Peter Pan, mon histoire

29. Entraînement 1ère partie

La conversation qu'elle avait eu avec Peter avait remonté le moral de Sierra. Elle se sentait enfin soutenue, aidée. Mais elle ne s'attendait à ce que son entraînement soit à ce point compliqué. 

Il n'était que 5 heures du matin, pourtant Peter et Sierra se trouvait d'ors et déjà dehors. Le soleil se levait à son tour, éclairant doucement leurs visages. Le lever du soleil déclara le commencement du travail de Sierra. 
"- Pourquoi devons-nous absolument attendre que le soleil se lève pour commencer l'entraînement ? Demanda Sierra. 
- C'est une tradition, déclara-t-il, ça a toujours été comme ça ici. Même si je t'accordes le fait que ce n'est pas vraiment quelque chose d'utile."

Sierra lui lança un sourire moqueur que Peter lui rendit, et arqua un sourcil.
Peter détourna son regard d'elle durant quelques secondes pour observer le soleil s'élever de plus en plus haut dans le ciel, puis fit quelques pas en arrière en faisant signe à Sierra de ne pas bouger. 
"- Pourquoi t'éloignes-tu de moi ?
- Arrêtes de poser des questions, tu le découvrira par toi-même."

Le ton ferme employé par Peter ne donnait pas envie à Sierra de poser d'avantage de question. 
Sans dire un mot, Peter scrutait les alentours. 
"- C'est bon, déclara-t-il, commence par fermer les yeux."

Même si elle fut perplexe, Sierra ferma les yeux.
"- Concentres-toi sur tout ce qui t'entoures, continua-t-il, ne détourne surtout pas ton attention."

Malgré les apparences, ce que lui demandait Peter était bien plus facile à dire qu'à faire. Sierra fronça les sourcils devant la difficulté. Cependant, elle ne voulait absolument pas échoué dés la première épreuve, elle ne s'en donnerait pas le droit. 
Alors elle n'abandonna pas. Et après quelques minutes de blanc, quelque chose se passa dans sa tête. 
Quelque chose d'inexplicable, qu'aucun mot ne pourrait décrire. C'est comme si elle ne formait qu'un seul et même corps avec le monde qui l'entourait. Elle pouvait sentir la chaleur de chacun des rayons du soleil sur le sable chaud, l'odeur des vagues et leurs mélodies enchanteresses. Les oiseaux semblaient communiquer avec elle. Et bien qu'elle ne puisse pas comprendre leur langage, elle aimait les écouter, et pourrait rester comme ça des jours entiers sans s'en lasser. Elle pouvait sentir précisément la pression de ses pieds nus sur l'herbe fraîche, ainsi que chaque brises faisant virevolter sa robe et ses cheveux. 

Elle se sentait forte, elle sentait le pouvoir de contrôler tout ce qu'elle sentait, entendait. 
Peter ne perdait pas une miettes de chacune des expressions de Sierra. Elle parvenait enfin à faire corps avec elle-même, et il le savait, il le voyait. Un sourire de fierté se dessina sur son visage. 

"- Maintenant, essaie d'extériorisé ce que tu ressens, demanda Peter d'une voix la plus douce possible afin de ne pas perturber Sierra.
- Et comment suis-je censée le faire ? Répondit-elle tout en gardant les yeux fermer et une concentration extrême. 
- Déploies ton esprit, étends ton âme jusqu'au bout du monde, concentre toi non pas sur ce qui t'entoure maintenant, mais sur toi, sur ton âme. Affrontes-la, et extériorises-la."

Cette explication pourrait paraître peu claire, pourtant, pour Sierra, rien ne pouvait être plus clair : il fallait qu'elle se confronte à elle-même. Elle commençait enfin à comprendre la raison pour laquelle Peter s'était éloigné d'elle avant de commencer. 
Tout était confus au fond d'elle. Le chant des oiseaux cessa, le soleil chaud devint subitement glacial. Lorsque le vent cessa à son tour de souffler sur ses cheveux elle sut qu'elle n'était plus focalisé sur ce qui l'entourait, mais sur son esprit. 
Cependant ce n'était pas comme elle l'imaginait. Il faisait froid, horriblement froid, tout était sombre, mort, comme si depuis tout ce temps, elle n'avait toujours pas commencé à vivre. 
Elle revivait tout les moments marquant de sa vie et revenait de plus en plus en arrière, dans son passé le plus lointain. 
Revivre certains moments de sa vie n'était pas une folle partie de plaisir, surtout concernant les moments passés avec Jeanne. Où même les moments qu'Emma passait avec Jeanne. Savoir qu'elle ne reverrait plus jamais cette joie sur le visage de ses deux petites sœurs jouant ensemble lui déchirait le cœur. 
Elle avait le sentiment de ne plus contrôler ce qu'il se passait en elle. Sierra n'en pouvait plus, elle voulait tout arrêter : la douleur était trop forte. Mais elle avait beau essayé de détourner son attention et de revenir à la réalité, c'est comme si elle était coincée entre rêve et réalité. 

Les larmes coulèrent d'elles-même sur ses joues, Peter les remarqua. Il savait précisément que cet exercice ne serait pas une partie de plaisir, mais de toute façon elle n'avait d'autre choix que de passer par là. 
Sierra revivait chaque moment où elle se dénonçait à la place de ses sœurs au prés de son père afin de les protéger, elle vit la peur dans leurs yeux, des yeux innocents qui n'avaient pas le besoin de voir leur père frapper leur sœur. Sierra ne savait pas que les filles l'observaient pendant ses moments là, la douleur n'en devint que plus forte, de plus en plus insupportable. 

Elle voulait hurler, mais c'était comme si ses cris restaient coincées au fond de sa gorge sans pouvoir sortir. La solitude l'envahissait entièrement. Elle était en train de perdre le contrôle. Soudain, la volonté fut plus forte que tout, et elle extériorisa toute la douleur accumulée.

"- Stop ! Hurla-t-elle. Peter, ça suffit j'en peux plus !"
Ses paroles s'envolèrent, l'atmosphère se changea en feu, et une onde de choque émana du corps fragile de Sierra. Une onde de choque qui résonna dans le monde perdu, comme un hurlement de désespoir. 

Cette onde dévasta tout sur son passage, ainsi que Peter, qui fut propulsé quelques mètres plus loin, mais comme il fut préparé a une tournure des événements telles que celle-ci, il put prendre le temps de s'envoler. 

Une fois l'onde entièrement dégagée du corps de Sierra, Peter revint vers elle. Elle s'assit au sol. 
"- Que s'est-il passé ? Demanda-t-elle simplement en baissant la tête. 
- Tu as extériorisé la douleur que tu gardais en toi depuis des années, répondit Peter."

Sierra ne répondit pas.
"- A vrai dire, je ne m'attendais pas à ce que cela soit aussi puissant, continua-t-il, tu es promise à faire de grandes choses, Sierra.
- Et si je ne voulais pas "de grandes choses"? Demanda-t-elle sans quitter le sol des yeux. 
- Que veux-tu dire ? 
- Je ne sais pas. Je ne suis peut-être pas prête à tout ça."
Peter souffla et vint s'asseoir au prés d'elle. 
"- Prête ou pas, Sierra, tu as des responsabilité à présent. Je sais, c'est injuste de ne pas pouvoir choisir le train de vie que tu veuilles avoir, mais c'est ainsi. Tu es l'héritière du monde des terriens, et ton devoir est de le protéger, ainsi qu'Emma.
- Je n'en sais rien Peter, se confia-t-elle, je n'ai pas le sentiment d'en être capable. 
- Tu sais, j'ai du moi aussi faire face à mes responsabilité. J'étais comme toi avant, je ne voulais pas de cette vie ou il failles tout le temps se battre pour son monde. Mais avec le temps, j'ai compris que cela ne dépendais pas de ma simple volonté. 
- J'en suis bien consciente, mais ce n'est pas ce qui m'afflige, révéla-t-elle. 
- Alors dis-moi ce qui te rends si triste.
- Si je suis l'héritière du monde des terriens, commença-t-elle en serrant les poings sur sa robe, si je suis cette personne...
- Oui ? 
- Cela voudrait-il dire, que toi et moi deviendrons à tout jamais des rivaux ?"

Des gouttes tombèrent sur la robe de Sierra, qui gardait la tête baissée de manière à ce qu'on ne puisse pas voir son visage : oui, elle pleurait.