31 - Raisons

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Annie trouva son petit-fils dans la cuisine en train de petit-déjeuner quand elle redescendit après avoir pris sa douche. Elle se versa une nouvelle tasse de café et vint s'installer face à lui.

— Tu vas bien ?

— Très très bien, oui, répondit-il avec une expression épanouie qui en était la preuve éclatante. Où est Papa ?

— Il est parti courir. Bon, alors, comment elle est ? demanda-t-elle avec curiosité.

— Tu ne l'as jamais rencontrée ? s'étonna Julien.

— Non. Ton père pensait me la présenter quand ils étaient ensemble, mais elle n'est jamais venue finalement. J'ai juste vu une photo d'elle, à l'époque.

— J'en ai une plus récente, s'empressa-t-il de signaler en sortant son téléphone de sa poche. Elle est encore plus jolie que ça, mais c'est assez ressemblant.

Annie regarda attentivement le cliché. La femme était effectivement avenante, même si son sourire n'était pas totalement naturel, comme c'est souvent le cas devant un objectif.

— On l'a faite quand je partais, expliqua Julien. Elle doit m'en donner d'autres et je vais lui en envoyer de moi.

—D'accord pour qu'elle ait des photos de toi, mais pas de ton père, tu comprends ?

—Ouais, ouais. Et de toi ? questionna l'adolescent.

Annie se donna le temps de réfléchir, puis haussa les épaules.

—Si tu pense que cela l'intéresse, pourquoi pas. Et tu penses la revoir ? questionna-t-elle prudemment.

— Pas sans vous le demander avant. J'ai promis à Papa.

— Et tu sais pourquoi ton père s'est séparé d'elle ? préféra-t-elle vérifier.

— Oui, elle m'a tout raconté : qu'elle volait pour récupérer ce qui avait appartenu à son père, qu'elle est sortie avec Papa au mauvais moment, qu'elle a été en prison. Elle m'a expliqué aussi pourquoi c'était mieux que ce soit Papa qui m'élève.

Ça avait l'air assez complet, jugea Annie. Elle se méfia cependant du ton parfaitement neutre qu'il avait adopté. Cachait-il son désarroi ou était-ce une manière d'affirmer qu'il ne la condamnait pas ?

— Ça n'a pas été trop dur d'apprendre tout cela ? s'enquit-elle doucement.

— Je suis surtout content de savoir enfin. J'imaginais bien pire, en fait. Mais elle est vraiment quelqu'un de bien, assura-t-il énergiquement, comme la mettant au défi de le contredire.

— Tu réalises quand même que ce qu'elle a fait est grave ? demanda-t-elle, un peu agacée par son attitude.

— Oui, t'en fais pas, elle me l'a bien fait comprendre. Elle sait qu'elle a fait beaucoup d'erreurs et elle le regrette vraiment.

Bon, c'est déjà ça, songea Annie.

Peine incompressibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant