Peter Pan, mon histoire

6. Quelques secrets

Quelques heures plus tard, Peter attendait Sierra et les autres devant la cabane. Il sentait que s'il ne faisait rien, il perdrait Sierra. Il se tenait adossé contre la porte en bois de la cabane, pensif, guettant tout bruit pouvant être son arrivé.

Quelques minutes plus tard il entendit des bruit de branches craquées. Les bruits de pas se rapprochaient de plus en plus jusqu'à ce qu'il puisse entendre la voix des petites soeurs à Sierra. "C'est bien des filles à crier autant !" pensa-t-il, amusé. Il vit arriver dans son champs de vision la jolie Sierra, vêtue d'une robe pull blanche, ample, trop ample pour elle. Il ne savait pas si c'était son côté garçonne qui lui plaisait le plus, ou sa féminité cachée. Il trouvait ça amusant de la voir négliger sa beauté.

Son visage s'assombrit quand il la vit parler avec Stefan. Il senti la colère montée quand il vit la joie dans ses yeux, et ses fossettes se dessiner à chaque fois qu'il lui parlait. Se pourrait-il que Stefan ait des sentiments pour elle ? Il ne pourrait le tolérer.

Lorsque Sierra arriva devant lui, il ne parvenait pas à savoir si elle était heureuse de le revoir, ou simplement agacée ? A vrai dire, même elle ne le savait pas vraiment. Elle restait plantée devant lui, partagée entre le sentiment de déception et la joie.
- Sierra, dit-il en la considérant.
- Peter, répondit-elle à son tour.

Un silence apparut. Sierra comprit que Peter voulait lui parler seul à seule, sans personne autour d'eux. Elle leur lança à tous un regard qui voulait tout dire. Un par un ils rentrèrent dans la cabane. Stefan lança un dernier regard à Peter, lui exprimant toute sa réticence sur le fait qu'elle soit seule avec lui.
Quelques secondes plus tard, Peter engagea le dialogue.
- Vient, avec moi, je vais te montrer quelques chose, lui dit-il en lui tendant sa main.
Sierra n'avait aucune envie de lui tenir la main et ne tarda pas à le lui faire comprendre.
- A moins que tu sache volée, tu n'as pas d'autres choix que de prendre ma main, ajouta-t-il avec un sourire timide.
Sierra finit par accepter, même sans savoir où il allait la conduire. Elle prit sa main et le visage de Peter s'illumina. Il s'envola d'abord et entraîna Sierra avec lui.

Ils naviguèrent sur le vent durant quelques minutes, sans parler, en évitant le regard de l'autre. Sierra ne pouvait qu'admirer l'ensemble de magnifiques paysages qui s'offrait à elle. Elle pouvait voir l'ensemble du pays de là où elle se trouvait. Et ce moment unique elle le partageait avec Peter. A y réfléchir, elle-même ne savait pas pourquoi elle se montrait si distante avec lui. Peut-être la peur de l'étrange ? Où la peur d'affronter ce qu'elle déteste le plus : les sentiments. Car quand trop de sentiments se mélangent et se combattent entre eux, cela donne le même résultat que quand on mélange toutes les couleurs entre elles, cela donne du noir, du noir profond et ténébreux. La haine. Elle retrouvait peu à peu le sourire, et finit par rencontrer à nouveau le regard de Peter. Ils échangèrent un regard heureux, complice.

Ils atterrirent sur une petite île, si petite qu'on pouvait en voir le bout, quelque soit l'endroit où on s'y trouvait. Si petite qu'on ne pourrait y accueillir plus de 10 personnes sans si sentir à l'étroit. Il n'y avait pas de végétation, seulement du sable dorée, brûlant. Sur Terre, Sierra eut du mal à se remettre de ses émotions, elle venait de voler, avec Peter.
- C'était vraiment merveilleux ! S'exclama-t-elle.
Peter était soulagée de la voir ainsi sourire. Il s'avança vers elle, timidement, ne sachant par où commencer.
- Que voulais-tu me dire ? Demanda Sierra.
- Comment ? S'étonna Peter.
- Ne me fait pas croire que si tu m'as emmenée ici c'était juste pour me montrer ce magnifique endroit, ajouta-t-elle en lui faisant son petit sourire.
Peter se gratta l'arrière de la tête, gêné.
- Et bien voilà, Sierra, je ne veux pas que tu t'en ailles.
- Donne moi une seule raison de rester, Peter.
- Tu ne comprends pas, je tient trop à toi pour te laisser partir comme ça, je ne veux pas avoir à observer ton père te battre comme toujours.
- Attend, tu m'observais ?
- Oui, abandonna-t-il en baissant ses épaules. Cela fait déjà 2 ans que je t'observe Sierra, que je t'écoutes raconter mes histoires à tes petites soeurs. Cela fait longtemps déjà que je te regardes désespérément te faire battre à la place de tes soeurs volontairement.
- Je n'allais pas laisser mon monstre de père battre mes petites soeurs. Autant que ce soit moi qui prenne, je suis plus forte, et plus résistante aux coups, je t'assure, avec les temps c'est devenus une sorte d'habitude.
- Peut-être mais ce n'est pas normal, insista-t-il.
- Tu sais, l'éducation que notre père nous a donné à mes soeurs et moi m'a faite oubliée la notion de ce qui peut être "normal", argumenta-t-elle.
Peter se tenait toujours là, debout, commençant à être à cours d'argument. Il se rapprocha encore plus d'elle, la prenant par les épaules, encrant son regard dans le sien.
- Sierra, je t'en prie, reste. Ici tu n'auras plus à te dénoncer à la place de tes soeurs, ici tes soeurs et toi sont en sécurité, tu n'auras plus à te soucier de ce qui peut être mal ou bien. Ici tu es libres, libres de vivre, avec moi.
Sierra ne savait plus que dire, évidemment qu'elle avait envie de rester avec Peter, pour toujours même. Mais que faire lorsque l'on est coincé entre l'envie et le devoir ? Entre l'envie de tout abandonné et la douleur d'y croire ?
- Avant de te donner une quelconque réponse, pourrais-tu répondre à quelques unes de mes questions ? Lui demanda-t-elle en lui tournant le dos.
- Bien sur, affirma-t-il sans hésitation.
- Bien. Tout d'abord, pourquoi est-ce que tu détestes autant les garçons ? Je veux dire, ils sont très gentils !
- Je n'ai jamais dit qu'ils ne l'étaient pas, précisa Peter.
Sierra se retourna et encra une nouvelle fois son regard dans le sien, attendant une réponse un peu plus développée.
- Ils ont fait quelque chose que j'ai du mal à pardonner, commença-t-il. C'était il y a longtemps, mais je ne parviens pas à faire mon deuil.
- Quelqu'un est mort ?! S'exclama-t-elle.
- Oui, une personne que j'aimais beaucoup, de tout mon coeur même.
- ...C'est la fille qu'il y a en photo sur la porte de ta chambre ? Demanda-t-elle, le plus discrètement possible.
- Oui, dit-il.
- Et qui est-ce ?
Peter s'avança d'autant plus vers elle, jusqu'à ce que son visage ne soit plus qu'à quelques centimètres du sien. Le suspens que Peter laissait à cette question insupportait Sierra.
- C'était ma soeur.

🔔