25 - Cadeau

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Ils se levèrent à contrecœur, réticents à l'idée de se séparer.

— Je pourrais te téléphoner ? demanda Julien d'une toute petite voix.

— Bien entendu ! Donne-moi ton mobile, je vais te mettre mon numéro.

Elle le composa, attendit d'entendre sa propre sonnerie et raccrocha.

— Voilà, nous sommes parés. On pourra s'écrire aussi, si ton père est d'accord.

— Et on n'est qu'à deux heures de train.

— Promets-moi de ne pas revenir sans autorisation.

— D'accord.

— Ne te fâche pas avec ton père à cause de moi, ajouta-t-elle d'un ton pressant. C'est important.

— Promis, dit-il pour la tranquilliser.

Il mit sa veste. Alors qu'il reprenait son sac à dos, elle sembla frappée par une idée.

— Attends-moi deux secondes.

Elle fonça dans la pièce à côté et en revint une quinzaine de secondes plus tard, une boite de biscuits en fer à la main.

— Tiens, c'est ton cadeau d'anniversaire à l'avance. Mais attends d'être chez toi pour l'ouvrir, ok ?

— Qu'est-ce que c'est ?

— Une surprise.

— Ça se mange ?

— Mais non, sourit-elle. Allez, va vite, il est temps. Je t'accompagne en bas.

Dans l'escalier, il demanda :

— Tu m'enverras une photo de toi ?

— Oui, excellente idée. Toi aussi, hein.

— Je suis trop bête, on aurait pu faire un selfie tous les deux !

— On peut le faire maintenant.

Ils étaient dans le hall. Julien sortit son smartphone de sa poche, se mit à côté d'elle et tendit le bras.

— On sourit à trois ? Un, deux, trois ! Voilà, et je te l'envoie tout de suite.

Il s'exécuta, rangea son appareil et la regarda. Elle était restée près de lui, silencieuse, ayant perdu son sourire. Il vit qu'elle luttait contre les larmes et il sentit une grosse boule dans sa gorge. Il lui fit face.

— Au revoir, Maman.

— Je peux... ? commença-t-elle en tendant les bras vers lui.

Il ne la laissa pas terminer. Il la serra fort contre lui. Ils restèrent un moment ainsi, partageant la chaleur de l'étreinte. Puis elle tourna la tête pour déposer un timide baiser sur sa joue et se dégagea doucement.

— Il faut que tu y ailles.

— Oui. Mais je te promets qu'on se reverra bientôt.

Il ouvrit la porte qui donnait sur l'extérieur. À une dizaine de mètres, son père attendait, debout sur le trottoir, leur tournant le dos.

Julien s'apprêtait à sortir quand sa mère lui posa la main sur le bras.

— Tu veux bien me donner une minute ?


Peine incompressibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant