Chapitre 13

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PDV Shawn :

Nous étions samedi. Celui de la semaine de sa disparition. Ce matin-là, j'avais reçu un appel de son père, monsieur Blackrain, qui me demandait de venir le voir. Il m'avait dit que c'était urgent. 

C'est pourquoi je me retrouvais en plein week-end à neuf heures sur le chemin du manoir.

Je parcourus le trajet habituel et me postai devant la porte d'entrée. Ce fut une domestique qui vint m'ouvrir. Étrange...

Celle-ci me conduisit jusqu'au salon où m'attendait le couple. Madame Blackrain, de son prénom Julie, pleurait sans retenue sur l'épaule de son mari. Ce dernier leva les yeux vers moi et me fit signe d'approcher. J'obtempérai en prenant place sur le canapé. La fréquence des soubresauts diminua et elle tourna son visage baigné de larmes dans ma direction.

 - Jeune homme, commença-t-elle. Comment allez-vous ?

 - Mieux que vous, je suppose. Puis-je savoir ce qui se passe, monsieur ?

 - Il vaut mieux que je vous montre ; ce sera plus compréhensible.

Sur ce, il se leva, lâcha la main de son épouse à contre-coeur et la soutint silencieusement dans un regard réconfortant. Puis, il m'invita à le suivre dans une pièce juxtaposée. Un écran plasma était allumé et attendait patiemment qu'on l'utilise. Ce que fit Edouard, le père de Luna : il réinséra le disque qui s'y trouvait déjà, dans le lecteur. L'image grésilla un instant avant de devenir complètement nette. Au centre, Luna. À côté, une femme. D'une cinquantaine d'années je présumai.

La jeune fille blonde était attachée à une chaise en bois. Elle paraissait apeurée mais tentait de le dissimuler derrière un masque neutre. La femme dit tout haut : 

 - Que le spectacle commence !  

Elle s'approcha dangereusement de Luna et s'empara d'une arme blanche posée à côté de celle-ci. Avec un sourire diabolique, elle joua avec la lame entre ses doigts et la saisit fermement tout en fixant sa proie. Tel un prédateur.

Puis, le fer caressa la mâchoire de mon amie et je la vis frémir.

Je serrai les poings et les dents en voyant le fil de la lame s'enfoncer dans sa chair. Un filet de sang coula le long de son cou et vint tâcher son haut. Les larmes au bord des yeux, elle se crispa et ferma ses paupières.

 - À quoi cela vous sert-il ? Parvint-elle à demander.

 - Ton père doit souffrir comme je l'ai vécu. Mais ce n'est pas la seule raison : mes coéquipiers que tu as rencontrés tout à l'heure attendent une certaine somme de ton paternel. Comme ça, nous faisons d'une pierre deux coups.

 - Donc, je suis un appât pour une rançon ?

 - En quelque sorte, sourit-elle.

Et elle continua sa lente torture. Jusqu'à ce que je sente que Luna allait craquer et crier.

Mais, lorsqu'elle entrouvrit ses lèvres, ce ne fut pas pour la supplier d'arrêter. Mais pour chanter : les premières paroles de One in a million de Midnight To Monaco résonnèrent dans la petite pièce. Sa voix était moins puissante que d'habitude mais l'émotion et la douleur se faisaient largement ressentir. Son souffle court trahissait également sa souffrance.

Je compris de suite que le courage de cette fille dépassait tout ce que j'avais pu imaginer ; elle se servait d'une de ses passions contre le mal qu'on lui infligeait et ne voulait montrer aucune faiblesse face à son oppresseur.

J'enviais beaucoup cette qualité, surtout à cet instant, dont je n'avais pas su profiter pleinement ces derniers mois.

Puis, la voix de la vieille dame recouvrit la douce mélodie : 

DEALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant