rame dans le sens inverse de ma venue.

-Tu sais que je connais toujours presque rien de toi, je lui dis.
-Tu connais mon nom, mon adresse, mon coeur, mes amies, tu veux quoi de plus ?
-J'sais toujours pas t'as quel âge, ça se trouve c'est illégal de sortir avec toi.
-Oh, elle lève les yeux au ciel, j'ai seize ans, j'pensais que tu le savais, depuis le temps.
-On se connaît depuis 2 mois, j'te signale.
-J'sais pas, t'aurais pu demander à Elif ou Gab.

J'hausse les épaules. On arrive à ma station, on marche encore une dizaine de minutes puis on arrive enfin devant chez moi.

-Fais pas gaffe, y a des feuilles toutpar.
-J'avais oublié, monsieur le rappeur.

Elle passe son pull par dessus sa tête, la laissant uniquement en top qui laissait apercevoir son décolleté. Elle sort un petit pochon de sa veste et le pose sur la table.

-Ça te dérange si j'fume ?
-Seulement si tu partages pas, je répond.

Elle sourit et commence à rouler, elle me tend la vogue qu'elle vient de terminer. J'attrape le briquet posé sur le coin de la table et allume le joint fin.

-T'as pas envie de sortir, genre d'aller se poser quelque part dehors ? J'ai envie de m'amuser c'soir.
-J'connais un endroit grave beau la nuit, on peut y aller.

Elle se relève et attrape sa parka grise. On se met en route mais Suga s'arrête devant un magasin.

-Vas-y, j'veux acheter des bombes de peinture.

Je la suis à l'intérieur du magasin, on achète quelques paquets de bonbons et deux trois 'teilles en plus de la peinture.

-Tu comptes tagger ?
-Mon psy m'a dit d'exprimer mon inspiration, elle me dit.
-Tu vois un psy ?
-Oui, j'suis pas folle hein, ça rassure juste ma mère. Elle croit que parler à un étranger quatre heures semaines réussiront à la remplacer.
-Elle pense que t'as des problèmes ? J'escalade un muret et aide Suga à faire de même.
-J'dirais pas que j'en ai pas, mais elle pense que j'en ai plus que ça.

On arrive enfin devant le vieux théâtre, je force la porte et y entre, Suga me suit toujours. J'éclaire l'immense salle avec le flash de mon portable, on monte au dernier étage avant de monter sur le toit. La vue est toujours aussi magnifique. Je m'assois contre le mur et attrape la bouteille de Vodka, je prend quelque gorgées qui me piquent la gorge, puis Suga boit à son tour. Je sors un joint de ma poche, autant se mettre bien, je tire quelques taffes et le lui donne.

Elle attrape une bombe de peinture et graffe le mur derrière nous.

"K&S"

J'suis totalement pété et je crois bien que Su aussi, elle est à moitié nue, assise sur moi, mes lèvres se détachent parfois des siennes pour embrasser son cou et son décolleté. Ses mains se baladent sur mon torse, elle se recule légèrement de moi, son front contre le mien.

-Pourquoi t'as voulu coucher avec moi ?
-Tu te poses vraiment la question ? Il suffit de te regarder !
-J'peux pas me regarder.. j'm'aime pas.
-Alors je t'aimerais pour deux.

On a même pas le temps de reprendre notre activité qu'une lampe torche croise mon regard. Suga relève rapidement son t-shirt.

Un des agents nous passe les menottes et nous pousse à l'intérieur.

-On va devoir vous emmener.

19 février 2009, 04:00, Paris, Suga.

-C'est pas comme ça que j'imaginais ce moment, je ris.

Mes esprits reviennent peu à peu, ma tête me fait légèrement mal et j'ai signé mon arrêt de mort, quand mes parents vont apprendre que j'suis en gardav', c'est plus deux fois mais quatre fois par semaine qu'ils m'enverront voir le psychologue. Ken aussi semble avoir repris ses esprits.

-J'aurais pas dû te faire aller là, il souffle.
-T'inquiète, c'était parfait, j'regrette rien.
-Tu vas un peu plus regretter quand tes darons vont débarquer, il sourit faiblement.
-J'regretterai pas ce qui s'est passé, t'es fou toi, c'était la meilleure nuit de ma vie, je lui souris en retour.

Je pose ma tête sur son épaule, il fait de son possible pour me prendre la main malgré les anneaux de fer qui entourent nos poignets. Un des agents s'avancent vers la cellule qu'il ouvre.

-Vos parents sont là, il nous informe.

Il détache les menottes. Ken passe son bras autour de moi. L'agent nous raccompagne à l'entrée, le visage de ma mère est dur, mon père n'est pas avec elle et heureusement. Les parents de Ken, par contre n'ont pas l'air surpris. Je relâche la main de Ken et l'embrasse rapidement avant de rejoindre ma génitrice. Elle me lance un regard froid et ne parle pas jusqu'à la maison.

-Ton lycée a appelé, ça fait deux semaines que tu manques les cours, ensuite tu fugues en pleine nuit, qui plus est, avec un garçon, et je te retrouve en garde à vue ? Tu joues à quoi Énes ?

-Je sais, j'ai pas envie de perdre mon temps au lycée. Et Ken, si je t'avais dis que je sors avec lui tu m'aurais tuer. Tu vas me tuer d'ailleurs.
-Effectivement, tu ne le reverras plus, t'as vu où il t'a entraînée ? Depuis que tu le connais t'enchaines les conneries !
-Parce qu'il m'a fait réalisé que j'ai pas envie d'être enfermée dans le système ! J'veux vivre ma vie, j'ai pas envie de la passer enfermée dans un établissement où on te dicte qui être.

-Si tu veux tellement vivre ta vie, vis la, mais pas chez moi.

Je pousse un grognement et m'active dans ma chambre. Je prends mes affaires et les fourre dans des sacs de sport. Je claque la porte et marche jusqu'au métro, j'espère qu'ils ne sont pas tous passés.

Je tape le code, je prend l'ascenseur et arrive rapidement au deuxième. J'hésite avant de frapper, peut être qu'il dort ou peut être qu'il est chez ses parents.

-Suga ? T'es pas chez toi ?
-J'me suis tirée de chez moi.

J'avais envie de l'écrire, merci de réagir à ce que j'écris, ça me fait archi plaisir de voir que j'écris pas dans le vent...

💜Judy

Risibles amours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant