Chapitre 9

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- C'est beaucoup mieux comme ça ! s'extasiait Anthony.

- Tu es sûr ? insistais-je

J'étais habitué à mes bandes collées à mon corps. J'avais pris l'habitude de les porter tous les jours et le coup de main pour les installer me venait automatiquement désormais. Ce binder me faisait mal et serrait mes seins si bien qu'il les rendait invisible. Cela faisait l'effet escompté en tout cas

- Ouais c'est plus naturel. Et ce sera plus pratique pour toi.

- Pratique ?

- T'es vraiment obtus des fois, Sam ! Moins de temps à installer et comparé au bandage il ne risque pas de prendre la poudre d'escampette.

- Si tu le dis.

On continuait de se disputer alors que tout le monde s'affairait autour de nous, réglant les derniers détails sur les modèles, la lumière,... Le défilé était prévu pour demain et Anthony et moi avions passaient des nuits blanches à finir notre dernier projet. Il n'arrêtait pas de stresser en se demandant si c'était une bonne idée et qu'il ne devrait plutôt mas choisir la voie de la sûreté. À chaque fous il me demandait mon a mis et je lui répondais d'un haussement d'épaule. Cela avait le don de l'exaspérer et de le faire stresser encore plus. De temps en temps, Marie me retrouvait pour jouer avec les nerfs de son frère. Quelques fois nous étions accompagnées par Ruby mais qui n'arrêtait pas de s'en vouloir de torturer ce jeune homme.

- Ah vivement la fin de la semaine ! J'ai des heures de dodos à rattraper, râlait encore Anthony.

- Mais oui bien sûr, monsieur grognon.

- Tu ne me crois pas ?

- Je crois plutôt que tu partiras fêter ton fin d'études dans les bars et pas dans ton lit.

- Tu sais on ne fait pas que dormir dans un lit, Sam, dit-il avec une voix de débordant de sous-entendu.

- Je sais.

- Mais où est passé mon petit Sam qui rougissait à la seule mention d'un phallus ?!

- Tu dois pouvoir le trouver sous ma botte gauche.

Il partit à rire et je fus obliger de le rejoindre. Selon ma mère j'étais l'enfant le plus pudique du monde et elle était la seule personne à pouvoir changer mes couches. Je ne laissais même pas les nourrices m'approcher. Si bien qu'elle me répétait souvent que je sentais l'infection les soirs où les filles avaient abandonné l'idée de me changer. Très classe, je suis au courant.

Je marchais derrière Anthony, tout le monde commençait à ranger, se préparant à partir. Demain c'était le grand jour et je sentais le stress de tous les élèves stylistes grimper le long de ma colonne vertébrale.

- Tu dors à la maison ce soir ?

- Serait-ce un rendez-vous monsieur le styliste ?

- Pas du tout, je sais très bien que vous avez renoncé au plaisir de la testostérone depuis longtemps. Je tiens juste à m'assurer que mon modèle restera en un seul morceau jusqu'à son dernier passage sur le podium.

Je lui frappais l'épaule en riant.

- Allons-y de toute façon il n'y a personne à la maison.

Anthony démarra sa voiture et nous conduisit à sa maison. Manifestement ses parents étaient au courant du petit squat que je m'autorisais chez eux puisque quand nous arrivions dans le salon, il y avait une assiette en plus sur la table.

- Bonjour Sam. Prêt pour le grand jour ?

- Autant que je peux l'être.

- C'est vraiment dommage que tes parents n'y assistent pas.

- Vu sa mère c'est préférable, murmura la mère de Marie si bas que je crus que j'avais rêvé.

Pendant un instant j'avais l'impression d'avoir décelé une certaine animosité d'Andrea, mon hôtesse, envers ma mère. Pourtant j'étais sûr que mes parents et ceux de Marie de connaissaient depuis toujours et étaient de grands amis, qu'ils formaient un groupe comme celui dans lequel nous, leurs enfants, étions. Son mari lui pressa le bras avec un sourire penaud, ne faisant que confirmer mes doutes. Ou peut-être que comme d'habitude, je me faisais des films pour rien puisque Andrea et John échangèrent un baiser.

- Ouais trop cool je vais avoir un petit frère ! Hurla Marie en déboulant des escaliers.

Ses parents se séparèrent en la réprimandant. On s'assit à table alors que Marie m'y un film à la télé, nous forçant à tous venir manger dans le canapé. La mère de Marie nous avait préparé des hamburgers maisons et je saurais de joie ce qui n'était pas le cas d'Anthony.

- Je vous préviens si mon modèle ne peut pas rentrer dans ses vêtements demain, je vous tiendrais responsable de mon zéro pointé.

- Dit que je grossis rapidement aussi ! m'offusquais-je.

- J'ai du faire des retouches 3 fois !

- Parce que j'avais maigri !

- Bon le couple, arrêtez de vous disputer ! fit Marie en levant les yeux au ciel.

On se rassit dans le canapé, une moue sur le visage, pas très heureux d'avoir été réprimandé. J'envoyais rapidement un message à Ruby qui me demandait si tout c'était bien passé aujourd'hui. Je ne savais pas où en était notre statut de relation. Est-ce qu'on était en couple ou si c'était juste pour nous amuser de temps en temps. Même si on avait pas passé le stade du pelotonage. Je laissais les choses se faire naturellement, Ruby menant la danse.

- Alors ça avance avec ta chérie ?

- Pas vraiment, on va à son rythme. Je sais même pas si elle est déjà sortie avec une fille avant. Alors on va voir.

- Peut-être que a
a aurait été plus simple quand elle pensait que t'étais un mec mignon.

- Et j'aurais dû rester abstinent ? Hors de question.

Marie pouffa alors que je lui souriais gentiment en la prenant par l'épaule.

- De toute façon tout le monde sait que tu es mon seul amour.

Elle rougit comme à chaque fois que je lui faisait cette blague et je savais qu'elle n'allait pas tarder à changer de sujet.

- Mmh... Tu sais que tout le monde vient demain ? Ça va être géant.

Je me remis en place, les mains derrière la tête.

- Mathieu aussi ? De toute façon il a pas le choix lui.

- Mais oui il sera là ton chéri.

Elle s'allongea en mettant sa tête sur mes jambes.

- Tu peux me raconter encore ta rencontre avec Mathieu.

Je pris une profonde inspiration et chauffais ma voix de manière exagérément théâtral :

- Il était une fois une petite fille qui allait à l'école pour la première fois de sa vie. Elle alla dans la classe rose bonbon et s'assit à une table. Un petit garçon aussi effrayé qu'elle par la couleur de la tapisserie s'assit à ses côtés. À la récré, ils demandèrent tous les deux en même temps un ballon de basket. C'est ainsi que commença une grande histoire d'amitié qui dura pour l'éternité.

- Attends... Quoi ? Je croyais que tu l'avais sauvé d'une bande de collégiens racketteur.

Je lui avais raconté cette version alors que nous étions en soirée. Je ne savais pas qu'elle pensait que c'était la vérité et je le mis à dire encore une fois :

- On est pas dans un film d'ado, Marie. Les rencontres exceptionnelles ça n'existe pas.

Tomboy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant