55 - Options

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Annie et François discutèrent des diverses options qui s'offraient à eux. Ils convinrent que tout annuler par mesure de rétorsion serait contre-productif. François était prêt à mettre Julien dans un train sans écouter ses protestations.

— S'il est persuadé qu'elle ne viendra pas et qu'elle l'attend ailleurs, il ne va quand même pas refuser de la rejoindre, argua-t-il.

— Au point où on en est, comment savoir ? soupira Annie. Et je fais quoi, pour ce voyage en Grèce ? Il est venu m'en reparler tout à l'heure, bien décidé à m'y envoyer. Il considère que tu es le seul à t'y opposer. Je suis vraiment désolée de l'avoir mis au courant. Si j'avais su....

— Tu ne l'as pas mis au courant, corrigea François. Tu as reçu la proposition devant nous. Mauvais timing, c'est tout, on n'y peut rien. Au fait, la place est toujours à prendre ?

— Oui, Ghislaine me l'a redit ce matin. Elle se demande même si elle ne va pas faire jouer son assurance annulation, car elle ne veut pas y aller toute seule, et toutes les personnes avec qui elle serait prête à partager une cabine sont déjà prises ailleurs.

— Je suppose qu'à la base, tu as envie de dire oui.

— Non, François, ce qui me préoccupe, c'est Julien. Mes vacances, je m'en fiche un peu aujourd'hui.

— Ok.

Ils restèrent un moment à réfléchir, puis Annie reprit :

— Tu ne crois pas que tu devrais appeler Tamara ? Ce serait bien que vous parliez de ça tous les deux.

— Tu veux que je l'appelle après quinze ans de silence pour lui dire que je ne sais pas comment m'y prendre avec mon gamin ? interrogea François d'une voix incrédule.

Annie ferma les yeux et inspira profondément.

— D'accord, d'accord, dit-elle.

— On règle ça avec Julien, on prend une décision, et après, pour elle, c'est à prendre ou à laisser, précisa François.

— C'est bon, j'ai compris. Mais Julien semble bien décidé à te forcer à la rencontrer, tu en es conscient ?

— Oui, mais cela ne m'aide pas à savoir ce que je dois faire.

— J'ai déjà tenté de lui expliquer pourquoi il n'a pas le droit de t'obliger à la voir, soupira Annie. Je pense qu'il a compris, il comprend ce genre de choses, normalement. Mais il ne veut pas, ou ne peut pas le prendre en compte. Je ne l'ai jamais senti aussi buté.

François se frotta les joues avec les paumes de ses mains, comme quand il se retrouvait confronté à un dossier insoluble.

— Je suppose, que c'est le contrecoup de toutes ces années où il a senti qu'on lui cachait quelque chose, réfléchit-il tout haut.

— Je le pense aussi, fit sa mère d'une voix lointaine, plongée dans ses réflexions.

— J'aurais dû savoir que je n'en avais pas fini avec elle, murmura François.

Peine incompressibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant