CHAPITRE XXIV

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Quand nous rentrons en classe, en interrompant le cours, tout le monde a les yeux braqués sur moi. Quelle agréable sensation ! Nous accédons à nos places, mais même en gardant la tête baissée pour sortir nos affaires, je sens le poids des regards toujours sur moi. Le prof nous donne un exercice à faire et s'arrête à ma table, tout au fond de la classe.

« - Tu vas bien Akina ? Si tu veux sortir dans le couloir pour respirer un peu, il n'y a pas de souci. »

En réalité, je vais très bien. Mais ce sont ces regards incessants qui me perturbent. J'accepte la proposition et sors sans bruit de la classe. Je m'assois à côté de la porte, sur le sol. Il s'est passé beaucoup de choses, ces dernières 24 heures. Ces deux dernières années aussi, soit dit en passant. Je ne sais pas quoi penser de Zed. Je ne sais PLUS quoi penser.

D'un côté, le fait qu'il soit un toxico et qu'il ait été violent avec moi me repousse, mais d'un autre côté, il m'aime toujours, il est prêt à faire des efforts et il a eu l'air de regretter profondément son geste. Mais je ne sais pas si tout ceci est réellement vrai ou juste une très jolie mascarade. J'envoie un rapide message à Adam pour lui expliquer la situation. Il faut vraiment que je le voie. Je laisse l'arrière de ma tête toucher le mur, et ferme les yeux. Des larmes d'angoisse roulent contre mon gré sur mes joues. C'est ce moment que le prof choisit pour ouvrir la porte, pour vérifier mon état. J'essuie précipitamment mes yeux, mais il l'a vu. Il m'invite à rentrer dans la classe et de récupérer mon sac : il m'envoie chez la psy du collège.

Ce prof est vraiment gentil, mais il rapporte encore plus l'attention sur moi. Tant pis, il essaye de bien faire ce qui fait partie de son métier. Je me retrouve donc pour la première fois derrière un bureau, et une femme à l'air totalement blasé. Je ne lui raconte que le strict minimum, de toute façon elle ne m'écoute pas. Elle me donne un mot me donnant le droit de quitter le collège. Après que le lourd portail se soit refermé derrière moi, je commence à marcher vers ma maison. Une grande main vient se poser doucement sur mon épaule, me faisant quand même sursauter. Pendant la milliseconde où je ne connais pas l'identité de cette personne, mon cerveau a le temps de se dire : Qu'est-ce qu'il va se passer, encore ?

C'est Zed. Je ne sais pas quoi faire du tout. Je remarque qu'il a les yeux rouges. Je plisse les yeux et je me demande s'il se fout de moi.

« Non, j'ai pas fumé. »

Ha, il a deviné ce que je pensais. Il commence à bien me connaître. Est-ce que c'est une bonne chose ? Je divague.

« - Tu as... pleuré ? »

Il baisse les yeux. Évidemment, aucun garçon comme Zed ne m'avouera ouvertement qu'il a pleuré. Il me laissera le déduire. Son visage est dur et triste. Il a un mouvement vers moi, et je recule très vite, jusqu'à ce que je me rende compte qu'il voulait me prendre dans ses bras.

« - Je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée, Zed.

- S'il te plaît, je ne veux pas te faire de mal !

- Tu fais bien de me le dire.

- Je suis désolé pour tout à l'heure je... ça m'a rendu tellement triste tout d'un coup que je n'ai pas su comment réagir. Je ne voulais pas te faire de mal, j'étais juste très en colère. Tu m'en veux ?

- Oui.

- Est-ce que je t'ai fais mal ?

- Non.

- Akina, parle moi s'il te plaît! Parle moi vraiment ! »

Il y a tellement de tristesse dans sa voix que ça me rend triste pour lui.

« - Mais que veux-tu que je te dise Zed ? Tu m'as frappée il y a à peine quelques heures, j'ai appris par une amie que tu étais dealer, avec Kevin ! Clairement, que veux-tu que je te dise ?

- Est-ce que tu m'aime encore ?

Le flambeau du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant