Chapitre 15: Justin.

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Lorsque Marc m'a prit en flagrant délit, je décidais de foncer dessus et il tombe à la renverse. Je ne sais pas du tout ce qui s'est passé dans ma tête, j'aurais dû trouver une excuse. Je l'entend hurler derrière moi, je cours de plus en plus vite. Je me cache dans la tente de l'infirmerie; Natasha n'est pas là. J'attend là quelques instants, en attendant d'être sûre que la voie est libre. J'espère que Marc n'a pas eu le temps de voir qui je suis.
 
Je repars discrètement de l'infirmerie, aucune trace de Marc. Je n'ai pas put prendre les autres lettres, j'aurais tant aimé en savoir plus.

Dans la soirée, Rose demande à me voir. Je me rends dans la tente de réunion, elle m'y attend, accompagnée de Emelynne.

-J'ai besoin de te voir, pour que tu m'aide à m'organiser. Nous allons devoir partir d'ici, ça peux devenir dangereux de rester trop longtemps. Normalement, nous devons changer d'emplacement environ tout les mois. Cela fait plus de quatre mois que nous sommes ici, et il est temps de partir. Il va falloir ranger tout ce qu'il y a au camps, comme si nous n'étions jamais venu, m'explique Rose.

-D'accord, où partons nous? la questionnai-je.

-Un peu plus au nord, à une cinquantaine de kilomètres d'ici. Il va falloir prévenir tout le monde. Nous nous retrouverons demain, à midi, autour du feu. A nous trois, nous allons devoir avertir tous les purpuras de la colonie. Ne leur dit pas la raison maintenant, ils le sauront bien assez tôt.

Je hoche la tête, puis repars. Je décide d'informer Jade en premier. Je prendrais en même temps de ses nouvelles, cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas parlé; depuis qu'Alicia est partit. Elle prépare à manger, adossée contre un arbre. Elle lève la tête et me regarde d'un air interrogateur.

-Que veux tu? me lance-t-elle, en m'examinant de la tête aux pieds.

-Bonjour, ironisai-je. 

-Bonjour Justin! Je repose ma question, que veux tu?

-Rose organise une réunion demain à midi, autour du feu.

-Pourquoi? demande-t-elle.

-Je ne dois pas te le dire, tu verras bien plus tard. Comment va Lumière?

-Ça ne va pas très bien, mais il reste en vie. Il déprime, Léana l'aide à manger, ce qui le sauve. J'espère qu'Alicia va bien, ça fait vraiment longtemps qu'elle est partit, me dit-elle d'une voix angoissée.

-Elle va bien, ne t'inquiète pas, répondis-je, en essayant d'être rassurant.

-Tu ne m'en veux plus? me questionne-t-elle.

-Par rapport à quoi?

-Je savais qu'Alicia allait partir, et je ne te l'ai pas dit, me dit-elle, la tête baissée.

-Je ne t'en ai jamais voulu, c'est ta meilleure amie, c'est normal que tu ne l'ai pas trahis.

-Je m'en veux tellement, je n'aurais pas du la laisser partir, se lamente-elle.

-Ce qui est fait, est fait, c'est trop tard pour la faire revenir. Maintenant on va l'attendre, je suis sure qu'elle reviendra.

-Merci, ça m'a fait du bien de t'en parler.

Elle sourit tristement, puis part dans sa tente. Je passe le reste de la journée à prévenir les purpuras de la réunion prochaine. Le soir, je suis épuisé, je m'endors immédiatement.

Le lendemain, c'est Lucas qui me réveille. Il est déjà midi, nous devons aller à la réunion. Je me lave et m'habille en vitesse, puis rejoins les autres auprès du feu. Rose a commencé son discourt. Elle les informe de notre départ, prévient que la route sera longue, difficile et dangereuse. Les personnes de notre colonie sont un peu apeurées, les mines joyeuses ont disparues. Lorsque Rose a finit, elle nous ordonne de commencer à ranger nos affaires.

Lucas et moi prenons la directions de notre tente. Nous prenons des sacs et rangeons nos affaires personnelles. J'ai un pincement au coeur quand je tombe sur le petit sachet qu'Alicia m'avait envoyé, au tout début des vacances d'été. C'est un sachet de toile bleue, qui contenait des informations pour que nous nous retrouvions. Un sourire béat se forme sur mon visage en me remémorant ce souvenirs; il me parait tellement lointain à présent, alors qu'il ne date que de quelques mois. Lucas éclate de rire quand il voit ma tête. Je lui balance mon oreiller pour qu'il arrête, ce qui ne fait que redoubler son fou rire. Je ne peux pas m'empêcher de me mettre à rire aussi.

À peu près une heure plus tard, nous avons fini de ranger nos affaires. Nous partirons demain, à l'aube.

Je suis réveillé très tôt, un des premiers de la colonie. Juliette me rejoint quelques minutes plus tard, elle me sourit puis s'assoie à côté de moi.

-Comment vas tu? Pas trop stressé par le voyage? me demande-t-elle, une tasse de thé chaud dans les mains.

-Ça va, tout devrait bien se passé normalement. Et toi?

-J'avoue que j'ai un peu peur, me dit-elle, la voix chevrotante.

-Ne t'inquiète pas, il ne se passera rien, dis-je, en lui caressant légèrement l'épaule, pour la rassurer. 

Elle me sourit gentiment, puis prend une gorgée de son thé.

-Tu penses encore à Alicia? m'interroge-t-elle.

Je suis surpris par sa question. Je sais ce qu'elle désire entendre, mais je ne veux pas lui mentir.

-Oui, toujours, elle me manque beaucoup. Je sais qu'elle va revenir, mais je ne sais pas quand. Je ne veux pas que l'on se dispute encore, tu n'aimes pas Alicia, j'aimerais juste que tu acceptes que je l'aime.

Elle se crispe, ne me regarde pas. Ses dents sont serrées, elle commence à se mettre en colère.

-Justin! Elle n'est même pas là pour toi, moi je suis ici!

-Arrêtes, je ne peux jamais te parler sans que tu m'énerves à la fin. Laisse moi faire ma vie.

-C'est la fatigue qui me rend insupportable, je suis désolée.

Elle se jette à mon cou, me serre dans ses bras. Je n'ose pas la repousser, mais je ne l'étreint pas. Je me sens gêné, comme si je trahissais Alicia. Pourtant, Juliette n'est rien d'autre qu'une amie. Je me dégage doucement, et lui sourit.

-Justin, je suis sure que l'on pourrait se voir sans se disputer à chaque fois, me dit-elle d'une voix douce.

Je lui souris faussement, puis pars dans la forêt; la laissant seule.

  

Les Âmes rebelles, Livre IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant