82- Nerfs

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C'est avec horreur que Tamara avait senti ses nerfs lâcher alors qu'elle s'apprêtait à sortir du lit. Les sanglots étaient montés et elle eut tout juste le temps de saisir l'oreiller pour en étouffer le bruit. Savoir François témoin de sa faiblesse ajoutait l'humiliation à sa détresse. Mais elle ne pouvait pas se dérober à sa présence, à moins d'aller pleurnicher dans le couloir et ameuter toute la maison.

Enfin, ses spasmes se calmèrent, et elle put accepter le mouchoir que lui tendait François. Lui tournant le dos, elle reprit contenance. Elle espéra pouvoir partir rapidement, mais il la retint par le bras quand elle fit mine de quitter la chambre. En silence, il secoua la tête et lui fit signe de s'asseoir sur le lit.

— On ne peut pas continuer comme ça, dit-il simplement à voix basse.

Elle fut tentée d'invoquer la fatigue, une autre cause, mais le regard compatissant qu'il posa sur elle l'en dissuada.

Elle dut se mordre les lèvres pour retenir un nouveau sanglot. Elle avait envie d'enrouler ses bras autour de ses genoux et de se balancer d'avant en arrière comme elle l'avait fait de nombreuses reprises du temps où elle était enfermée, mais elle se retint. Elle ferma les yeux comme si cela pouvait lui permettre de ne pas entendre ce qui allait suivre.

— Je te demande pardon, souffla François. La situation m'a échappé. J'aurais dû t'en parler plus tôt et...

— Tu ne m'as jamais obligée à te rejoindre ! coupa Tamara qui voulait assumer sa faute.

— Serais-tu venue si tu ne savais pas que je t'attendais ? lui rétorqua François.

Tamara haussa les épaules. Discuter des responsabilités ne servait à rien. Cela ne faisait que reculer l'inévitable. Qui ne tarda pas :

— Il faut qu'on arrête de se voir.

— Non ! ne put s'empêcher de supplier Tamara tout en se méprisant de le faire. Je ne t'embêterai plus !

Avec douceur, il la prit par les épaules.

— Si tu continues à venir ici, tu sais bien qu'on n'arrivera pas à s'en empêcher, argumenta-t-il. Il ne faut plus que tu viennes du tout.

Elle se raidit pour tenter de dissimuler ses tremblements.

— Julien est assez guéri pour aller te rendre visite, poursuivit-il. Tu le verras souvent, c'est lui qui se déplacera, voilà tout. C'est mieux ainsi, tu le sais parfaitement.

Tamara accepta sa défaite :

— Je peux retourner dans ma chambre maintenant ?


Peine incompressibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant