Le monde d'à côté | tome 1 : Le loup blanc { En pause }

Chapitre 16

- Tu cherches quelque chose ? me demande Hayley, visiblement amusée de me voir à quatre pattes dans sa chambre car je l'entends pouffer de rire derrière mon dos.
Je referme le tiroir sous son lit et me retourne vers elle, manquant de me cogner contre sa commode, gênée par la situation.
- Heu non... Enfin si, je bégaye, ( elle hausse les sourcils et croise ses bras contre sa poitrine, comme pour attendre la vraie raison ). Je me demandais si, par hasard, tu pouvais me prêter une robe, juste pour ce soir.
Pendant quelques secondes, je ne peux m'empêcher de détourner le regard de sa magnificence, ses cheveux, normalement bouclés, sont lisses, ses lèvres pulpeuses sont recouvertes d'un rouge éblouissant et son visage ! Il n'y a aucun cerne, aucune imperfection, seulement son teint éclatant.
- Juste pour ça ! Tu n'avais pas besoin de faire autant de manières, nous sommes soeurs, maintenant, elle se moque en ouvrant un tiroir tout en bas de son armoire, je me relève en prenant appui sur son lit. C'est pour quel genre de soirée ? elle me demande en fouillant parmi toutes les robes, comme si elle était ma styliste personnelle, ce qui me fait échapper un petit rire.
- Un bal, en quelque sorte, je déclare.
Elle se retourne vers moi, visiblement étonnée par ce que je viens de dire.
- Ah oui ! Où ça ? elle me demande avec curiosité.
- Heu, dans une autre ville que Whittemore, mes amies viennent me chercher, je sais pas vraiment où c'est..., je lui mens.
Elle hausse les épaules.
- De toute façon, j'ai pas mal de trucs à faire ce soir.
Avec des gestes vifs, elle déniche enfin une robe. Elle la retire avec la plus grande délicatesse et la pose sur un buste de couture. Je suis émerveillée par cet habit, digne des femmes mondaines, c'est une robe bustier noire et grise avec de la dentelle, un tulle noir, des sequins et un noeud en satin. Je ne peux m'empêcher de la toucher, elle est si douce, fine et soyeuse.
- Je ne peux pas porter ça ! je m'écrie, même si tout au fond de moi j'en ai envie.
- Oh, si tu le peux ! s'égosille Hayley en me regardant avec des yeux pétillants, comme un enfant le soir de Noël. Et, tu vas aller l'essayer, tout de suite ! elle m'ordonne en me montrant du doigt la salle de bain.
J'avance à grands pas de la salle de bain, la robe à mon bras.

*

Je sors de la salle de bain et m'avance, avec une démarche mal assurée de la chambre d'Hayley, je surprends une discussion entre elle et son frère jumeau :
- Tu ne peux pas y aller ! hurle Cody en essayant de garder un timbre de voix bas. C'est encore plus dangereux pour nous que pour elle !
Elle ? À cet instant, la porte s'ouvre et le visage de Cody apparaît. Il me dévisage avec un air surpris, merde.
- Entre, il finit par dire, un sourire aux lèvres.
J'entre dans la chambre, hésitante, et me positionne en face d'Hayley en faisant une grimace. Cody n'est toujours pas sorti de la chambre, alors, je me retourne pour savoir pourquoi. Il me regarde, déconcerté et ébahi, en fixant ma robe.
- Tu es resplendissante, il finit par dire en reposant ses yeux couleur océan, exactement comme ceux d'Hayley, sur moi, avant de sortir de la chambre.

Hayley m'assied sur une petite chaise vers sa coiffeuse en essuyant ses mains sur sa veste en jean, elle commence à onduler des mèches de ma chevelure dorée.
- Qu'est-ce que tu fais ? je demande avec une voie perçante.
- Tu ne peux pas y aller comme ça ! Tu dois être parfaite, elle me dit.
Elle se penche à côté de moi pour que je la vois mieux dans le miroir, un sourire jusqu'aux oreilles, des mèches blondes de ses cheveux retombent sur mon épaule. La chaleur du boucleur fait rougir mes pommettes comme des tomates. Après avoir opté pour un chignon, effet coiffé décoiffer, en laissant quelques mèches retombées le long de mon visage qu'elle entreprend de faire bouclé pour donner un peu plus de volume à ma coiffure, elle sort une énorme trousse de maquillage métallique, elle en sort un eyeliner et d'autres trucs.
- Pas d'eyeliner ! je gémis.
- Aller détends-toi, c'est juste pour une soirée, elle chuchote, je soupir en collant ma main contre mon front.
Après qu'elle ait fini de me maquiller, je regarde sur mon portable combien de temps il me reste, plus que trente-cinq minutes. Hayley me ramène une paire de sandales à talons noirs avec noeud. J'hésite en la regardant avec un air de chien battu pour l'atteindre, ce qui ne marche pas, pas du tout. Je soupire et mets mes pieds dans les chaussures, je hais les bals. Je me lève pour me regarder dans le miroir, je remets la robe de manière convenable, elle retombe sur le sol, tellement elle est grande.
- Il manque quelque chose... cherche Hayley en mettant sa main dans sa chevelure dorée, appuyée sur sa jambe droite. Elle prend une paire de gants noirs, dans son armoire.
- Voilà, tu es parfaite ! elle s'exclame pendant que je mets mon deuxième gant.
Elle mets mes mèches de mon visage sur mes oreilles pour mieux me voir, je touche le collier de Kai avant de le faire retomber sur ma poitrine, je me contemple dans le miroir. Je me demande si le mot parfait n'est pas un peu trop exagéré, mon visage est tout rouge à cause de la chaleur de son boucleur, comme si j'avais attrapé un coup de soleil, mes bras sont nus ce qui fait ressortir ma cicatrice sur mon épaule droite. D'un seul coup, une question fuse dans ma tête.
- Où as-tu eue cette robe ?
Ses yeux se ternissent légèrement et son sourire resplendissant s'efface de son visage. Elle baisse les yeux vers le sol en serrant sa mâchoire, attristée, je regrette aussitôt ce que je viens de lui demander.
- Elle appartenait à ma mère, elle m'explique en fixant la fenêtre, comme pour ne pas s'appuyer sur le sujet.
Le ronronnement d'un moteur se fait entendre dehors, je regarde par la fenêtre et aperçois une énorme voiture blanche, aussi grande qu'une limousine, se garer devant la maison.
Je descends les escaliers, en soulevant ma robe pour ne pas me prendre les pieds dedans. Je m'arrête devant la porte et tourne ma tête vers Hayley, je n'oublierais jamais cette expression sur son visage, souriante, éveillée mais qui cache en réalité quelque chose d'autre, mais je ne peux dire ce que c'est.

*

La voiture s'arrête devant un énorme manoir, je reste quelques minutes dans la voiture, je suis tellement stressée, que je ne peux m'empêcher de tripoter mon foutu collier améthyste, je soupire et finis par le lâcher. Je prends une grande inspiration et sors de la voiture. Je me dirige vers l'ancien manoir des Lightwoof, là où se déroule le fameux bal, même si j'imagine que c'est le leur, maintenant. J'essaie de ne pas tituber à chaque pas que je fais, foutus talons. Au fur et à mesure que je me rapproche du lieu fatidique, une boule se forme au creux de mon estomac. Je tente donc de me calmer en me disant que c'est juste un bal, juste une soirée... au milieu des vampires, de ceux qui ont tué mes parents, les Henderson. Même si je suis une Meurtrière et que je sais me battre, je ne ferais pas le point face à tout un groupe de vampires. Espérons juste que tout ce passe bien, pour une fois...