Chapitre 10

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- Je te préviens tu n'as pas intérêt à te louper ! 

- Ne t'en fais pas Antho, tout va bien se passer ! 

En réalité je stressais encore plus que lui, voir les gens stresser me faisait stresser. Automatiquement. J'étais habillée des vêtements pour le premier passage : la veste cloutée et le débardeur savamment déchiré. mes maigres chevilles battaient contre le cuir des bottes alors qu'une des coiffeuses continuait d'arranger mes cheveux courts et rebelles. Une maquilleuse m'appliquait de l'eyeliner noir, me donnant ainsi des vaguements de méchant. 

- C'est bientôt à toi ! 

Je m'avançais au milieu de toutes les autres mannequins en robe et autres vêtements, j'avais l'impression d'être simple à côtés d'eux et d'elles. Le podium fut enfin dans mon champs de vision, long et impitoyablement éclairé, les applaudissements des parents et autres photographes et chercheurs de talents retentissaient dans mes oreilles me donnant envie de fuir au loin. La mannequin derrière moi sentait ma peur et me poussa légèrement dans le dos :

- Allez courage, je t'assure qu'une fois que tu seras sur le podium, tu ne penseras plus aux gens autour. Contentes toi et marcher droit devant, de tourner et de revenir.

Je lui souris et pris une profonde inspiration, remodelait l'expression de peur sur mon visage afin d'en faire une plus neutre et de m'élançait sur la piste. Elle avait raison, dès que j'avais posé mon pied dans la lumière, tout me semblait en retrait et que je ne voyais plus que là où je devais marcher. Le bruit qui m'avait semblait si assourdissant étant désormais aussi embarrassant que la caresse d'une main sur une joue. Je fronçais les sourcils devant la forte lumière des projecteurs et je retournais en arrière alors que la fille qui m'avait encouragé passait à son tour en me faisant un petit sourire en coin. C'était une moquerie ? Ou le signe que j'avais réussi ? Peu importe j'avais pas beaucoup de temps pour changer de tenue alors dès que j'étais sortie de scène, je me mis à courir jusqu'à Anthony pour changer de tenue. je vissais la casquette sur ma tête et enfilais la chemise pendant qu'un garçon m'enlevait le noir sur mes yeux pour le remplacer par un maquillage plus naturel me donnant un air plus masculin. Il travaillait si vite que je ne voyais même pas sa main bougeait. Anthony me donnait quelques conseils :

- Maintenant essayes une autre démarche. Abandonnes ton air de méchant et deviens plus naturel et cool. Souris leur. 

- Anthony, c'est au tour de ton mannequin !   

Je retournais sur le podium, beaucoup plus détendu. Je souriais, dévoilant mes dents blanches au public que je ne voyais et continuais d'avancer avec un sourire malin. 

Dans la loge, Anthony préparait déjà mon dernier passage et quand j'arrivais, je voyais la sueur dégoulinait de son front alors que j'arrivais en pressant le pas. Il me sourit en me demandant de me déshabiller au plus vite et il m'aida à enfiler la longue combinaison. Quelqu'un l'aida à maquiller un de mes yeux et une partie de mon visage afin d'en exagérer le côté féminin.

- Anthony ! entendis-je une voix hurler de l'autre côté de la porte. 

- Ouais ouais ! paniquait mon styliste. Bordel ,soit original qu'ils disaient, leur originalité je leur foutrais dans le cu...

- Cocotier. N'est-ce pas, tu voulais dire cocotier ? 

- Ouais, bien sûr.

Il continuait de marmonner dans son coin et réglant les derniers détails sur mon veston. 

- Anthony ! 

- Ouais c'est bon j'ai compris ! Il arrive ! hurla-t-il. 

Il commençait sérieusement à perdre patience et j'étais prête à le retenir si jamais il l'envie lui prenait d'aller frapper notre cher organisateur. Il ajouta encore quelques touches aux vêtements avant d'hurler que tout était prêt. 

- Allez monte sur le podium et défonce tout ! 

Je lui fis un salut militaire avant de courir vers le podium. Je m'arrêtais juste devant, attendant que mon coeur reprenne un battement à peu près normal et retournais sous les projecteurs. La même impression que les deux premières fois se produisit et je sentis une boule de fierté gonflait dans mon ventre quand j'entendis quelques hoquets d'étonnements dans le public. J'évitais de me tortiller de gêne, il y a avait à on coup un peu trop de choses féminines sur moi à ce moment-là. Je marchais jusqu'au bout, fis un tour et revins dans le coulisses sans heurts. Anthony sauta dans mes bras, criant son soulagement et tous les élèves furent appelé à monter sur scène alors que je partais me changer. 

Marie vint me retrouver dans la loge et m'aida à enlever mes derniers accessoires. 

- Tu as été  génial ! Tu m'as pas vu, j'étais au premier rang ! 

- Avec tous ces projecteurs dans la face, j'étais même pas sûr de savoir où je marchais. 

Elle rit alors que la pression redescendait dans tout mon corps. 

- C'est un truc de dingue ce qu'il vient de se passer. T'aurai vu quand t'as débarqué dans ta dernière tenue, tout le monde était choqué. C'était énorme à voir. Il y a un tas de personnes qui cherchent à avoir qui tu es ! Heureusement que ton e-mail et tes réseaux sociaux étaient sur le descriptif du défilé. 

- Attends quoi ? 

- Anthony me les a demandé. Ce défilé sert d'examen final aux styliste mais il y a beaucoup de directeur de marques qui viennent chercher ici leur nouveaux apprentis en tant que stylistes... mais également de mannequins. 

Elle semblait heureuse de sa trouvaille et frappais dans ses mains alors que je restais médusé. 

- Imagines si tu es contactée ! Ça serait génial ! 

Elle reconnecta mes deux mâchoires et j'esquissais un sourire en enfilant enfin mes vêtements confortables et familiers. Je pris mon portable et vérifiais si j'avais bien récupéré toutes mes affaires qui se concentrée en un portable et un casque, avant de sortir de la loge. Les parents de Marie arrivèrent en même temps que ma bande d'ami qui vinrent me prendre dans leurs bras en me lançant quelques piques rigolotes par rapport à ma dernière tenue. Mathieu me sourit et fut celui qui me serra le plus fort dans ses bras :

- Je suis fier de toi ! Mon petit bébé a bien grandi ! 

Il faisait semblant d'être ému et je lui tapais l'arrière de la tête alors que Marie continuait d'enlever mon reste de maquillage :

- Tais toi Mathieu, t'es vraiment moche quant tu pleures. 

- Sans coeur, pleura-t-il. 

Je lui tapais dans le dos gentiment pour me faire pardonner  

- Allez on va fêter ça ! revint Anthony avec un grand sourire. 

Je lui tapais dans la main et on sortit du gymnase, dans le flot du public. Certaines personnes nous félicitaient, lui et moi pour notre prestation. Les parents de Marie et Anthony proposèrent aux garçons de les ramener à la maison où ils avaient organisé une petite fête. Seul Mathieu resta avec nous et on marcha sur le parking qui se vidait rapidement. Anthony leva la main et je frappais en plein dedans en le prenant par les épaules. On monta dans sa voiture avec sa soeur, heureux de notre réussite.    

Tomboy.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant