Le monde d'à côté | tome 1 : Le loup blanc { En pause }

Chapitre 11 - Point de vue de Thomas -

Je porte son corps inanimé en regardant mon souffle dans l'air glacial, des gouttes de sang tombent sur la neige à chaque secousse, ses cheveux blonds retombent vers le bas de mon dos. J'observe ses yeux fermés, son visage endormi, ses lèvres pulpeuses et abîmés par le froid.

Je rentre chez moi et pose délicatement son corps dans mon lit comme si elle était faite en sucre. Je mets sa tête sur un coussin et lui enlève ses chaussures remplies de neige fondue gouttant sur le lit. J'écarte les cheveux cachant la blessure d'où provient le sang sur ses vêtements. Je découvre avec hystérie, une morsure, j'hésite quelques instants car je crois savoir ce qui lui a fait ça. Je touche sa blessure, il y a des trous profonds.
- Non ! Non ! Non ! je chuchote en mouillant un gant. Je pose le gant sur toute la largeur de son front, je mets mon oreille droite contre son coeur, il bat. Ça veut dire qu'elle a une chance de s'en sortir malheureusement, je ne peux rien faire, juste attendre qu'elle se réveille, si elle se réveille.

Attendre, encore attendre, toujours attendre. Je mordille l'ongle de mon pouce, je marche en faisant le tour de la pièce, encore et encore. Je décide de prendre une chaise et de m'asseoir. Je mordille mon ongle en la regardant, je n'arrête pas de bouger. Ça m'énerve ! De la voir, entre la vie et la mort, et moi, qui attend sans rien faire, comme un pauvre con, qu'elle se réveille. Je ne peux plus attendre ! Alors, je prends son corps et le pose contre la baignoire de la salle de bain.

J'enlève ses vêtements remplis de sang, je dépose son corps nu dans la baignoire et je fais couler l'eau chaude. Je prends un gant et lave son corps gelé. Je passe le gant sur tout son corps, en faisant des sortes de ronds. Je sens son corps se réchauffer, je lâche un sourire nerveux.

Après avoir finis de la laver, j'enlève son corps de l'eau et le sèche avec une serviette blanche. Je lui mets des nouveaux vêtements qui appartenait à ma soeur. Je remets son corps sur le lit, une douce odeur de lavande le parfume, je n'avais pas senti cette odeur depuis des années. Je sèche mes mains mouillées sur mon pantalon noir. Je ne peux m'empêcher de la regarder, cet amour me consume même si je l'aimais, bien avant de la rencontrer.

J'écarte une mèche de son visage en caressant sa joue, je ne peux m'empêcher de sourire. Mais, je ne peux pas l'aimer, je n'ai pas le droit, pas avant de lui avoir posé La Question, celle qui, détruira le reste de son innocence. Je sais qu'elle surmontera ça, elle est forte, plus forte que moi et, je crois que c'est ça qui me fait peur. Car malheureusement, elle est assez forte pour ce monde.

Soudain, j'entends du bruit, comme si on avait enfoncé ma porte. Je n'ai pas le temps de savoir de qui il s'agit, qu'ils entrent dans la chambre.
- Chris, je lui dis fermement. Il sourit comme pour se foutre de ma gueule. Je me retiens de lui flanquer un coup de poing, mais je sais que ça ne fera qu'empirer les choses. Alors, je me contente de l'écouter.
- Thomas, je ne savais pas que tu vivais à Whittemore, il me dit en regardant le paysage par la fenêtre de ma maison, et je présume que comme par hasard, tu as choisi d'acheter une maison juste en face de celle d'Oberry, enfin, son ancienne maison. Je me retourne pour la regarder car je ne veux pas lui faire face.
- Maintenant, rend la nous, sinon je t'assure que tu vas passer un sale quart d'heure, lâche Tyler en serrant les poings.
- Voyons, un peu de tenue, dit Chris avec ironie, il va nous la rendre de son plein gré, n'est-ce pas ? Je tourne la tête en rigolant.
- Elle n'appartient à personne !
- Certes, mais nous, comparé à toi, nous pouvons la protéger. Je soupir et m'écarte de son chemin pour qu'il puisse la prendre. Il me sourit et prend son corps dans ses bras. Les autres le suivent et avant de sortir de la pièce Chris ajoute :
- Tu n'as plus intérêt à la toucher, sinon je t'en empêcherais d'une façon disons, plutôt déplaisante.