CHAPITRE XIII

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Le soir, je sors pour m'aérer le cerveau. Je marche jusqu'à la forêt, dans laquelle je me transforme, puis m'assois pour réfléchir 5 minutes à la vie. Je marche encore un peu et j'entends des voix. Je m'approche pour voir qui parle et plus je les entends distinctement, plus j'ai peur de ce que je vais découvrir. Une voix m'est particulièrement familière. Je me cache derrière le tronc d'un arbre pour respirer profondément. À présent, j'ai vraiment la frousse. Je me penche pour voir ce qu'il fait. Non. Mes yeux s'agrandissent de peur, de déception, de tristesse. Zed, mon Zed avec Kevin, un paquet blanc à la main. J'ai envie d'aller les voir, mais ce n'est pas possible. Hé mais j'y pense ! Je suis une elfe, j'ai une force surhumaine, et personne ne m'a jamais vue sous l'apparence que j'ai actuellement ! Je sors donc de ma cachette pour m'approcher d'eux, un masque d'indifférence sur le visage, et un bonnet sur la tête pour cacher mes oreilles. Quand ils me voient, le petit paquet blanc disparaît sous le manteau de Kevin, remplacé par un air innocent sur son visage boutonneux.

« - Bonjour, madame. Me dit Kevin

(oulà, ça fait bizarre de l'entendre m'appeler madame...)

- Salut, dis-je, c'est quoi, ce que vous avez là ? (Ne pas regarder Zed, ne pas regarder Zed, NE PAS REGARDER ZED !)

Le petit paquet réapparaît, comme par magie, entre ses mains.

- On veut bien vous le dire si vous promettez de ne le dire à personne et si vous nous donnez votre petit nom, dit la bouche que j'ai embrassé il n'y a pas plus longtemps que quelques heures.

- Ak... Dezba. Je m'appelle Dezba (ça veut dire partir à la guerre, ça correspond assez à mon sentiment actuel.)

Kevin s'approche de moi, dans une attitude qu'il veut être séductrice.

« - C'est de la drogue, me chuchote-t-il à l'oreille. »

Je peine à masquer mon dégoût. Kevin, me chuchoter à l'oreille ! Berk ! Soudain, je n'y tiens plus, la discrétion peut aller se faire voir.

« - Et tu prends de la drogue, toi ? Dis-je en me tournant vers Zed.

- Bah ouais, c'est drôle !

- Mais t'as que 15 ans ! »

Ses yeux s'agrandissent. Merde ! Mais t'es débile Akina ou quoi ? Il me regarde maintenant en fronçant les sourcils.

« - Comment tu sais que j'ai 15 ans ? Tu me connais pas !

- Cherche pas mon pote, c'est une espionne ! S'écrie Kevin. Hein c'est ça ? Me hurle-t-il tandis que je marche à reculons et que je recherche une solution pour me sortir de ce pétrin, alors que les deux adolescents me toisent en avançant vers moi. T'ES UNE FOUTUE ESPIONNE DE PABLO MARTINEZ !

- Non, mais je... »

Je suis découverte. Pas complètement ni justement, mais ils ont remarqué que c'était louche. En une seconde à peine, même pas le temps de cligner des yeux, Zed m'a attrapé le bras, et me serre très fort. J'essaye de me dégager avec ma main libre mais il est trop fort. Je ne veux pas lui faire de mal, moi ! Tant pis, il m'a menti, si je lui fais du mal, il l'aura cherché. Je puise la force au fond de moi et je me dégage d'un grand coup, tellement fort qu'il tombe par terre. Il me regarde avec une lueur de peur dans les yeux. Ça me fais tout drôle de le voir me regarder comme ça... Jamais il n'aurait cette expression si il me regardais sous ma forme humaine. Kevin se prépare à me frapper le visage mais je bloque son poing serré d'une main, le retourne et lui donne un coup de coude rageur dans le ventre. Depuis le temps que je voulais faire ça ! Je le balance à son tour sur le sol et me retourne pour m'enfuir mais Zed me tient la jambe, il me fait mal ! Tandis que je tire comme une forcenée sur ma jambe, je vois un poing inconnu s'abattre sur mon copain. Puis, je sens la main qui m'attrape et qui me tire très fort tandis que ma jambe est libérée. Mon sauveur s'engage vers les profondeurs de la forêt, toujours en me tirant le poignet. Je tourne la tête pour le voir, mais il regarde devant lui... Tout ce que je peux savoir de lui c'est qu'il est grand et qu'il a des cheveux mi-longs (de derrière en tout cas) et noirs. Il a une poigne assez puissante. On court pendant pas mal de temps, jusqu'au moment où il déclare d'une voix grave : « Je pense qu'ici, ça ira... » C'est à ce moment qu'il se retourne et... noir.

Le flambeau du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant