Les Maîtres Du Temps

LXVI. Face à face

Je relève la tête pour me retrouver face à Arthur. Sa main retombe sur ses genoux, arrêtant les caresses qu'il me faisait dans le dos.

"- Désolé de t'ennuyer avec mes problèmes... M'excusé-je."

- c'est aussi un peu les miens, donc je ne peux pas t'en vouloir."

Je tente de trouver un moyen de changer de sujet pour profiter le plus possible de mon ami, que je vois si peu.

" - On fait quoi maintenant ? Relancé-je.

- On peu manger un truc et ensuite descendre au parc derrière chez moi pour prendre un peu l'air.

- Bonne idée."

Il se lève du canapé pour rejoindre la petite cuisine. Je me lance à sa suite pour aller m'assoir sur le petit bar.

Je croise une jambe par dessus l'autre en le gardant s'agiter entre le frigidaire et le four.

"- Pizza ? Deviné-je.

- Ouai !"

Il laisse le four chauffer et s'arrête face à moi, mes genoux arrivant à la hauteur de son torse.

Nous nous regardons dans les yeux sans un mot, chacun plongé dans ses pensées ou dans la contemplation de l'autre.

Au bout d'un certain temps, Arthur pose ses mains sur mes cuisses et se rapproche légèrement de moi. Ma peau est envahie d'une multitude de frissons, alors que mon poul s'accélère à cause de ce contact imprévu.

"- ça me manque de ne plus te voir... Avoue-t-il avec douceur. "

Je ne sais pas vraiment comment réagir à ce comportement.
Mettre mes mains par dessus les siennes, ce qui reviendrait à accepter ce contact et qui sait ce qui se passera après ?

Ou alors le repousser gentillement, un froid s'installerait. Mais Arthur est un ami précieux, je ne veux pas mettre de distance entre nous.

Arthur est un ami. JUSTE un ami.

Je décide de ne pas bouger et d'attendre de voir comment se déroule la suite des évênements.

Son regard devient insistant.

" - à quoi tu penses ?

- et bien à toi...

- Comment ça ? Demande-t-il en fronçant les sourcils.

- Je ne sais pas quoi faire, mieux vaut t'oublier ou te voir plus ?

- Moi je veux te voir plus...

- je sais bien, mais mon avis compte aussi non ?"

Il ne répond pas à ma question et sa main remonte pour carresser doucement ma joue.

Ses yeux fixent mes lèvres avec intensité et gourmandise, alors que je ne cesse de me répéter le mot "amitié" en boucle dans mon esprit.

Heureusement le four se met à sonner et détourne l'attention d'Arthur. Celui-ci se dépêche de sortir la pizza, mettant ainsi un terme à ma panique mentale.

Nous partageons un repas dans la bonne humeur, accoudés de chaque coté du petit bar qui sépare la cuisine du salon. Nos sujets de discussions vont de bon train et je lui raconte en détail la soirée au Cor Saltum.

" - Impressionant... Dit-il l'air pensant. Mais Adrian aurait quand même pu être là pour toi."

Je pense qu'Adrian et Arthur ne se voit pas d'un bon oeil, se jalousant l'un l'autre.