CHAPITRE XXXII

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Je suis tellement choquée par la situation que je n'ose même pas regarder le corps de l'être que j'aime tant. Je relève la tête, mes yeux sont déjà remplis de larmes. Puis je le vois. C'est comme si, pendant ce petit laps de temps, je l'avais oublié. Sa chevelure blonde qui ne m'est désagréablement pas inconnue, ses yeux bleus qui me fixent sournoisement, son arme qui s'abaisse pour se caler contre sa cuisse. Un étrange son guttural provient de lui. C'est un mélange entre un rire, un murmure, un étouffement. Est-ce que cet homme – que dis-je ?- cet adolescent vient de tuer Adam, le seul être qui me comprend ? Le seul être que j'aime ? Une larme coule, mais elle n'est strictement rien comparé à la douleur et la colère qui me submergent. J'ai envie de crier. J'ouvre la bouche, aucun son ne sort, je la referme. Je baisse les yeux vers le corps inanimé d'Adam, puis c'est un choc. Zed vient de tuer Adam. Je tombe sur le sol, tordue de douleur, de sanglot. Des pas rapides se dirigent vers moi et c'est quand je me retourne vivement que je vois Zed à un pas de moi.

« Il ne te méritait pas. Dit-il, d'une voix beaucoup trop sûre à mon goût. »

Il vient de tuer Adam. Je dois le tuer. Simple logique des choses. D'un mouvement trop vif pour lui, je lui colle mon poing dans la tête. J'ai à peine mal à la main. Ça veut dire que je n'ai pas tapé assez fort. Pourtant, lui, il a l'air assez sonné. Il a à peine eu le temps de tomber que j'ai déjà sauté sur lui pour le rouer de violents coups. Je le secoue, je le frappe, je lui hurle dessus et l'inonde de mes larmes tandis qu'il fait de son mieux pour bloquer mes attaques ( ce qu'il fait très mal d'ailleurs). Il me pousse brutalement, mais je suis déjà debout. Lui aussi. Un combat au corps à corps ? Ça me tente. Bon j'ai peut-être omis un léger détail. L'arme. Elle est à nouveau fixée sur moi, dans les mains à peine tremblantes de cet ignoble être. Mais pour qui il se prend ? J'ai envie de le détruire. Les mots sortent de ma bouche sans que j'ai le temps de les arrêter.

« PERDERO ! »

Tout deviens gris, comme l'a décrit ma mère. Chaque petit brin d'herbe se recroqueville sur lui-même, le ciel blanc clair est maintenant gris foncé, comme à l'annonce d'un terrible orage. Puis je fixe Zed. Sans vraiment savoir ce que je fais, je pointe mon doigt sur lui, et il se met instantanément à hurler de douleur. Oui, Zed. Souffre comme tu me fais souffrir. Je fronce les sourcils comme pour augmenter sa douleur, cela semble marcher, d'après le niveau sonore de ses cris. Souffre encore plus. Tu n'as donc pas conscience de ce que tu m'inflige ? Ses hurlements et ses plaintes se transforment en supplications à mon égard. Il me supplie d'arrêter ? Articule, Zed, je ne comprends pas ! Je cesse enfin de le faire souffrir, cette chose n'a même pas le temps de se relever, je l'empoigne par le col de son stupide t-shirt et le plaque contre un arbre mort.

« PUTAIN QU'EST-CE QUE T'AS FAIT, ZED ? »

Je ne connais pas son regard. On dirait qu'il est humilié, triste, en colère, effrayé, fatigué. Je le hais tellement fort. Je le laisse salement tomber sur le sol et lui lance rageusement un coup de pied dans les côtes.

« Akina ! Arrête ! »

Je me retourne et vois... ma mère ? Putain qu'est-ce qu'elle fait là ? Très bonne solution pour qu'elle apprenne tout en deux secondes ! Elle évalue la situation d'un seul regard et se précipite vers Adam.

Le flambeau du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant