Chapitre 16

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Et si une, ou des bêtes sauvages vivaient dans ces bois ? Ou je ne sais quelle monstre... Je devais être devenue complètement folle pour m'aventurer la nuit dans un lieu inconnu. Ses années passées à me gaver d'histoire d'horreur ne m'avait donc jamais rien apprises ?! Je devais vite retrouver Icare. Ni lui, ni moi, n'étions en sécurité ici. 

Plusieurs secondes plus tard, un cri strident retenti, suivi d'un craquement sourd. C'était le bruit d'un affrontement, ou d'un possible carnage. Je pouvais nettement entendre les gémissements d'agonie d'un animal qui étaient recouverts par les grognements, beaucoup plus rauques et grave de quelque chose d'autre. 

Je tournais la tête en direction de ce boucan et m'accroupis derrière une haie. Je voulais observer la scène, malgré ma peur grandissante. Je reconnus tout d'abord quatre petits sabots redressés en l'air. C'était un animal ressemblant beaucoup à une biche. Du moins de ce que je pouvais en voir. Elle semblait se débattre, mais une autre silhouette la retenait fermement au sol. Une silhouette que j'imaginais beaucoup plus grosse que ça. Mais quel genre d'animal cela pouvait être ? Je plissai les yeux par instinct, voulant identifier le deuxième animal. C'était peine perdue, il faisait beaucoup trop sombre et je n'avais pas pris ma fichue paire de lunettes. J'avais beaucoup de mal à l'apercevoir, je n'entendait que ses grognements, les grognements d'une bête affamée dévorant voracement un animal sans défense. La cime des arbres, qui bougeait beaucoup en raison du vent qui soufflait dans les alentours, laissa filtrer les rayons lunaires, éclairant davantage la scène qui s'offrait à moi. 

Et là, ce fut l'horreur. L'animal qui était penché sur la gorge de la biche n'en était pas un. NON !

C'était Icare. J'avais parfaitement reconnu son tee-shirt blanc crème dans lequel je l'avais vu quitter le camp. C'était LUI. J'en étais sûre. Un désagréable sentiment de peur me prit de court. Je me tournai dans la direction d'où j'étais venue. Je courais pour rentrer au campement et faire comme si je n'avais jamais rien vue de ma vie ! Comment un être humain normalement constitué, serait capable d'attraper et de tuer à mains nues une biche dans une pénombre comme celle-là ? C'était impossible. Il n'était pas humain. Je refusais de le comprendre, depuis le début... Son comportement froid et distant... Tout s'éclaircit en une fraction de seconde dans mon esprit... Enfin à moitié. J'étais venue a me demander si son secret était qu'il se nourrissait exclusivement d'animaux vivants. J'eu un haut le coeur rien que d'y penser... Pauvre petite biche !

Le son de ses horribles grognements me revinrent en mémoire. Ça devait être un cauchemar, oui, c'était ça, un cauchemar, duquel il fallait vite que je me réveille. Prise de panique j'accélérai le pas. Je courais maintenant à en perdre haleine. Je devais mettre le plus de distance possible entre moi et...Cette chose. Je n'avais même pas fait dix pas, qu'une rafale de vent me fit perdre l'équilibre au moment même où je voulus enjamber une grande pierre au sol. Le choc fut direct. Par chance, mon avant-bras venait de couvrir l'impact. Mais une vive douleur me lançait maintenant dans le bras, ainsi que dans la cheville. Je le portai à vue en me relevant et constatai une grande entaille, recouvrant la quasi-totalité de mon avant-bras. Du sang s'écoula alors hors de la plaie. C'était une coupure profonde, je le sentais bien, tout mon bras était endolori. Quant à ma cheville, impossible de la poser sur le sol sans ressentir une douleur insupportable. Comment pouvais-je me fouler la cheville dans un moment comme celui-ci ?! Je devais être damnée par les enfers !

Je me retournais afin de voir si Icare était toujours occupé sur la biche. HORREUR. Il n'était plus là. Je ne pouvais que distinguer le cadavre inerte de cet animal innocent, baignant dans une mare de sang. Son propre sang.

Florebo Quocumque Ferar TOME I ( Réécriture En Cours )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant