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Point de vue de Teresa
Cela fait une heure que j'essaie de lire, que je tente de penser à autre chose, mais je ne peux pas, j'en suis juste incapable, et le contraire serait absurde. Je ne peux pas aller bien avec ce qu'il se passe, je ne peux pas continuer dans ma routine, je ne peux pas, la seule option que je possède est de tromper tout le monde, de prétendre que je vais bien, que je n'ai pas peur de lui, que jamais il ne parviendra à me réduire à un rat de laboratoire, je suis morte de trouille, mais je dois continuer, pour elle, pour Amy. Il doit y avoir justice.

Je me rends au commissariat, je veux que les choses changent, et elles vont changer, à partir de maintenant, il n'est plus seul à jouer, je rejoins la partie, mais il n'aura pas l'avantage. Personne n'a jamais le dessus sur moi.

J'entre en furie, passe devant le bureau dans lequel j'ai des entrevues depuis quelques jours, le dépasse, puis m'arrête, les deux coudes sur un comptoir.
- Oui ? L'accueil est là-bas.
- Je ne veux pas l'accueil. Quelqu'un s'occupe de la disparition de ma sœur, mais il ne fait rien. RIEN, VOUS  M'ENTENDEZ ? Les jours inscrits dans le protocole pour ouvrir une enquête sont bien dépassés.
- Une disparition ? Je n'étais pas informée de ça, c'est probablement pour cette raison que rien n'a été lancé.
- Alors qu'on transfère cette affaire, je ne sais pas moi, QU'ON FASSE QUELQUE CHOSE !
- Arrêtez de crier mademoiselle, gardez votre calme, je vais allez voir le policier en charge du dossier. Vous souvenez-vous de son nom ?
- Vous n'avez pas tout ça dans votre ordinateur ?! Quel genre de police êtes-vous bon sang !
- Je vous l'ai dit, l'affaire n'a pas été annoncée.

Cette femme n'y est pour rien et je m'acharne contre elle.

- Excusez-moi...
- Pas de soucis, je peux tout à fait comprendre. Ma mère a disparu aussi quand j'étais jeune.

Je ne sais jamais réagir quand on me dit quelque chose comme ça.

- Oh... je suis vraiment désolée, bien que le pardon d'une parfaite étrangère ne doit pas vraiment vous réconforter... Désolée, je...
- Pas la peine de paniquer, ne vous en faites pas. Je vais aller voir pour ce dossier. Puis-je avoir son nom ?

Je reste un moment muette. Je me rends alors compte qu'il ne nous l'a jamais dit.
- Je suis désolée mais je pensais tellement à retrouver ma sœur que je ne lui ai pas demandé son nom...
- Il est censé vous l'annoncer lorsqu'il vous prend en charge. Bon, vous souvenez-vous dans quel bureau vous étiez pour les dépositions et tout le reste ?
- Celui là-bas. Dis-je en le pointant du doigt.
Elle soupire.
- Depuis quelques temps, il ne nous cause que des problèmes. Suivez-moi.

Nous nous rendons devant le bureau.

- Il n'est pas là, venez, nous allons trouver votre dossier. Me dit-elle en brandissant ses clés devant mon nez.

C'est sans aucun doute la plus gentille policière que je n'ai jamais rencontrée, en fait, je n'en n'ai pas rencontré beaucoup...
Elle ouvre les tiroirs, un à un, mais ne trouve rien.
Nous sommes sur le point de ressortir lorsque je me souviens d'un détail.
- Attendez !
Je me dirige vers une étagère sur laquelle sont rangés plusieurs livres poussiéreux. Je me souviens l'avoir vu planquer quelque chose ici une fois alors qu'il pensait que nous étions partis, mais j'étais revenue sur mes pas pour régler un détail.
Je pousse les livres un à un, quand je les ai tous décalés, le dossier est là, avec pour inscription « confidentiel ».
Je le prends, sûre et certaine qu'il s'agit de l'amas de papier qui traite de ma sœur.
Au moment où nous nous retournons, le policier est appuyé sur le cadran de la porte, les jambes croisées.
Instinctivement, je cache ma découverte derrière mon dos.
-bBonjour mesdames, il s'agit de mon bureau, veuillez sortir et prendre vos yeux malveillants avec vous.

C'est nous les mauvais, mais je rêve.

- Venez, je vais m'occuper de cette affaire. Mon nom est Hooker. Me dit-elle en me montrant son badge et en me tendant ensuite la main.
J'étreins sa main.
- Au fait, lui, c'est l'officier Ostro. Je vais aller l'informer que je me transfère... le nom de votre sœur s'il vous plaît ?
- Amy, Amy Argelitz.
- Bien, donnez-moi le dossier, comme ça, s'il s'en prend à quelqu'un, cela sera moi.

Elle tourne les talons, mais revient rapidement vers moi.

- Ne vous inquiétez pas, vous êtes entre de bonnes mains maintenant, nous allons retrouver votre sœur.

Elle s'en va.
Je m'assois, j'attends.

Hooker ressort du bureau avec le sourire aux lèvres, elle me fait signe d'attendre encore quelques instants, elle se dirige vers l'accueil.

Je déambule dans les couloirs lorsque je surprends une conversation téléphonique.
- J'ai merdé. Je suis désolé. Je trouverai un moyen d'arranger tout ça, elles ne découvriront rien, elles ne te trouveront pas, je t'en fais la promesse.
- ...
- Arrête, tu sais que j'ai le potentiel de tout arranger, sa sœur est une fouineuse, beaucoup plus que prévu. Je vais remédier à ça.

« Remédier à ça » ?
Je m'éloigne du bureau en prenant soin qu'il ne me voit pas, les larmes me montent aux yeux. Est-ce que je suis en danger ?

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Voilà mettez un petit commentaire ça me ferait plaisir ❤️

La mystérieuse agression.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant