172 - Douleur

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Tamara était dans la cuisine à éplucher des légumes, tentant d'oublier son dos qui la tirait beaucoup depuis deux jours. Elle avait mal dormi les nuits précédentes, ne se sentant lourde, à l'aise dans aucune position.

Ce dernier mois avait été long, mais elle s'était moins ennuyée à rester chez elle qu'elle ne l'avait craint. Il y avait tant à préparer pour la venue de l'enfant, et elle était bien plus lente que d'habitude. Sur les conseils d'Annie, elle s'était mise à faire la sieste. Sa belle-mère rentrait manger chaque midi, désormais. Tamara comprenait que c'était pour ne pas la laisser seule sur de trop longues périodes. Ils étaient tous conscients que l'accouchement pouvait arriver d'un moment à l'autre.

Elle tendit la main pour prendre une carotte quand un soudain accès de douleur la plia en deux sur sa chaise. Cela ne dura pas longtemps, mais elle resta haletante, agrippée au bord de la table, envahie par la panique. Jamais elle ne pourrait se lever pour aller chercher de l'aide.

Enfin, elle se raisonna. Elle allait accoucher, il n'y avait rien d'inattendu. Elle avait géré des situations bien plus délicates et avait donné la vie dans des circonstances bien plus dramatiques. Elle était consciente que c'était la difficulté de ce qu'elle avait vécu quand Julien était venu au monde qui la tétanisait, mais cela ne suffisait pas pour l'apaiser. Elle dut lutter pour finalement prendre appui sur la table et se lever.

Elle sentit une humidité sur ses cuisses. Elle pensa d'abord que la douleur avait relâché ses sphincters avant de comprendre qu'elle avait perdu les eaux. Il fallait qu'elle se fasse conduire à la clinique sans attendre.

À pas prudent, elle sortit de la cuisine et traversa le salon et appela sa belle-mère du bas de l'escalier. Annie descendit rapidement et d'un coup d'œil évalua la situation.

— J'appelle François et je vous emmène, dit-elle d'un ton apaisant en sortant son téléphone.

Elle informa son fils de leur départ imminent et lui donna rendez-vous à l'hôpital. Ensuite elle monta rapidement à l'étage et redescendit avec la valise qui avait été préparée en prévision de ce moment et une jupe propre pour Tamara.

Elle aida sa belle-fille à se changer puis l'entraîna vers sa voiture.

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Pour information, il ne reste plus que cinq chapitres. Le dernier sera donc posté dimanche prochain.

Peine incompressibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant