CHAPITRE VII

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Le lendemain, je décide de lire les journaux de ma mère... Oui, je sais, vous vous dites : Ne trouvait-elle pas ça débile tout à l'heure ? Je vous répondrais comme ma mère : Oui, mais c'est pour me mélanger, ressembler aux autres. Je prends mon ordinateur portable et m'abonne à quelques vidéos dont on a parlé hier, avec mes nouveaux amis... Je regarde donc des podcasts. Plein de podcasts. Je découvre donc Norman, Cyprien, Hugo tout seul, Mister V, Salut les geeks, What The Cut, Links The Sun, enfin bref, je ne vais pas tous vous les citer. Je passe donc la journée soit enfermée dans ma chambre, soit affalée sur le canapé, avec mon casque. Le soir, lors du repas, j'explique tout à ma mère et mon frère. Mon frère se contente de hausser les sourcils tandis que ma mère se réjouis à l'idée que je me mélange volontairement aux autres. Elle me félicite un million de fois tandis que je la remercie (un million de fois), je me brosse les dents et me mets sous les draps (oui, j'ai un lit, parce que ma mère espère toujours que j'invite une amie à dormir, il est vrai que sans lit dans ma chambre, on se poserait des questions sur moi.) J'hiberne donc sous les draps, en continuant à regarder des vidéos, même après ma transformation. Si un elfe passait par-là, il ne croirait pas le fait que j'en sois une moi-même. Mon réveil sonne (pour me dire qu'il faut me préparer, pas pour me réveiller, ne soyez pas absurdes). Je petit-déjeune donc tranquillement, je m'habille, me brosse les dents, et cætera. Je souhaite bonne journée à ma mère, mon frère, je fourre mes écouteurs dans mes oreilles et sort. Avant de fermer la porte, ma mère me donne une casquette. Je fronce les sourcils d'étonnement, et regarde ma mère d'un air interrogateur.

« -Si tu traîne avec tes copains, se justifie-t-elle, je te l'autorise dès maintenant, mais préviens moi quand même !

- OK, merci, à ce soir ! »

Je prends le chemin du collège avec le cœur plus léger que la semaine dernière... Je viens de me rendre compte que je suis passée du stade de « sans amis, catégorie cas désespérés », à « quelques amis, fait partie d'une bande, fille normale ». Cette évolution brutale dans ma vie me fait un choc émotionnel et je reste comme bouche bée, mais dans ma tête : je n'ai aucune idée qui me traverse l'esprit, moi qui en ai tellement d'habitude, que je rêve de trouver une Pensine sur mon chemin. Mais si ! Une Pensine ! Dans Harry Potter ! Quand Dumbledore retire des filaments argentés de ses tempes avec sa baguette magique, et la dépose dans une bassine de pierre, pour libérer de la place dans son cerveau ! Je pense toujours à cette Pensine quand j'arrive devant la grille du collège. Avec l'habitude, je passe devant ma nouvelle bande sans les voir.

« -Hé bah d'accord !, crie Adèle, tu ne te souviens plus de nous ou quoi ? »

-Ha ! Heu... Pardon, l'habitude tu vois, je réponds, le visage tout rouge.

- T'inquiète j'ai compris, me lance-t-elle avec un clin d'œil et en ma faisant la bise.

Je dis bonjour à Kass, Eden, Séïra, et enfin à Zed, c'est en lui faisant la bise que mon estomac se réinterprète acrobate. J'essaie à grand mal de cacher mon embarras mais Éden commente la dernière vidéo d'Antoine Daniel, de What The Cut. Je rejoins la conversation, toute fière de moi, tandis que je remarque Kass qui me regarde bizarrement. Je la prend discrètement à l'écart, tandis que la conversation s'anime de plus en plus.

« - Pourquoi tu me regardes comme ça, je lui demande avec mon air le plus étonné et le moins accusateur possible.

-Je t'ai vue.

-De quoi ?

- Zed.

-Z... Zed ? Qu'est-ce qu'il a ?

-Hé ! Me prends pas pour une cruche ! Dit-elle en riant.

-Oui... Bon je...

- Je le sais, tu le regarde tout le temps !

Elle rit et nous nous dirigeons vers notre salle de classe.

Le flambeau du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant