CHAPITRE XIX

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Je suis un peu nerveuse à l'idée de revoir Adam mais je le retrouve pour mon entraînement, même endroit, même heure. Quand je m'approche de lui, je me demande s'il va me faire une démonstration de ce que je vais apprendre avant même de me dire bonjour. La réponse est oui. Il me prend la main, et alors que j'essaye de ressentir quelque chose qui pourrait se produire en moi, il se retourne, tout en me tenant la main, et me pointe du doigt quelque chose. Je suis la direction qu'il m'indique des yeux et vois une petite construction semblable à un tipi. Il tourne à nouveau son visage vers moi, quand soudain, le tipi prend feu. Après le moment de peur passé, je m'approche doucement de la flamme agressive, en lâchant la main d'Adam. Au fur et à mesure du rapprochement, je sens la chaleur qui émane de l'ancien tipi. Je rapproche mes mains, mais au moment où je veux toucher la flamme, elle s'évapore dans les airs, comme tout l'édifice d'ailleurs. Je constate les cendres, et me retourne vers Adam avec un regard étonné, et celui-ci me sourit. Il a de belles dents blanches. Pendant un moment, je reste obnubilée par ce sourire craquant.

« - Sympa, non ? »

Je hoche la tête, toujours la tête dans les nuages.

« - Je... vais apprendre à faire ça, moi?

- C'est super facile!me rassure-t-il, tiens, pendant que je vais chercher des trucs, entraîne toi à nouveau sur la lévitation ! »

Il ne me laisse pas le temps de répondre, il a déjà disparu entre les feuilles. Je vise la petite pierre et essaye de me rappeler comment on fait. Je prononce la formule, ma paume devient verte, mais le caillou ne fait que trembloter. Je décide me mettre en tailleur, et de réitérer le processus. Je ferme les yeux, essaye de sentir l'objet dans ma main, tournée vers le ciel. Mes épaules se décontractent lentement, suivies de mes bras, mon dos, et mes jambes. J'ouvre doucement les yeux, et suis satisfaite de la pierre, qui est à une dizaine de centimètres du sol. Je cède à la tentation de la faire parvenir jusqu'à moi. Je me concentre jusqu'à plisser les yeux, et imagine que je tire la pierre vers moi à l'aide d'une ficelle. Elle volette vers moi, mal assurée.

« - Tu as progressé dis donc ! »

Je sursaute et la pierre tombe sur le sol avec un bruit mat. Je me retourne vivement et toise Adam avec un regard accusateur. Voyant mon courroux, il se contente de rire à gorge déployée et de se rasseoir un peu plus loin . Bien que je sois énervée, je partage sa bonne humeur et me met à rire également. Je me lève et regarde ce qu'il fait au-dessus de son épaule. Il a fait un petit bonhomme en bois et en herbe. Je suis impressionnée par sa dextérité ! Sentant que je l'observe, il lève la tête, croise mon regard et rougit. Il baisse à nouveau la tête et termine le petit sourire du bonhomme avec un brin d'herbe. Il se lève maladroitement, ce qui dénote avec son habileté à faire de jolies petites choses. Il me montre sa poupée du menton et me dis de l'incendier.

« - Heu, dis-je doucement, comment je fais ?

- La formule c'est Ignites.

- Heu... d'accord. Je vais essayer. »

Mal assurée, je prononce la formule et je ne vois qu'une pauvre volute de fumée s'échapper de la touffe d'herbe qui sert de chevelure à la figurine.

« - En fait, essaye de faire comme pour l'autre formule, ce sera toujours pareil. Tu dois ressentir la chose en toi, ou au moins dans ta main.

- Je dois ressentir une brûlure ? Dis-je, horrifiée.

- En principe oui, mais cette formule est ultra facile, pense déjà à de la chaleur, ça marchera mieux que si tu ne penses à rien...

- Hum, OK. »

Je recommence en essayant de sentir de la chaleur entre mes doigts, tandis qu'ils se colorent de rouge. Je pense à quand je touche un radiateur tandis que la fumée deviens de plus en plus épaisse. Je pense à la sensation bienfaisante que j'ai ressentie tout à l'heure en me rapprochant de la flamme et la mienne apparaît, toute petite. J'entends un petit murmure d'approbation de la part d'Adam. Je pense au moment où je me suis brûlée contre une cigarette étant plus petite, et la flamme grandit encore et encore. J'arrive à me faire ressentir la sensation de brûlure, en enlevant la douleur si c'est possible. La flamme doit mesurer environ 15 centimètres de hauteur ! Je me déconcentre en me tournant vers Adam pour voir son avis sur son visage, et la fumée s'en va dans un petit souffle de vent.

Le flambeau du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant