Chapitre 19

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J'ouvre les yeux, lentement, en grimaçant légèrement, mes yeux me brûlent affreusement comme si je n'avais pas dormi depuis trois jours. J'observe, silencieusement, l'endroit dans lequel je me trouve. Je découvre une chambre bleue avec une longue bande blanche, séparant le bleu en deux parties distinctes, je peux voir une fenêtre imposante à travers laquelle aucun rayon de soleil n'est visible. Le ciel est si noir dehors que j'ai l'impression qu'une tempête va s'abattre, je remarque une porte blanche juste à la limite de mon champ de vision. J'inspire une bouffée d'air frais, je sens comme une odeur de désinfectant dans toute la pièce, une odeur répugnante, je comprends que je suis dans une chambre d'hôpital, je ne savais pas qu'ils savaient qu'il y avait d'autres couleurs que le blanc, je pense en revoyant ses couloirs interminables aussi blancs que les nuages. Une lumière douce éclaire la sombre pièce, j'essaie de bouger chaque membre de mon corps, je suis tellement faible que ça me demande beaucoup d'efforts, je finis par renoncer en arrivant juste à bouger mes doigts de pieds au bout de cinq minutes. Je grimace en ressentant une douleur effroyable derrière la nuque en essayant de me redresser, je touche et sens quelque chose à la place de la blessure, comme un pansement. Je décide alors de rester couchée, je fixe le plafond en essayant de me remémorer ce qu'il s'est passé avant que je perde connaissance. Je revois comme des sortes de flashs, le bal, le loup-garou, ses griffes se planter dans ma nuque, l'affreuse sensation, la silhouette du loup blanc avant de m'évanouir. J'ai l'impression de revivre ça une deuxième fois, la douleur me lance à nouveau en repensant à tout, je ferme les yeux, ses visions me donnent mal à la tête et d'un seul coup quelque chose se passe, je ne peux pas savoir de quoi il s'agit mais je me sens bizarre.

- Vous pouvez entrer, elle est réveillée, dit une voix nette et féminine, en ouvrant la porte à quelques mètres de moi.
J'entends plusieurs bruits de pas se rapprocher de moi, je rouvre les yeux mais ne bouge pas, incapable de faire le moindre effort. Je vois une silhouette s'assoir à côté de moi, je reconnais cette odeur chaleureuse qui masque l'autre de la pièce.
- Gage..., je souffle avec une voix rauque.
Je tousse légèrement, regrettant d'avoir parler malgré ma gorge irritée.
- Hey, est-ce que tu te sens bien ?
Je tourne légèrement la tête et ignore sa question pour économiser ma voix.
- Ça fait... combien de temps... que je suis... rester évanouie ? je lui demande en regardant ses yeux verts, avec des petites lueurs de marron.
- Deux semaines, répond une autre voix que je n'arrive pas à reconnaître sur le coup.
- C'est Kai, m'éclaircit Gage en voyant mon interrogation.
- Ça fait deux semaines... que je suis... dans le... coma ?
- Que tu étais dans le coma, nuance, me coupe Kai en assistant sur le " étais ".
Je reste stupéfaite d'être restée aussi longtemps sans connaissance. Je finis par me redresser en me retenant de ne pas hurler. Gage le remarque et s'empresse de mettre un coussin derrière mon dos. Je lui souris en gage de remerciement. Je découvre au fond de la pièce, immobile et calme, Chris. Il reste silencieux, c'est à peine s'il ose me regarder, je fronce les sourcils en ne comprenant pas sa réaction.
- Tes amies, hum, Holly et Aria, je crois..., commence Gage comme pour briser le silence qui vient de s'abattre d'un seul coup.
- Et Léna, je la corrige.
- Oui voilà, elles sont venu plusieurs fois pendant que tu étais encore dans le coma, elles ont pris tes cours. La blonde m'a donnée son numéro pour que je puisse la joindre si jamais ton état s'améliorait, si tu veux je l'appellerai tout à l'heure pour lui dire que tu es réveillée.
Je hoche la tête en souriant légèrement.

Pendant au moins une bonne heure, elle m'explique ce qu'il s'est passé à Whittemore pendant mon absence, elle m'explique que Cody et Hayley ont eu un accident de voiture, quelques heures avant que l'on me retrouve.
Elle baisse les yeux, je pose ma main contre son épaule et lui souris légèrement, comme pour lui dire " Ça va aller ", même si on sait toutes les deux que ce n'est pas vrai. Elle me prend dans ses bras, je suis assez surprise, je n'ai pas vraiment l'habitude qu'on me montre des signes d'affection mais à cet instant, c'est tout ce que j'ai besoin, je me rends compte à quel point ça fais du bien de serrer quelqu'un dans ses bras. Je grimace en ressentant une douleur dans tout le corps, Gage le remarque et me lâche, je regrette aussitôt qu'elle l'ait remarquée. Elle reprends.
Apparemment on m'aurait retrouvé par terre, devant l'hôpital, personne ne sait comment je suis arrivé ici vu mon état. Quand on m'a retrouvé, mon corps était glacé, pratiquement en hypothermie, alors on m'a donné des couvertures pour faire remonter la température de mon corps. Pendant que j'étais dans le coma, les médecins ne savaient pas ce que j'avais. Ils m'ont donné toutes sortes de médicaments pour que mon état ne s'empire pas mais ils n'avaient aucune idée de comment l'amélioré. D'après eux, il fallait juste attendre, attendre que je me réveille.
Gage, Kai et Chris décident de quitter la pièce pour que je puisse me reposer en me voyant bâiller à plusieurs reprises.

*

Je me réveille, encore fatigué, on doit être la nuit car les rideaux sont fermés, je regarde Gage avec incompréhension. Elle s'agenouille devant moi.
- Désolé de te réveiller mais juste pour te dire que les médecins acceptent de te laisser sortir demain mais tu devras aller voir un médecin régulièrement pour surveiller ton état, elle m'informe en chuchotant.
Je hoche la tête encore à moitié endormie, elle me caresse pendant quelques secondes la tête, un peu comme l'aurais fais une soeur et repars.

*

Le lendemain, je quitte l'hôpital. Chris me propose de rester encore une semaine de plus à la maison comme je suis encore très faible, j'accepte. Ce que je regrette, étrangement, car je déteste les cours mais ce que je déteste encore plus c'est l'ennui. Les jours passent extrêmement lentement, je commence à retrouver mon énergie d'autrefois mais Chris refuse que je sorte avant que je remange car oui, je n'ai plus d'appétit, plus rien ne me donne envie et même mon estomac ne me réclame pas de la nourriture avec des gargouillements bizarres. Alors, je passe la plupart de mon temps à regarder des émissions débiles de téléréalité et à dormir, je ne sais même pas comment je peux être fatiguée alors que je ne fais pratiquement rien de mes journées.
Certains jours, j'oublie carrément cette foutue blessure derrière la nuque mais d'autres jours, elle me le fait rappeler avec une douleur épouvantable, ce qui me donne ensuite des maux de tête encore plus abominables. Gage change régulièrement mon pensement, je l'aurais bien imaginée infirmière, elle est si douce et précise dans ses gestes.

Tous les jours, Holly passe me donner mes cours, ce qui occupe une légère partie de mon temps. Elle me parle de tout et de rien, à vrai dire je ne l'écoute pas vraiment mais sa présence me rassure, ça me rend heureuse de la voir. Holly est "choquée " quand je lui demande des nouvelles de Thomas, depuis que je suis revenue je n'ai pas eue l'occasion de le revoir et maintenant que je lui ai demandée ça elle s'imagine des choses, ce qui me fait rire, c'est du Holly tout craché. Léna n'a accompagné qu'une seule fois Holly, elle m'explique qu'elle a des problèmes de famille donc elle ne peut pas vraiment venir me voir. Ce qui me soulage, depuis le bal, je ne sais pas si c'était elle ou quelqu'un qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau que j'ai vu et j'ai peur de lui en parler, je décide de ne pas lui demander tant que je ne suis pas sûr.

Depuis que je me suis réveillée, j'ai comme l'impression que quelque chose à changer en moi. Je ne sais pas, c'est étrange, je n'arrive pas à comprendre celle que j'étais, la Meurtrière, la femme à la combinaison noire, quand je me regarde dans le miroir je ne vois que cette psychopathe, tous les meurtres que j'ai commis, je ne comprends pas comment j'ai pu faire des choses pareilles. J'éprouve comme de la culpabilité, comme si ce coma m'avait rendu cette humanité que je n'ai jamais eue.
Mais, ce n'est pas le plus bizarre, non le plus bizarre c'est ce bourdonnement dans ma tête, ce sorte de grisaillement mélangé avec des voix ou des cris, je ne sais pas et j'ai l'impression de n'être jamais seule, une sorte de présence invisible qui me donne la chair de poule. Ça me rends folle, personne à part moi n'entend ce bourdonnement, mais comme la blessure, il y a des jours où il est plus fort que d'autres et ces jours j'ai littéralement envie de me faire exploser la tête. Quand je suis entourée ou qu'il y a du bruit je ne l'entends pas, mais dès que je suis seule, je l'entends. C'est comme si j'entendais le silence et à cet instant je me sens bizarre, je me sens perdue, seule, exactement le même sentiment que quand le loup-garou à planter ses griffes derrière ma tête. Je revis ce sentiment en continu, un sentiment affreux et j'ai l'impression qu'il grandit de jour en jour.

Alors, je décide de sortir me changer les idées après m'être forcée d'avaler une moyenne assiette de purée avec une fine tranche de jambon fumé, que j'ai du mal à digérer. Je pars acheter des fleurs avec ma voiture, ah oui, j'allais oublier, Chris m'a offert une jeep bleue, comme un cadeau de re-bienvenue à la maison, ce qui m'a fait plaisir de sa part vu qu'il ne m'a pas adressé la parole depuis mon retour, maintenant je me sens plus autonome et moins emprisonnée dans cette maison paumée au milieu de la forêt.
Je gare ma voiture dans une allée et me dirige vers le cimetière, en tenant un bouquet de roses rouges et blanches...

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Le monde d'à côté | tome 1 : Le loup blanc { En pause }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant