Les Âmes rebelles, Livre II

Chapitre 29: Justin.

Je restais les bras ballants à côté de la rivière, encore troublé par ma conversation avec Alicia. Elle m'a dit qu'elle ne m'aimait plus aussi. Hors je n'ai jamais dit que je n'avais plus de sentiments pour elle. Refusant que cela se termine ainsi, je pris la direction dans laquelle elle était partie.

Au bout de quelques minutes, je l'aperçu. Elle était recroquevillée sur elle même, je n'osais pas m'approcher. Lentement, je me dirigeais vers elle​, puis m'assis à ses côtés.

-Alicia...

Les yeux rougis, elle me lança un regard plein de haine.

-Je n'ai jamais dit que je ne t'aimais plus, murmurai-je.

-Tu as dit "on s'aimait", c'est du passé si tu sais parler correctement, me lance-t-elle méchamment.

Ignorant sa pique, je me penchais vers elle et l'embrassais avec fougue. Je la sentis se crisper sous moi, puis elle s'accrocha à moi et répondit à mon baiser. Nos lèvres s'unissant désespérément, je sentis le goût du sel en contact avec ma bouche. J'essuyais ses larmes et l'embrassais de nouveau, m'accrochant à elle comme si ma vie en dépendant.

-Je t'aime putain, je pense à toi chaque jour et je ne peux, ni ne veux, vivre sans toi, murmurai-je d'une voix rauque.

-Je sais... Je suis désolée, me dit elle, avant de m'embrasser de nouveau.

Enlacés l'un à l'autre, nous restons là jusqu'au coucher du soleil. Nous rentrons ensuite au campement, main dans la main. Je l'embrassait brièvement une dernière fois, puis partis dans ma tente.

Le lendemain matin, je rejoignis Alicia et Léana, qui s'étaient assise un peu à l'écart. Nous mangeons ensemble, puis allons nous promener. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu Alicia aussi souriante. Rien ne sera comme avant, comme elle me l'a clairement fait remarquer, nous nous contenterons de ce qu'il nous reste.

Après plus de neuf mois à vivre dans la nature, je pensais vraiment m'habituer à tout cela. Pourtant, je sens toujours la faim me tirailler, lorsque les purpuras libres ne peuvent pas nous apporter de nourriture pendant quelques jours. Cela fait une semaine qu'ils ne nous ont rien apporté. Deux jours que nos réserves de nourriture sont épuisées. Alicia, en tant que chef, a ordonné de faire quelques groupes pour aller patrouiller autour du camps. En attendant, nous mangeons ce que la nature nous offre, malheureusement, ce n'est pas assez pour nourrir une colonie d'une cinquantaine de purpuras. Nous avons tous peur que les purpuras libres se soient fait arrêter, ou pire, tuer.

Les nerfs sont à vifs, des disputes commencent à éclater. Un homme avait gardé une boîte de conserve dans sa tente sans rien dire à personne; ce qui a provoqué un grand conflit mêlant cinq hommes. Rose arrivait à se faire entendre en ne prononçant qu'un mot, ce qui n'est pas le cas d'Alicia. Les purpuras ne la respectent pas encore assez. Heureusement, Rebecca a eu la présence d'esprit d'aller voir Emelynne, et elle arriva à les résonner.

Après cet incident, nous savions qu'il fallait absolument trouver une solution. Nous ne pouvions pas continuer ainsi, nous sommes de plus en plus faible, de jours en jours. Nous décidions de partir plus loin pour voir s'il n'y avait pas des traces des purpuras qui devaient nous apporter nos biens. Nous formons trois groupes, le premier dirigé par Alicia, le second par Emelynne et le troisième et dernier, par moi. Alicia pense qu'il est préférable que nous soyons séparés, car nous ne savons pas comment pourrait réagir les autres si nous trouvons la nourriture.

En début d'après midi, je partis donc, accompagné de Lucas et Juliette. Cette dernière ne me parle plus vraiment depuis qu'Alicia est revenue, ce qui m'arrange fortement. J'étais d'ailleurs surpris de la voir se proposer pour venir avec moi; Alicia aussi, vu l'expression de dégout qu'elle a fait. Je savais qu'elle ne voulait pas que nous soyons ensemble. Malheureusement, nous étions le dernier groupe à être formé.

Après une demi heure de recherche, dans le plus grand des silences, nous n'avions toujours rien trouvé.

-Eh, il y a une grotte là bas. Ça pourrait être une bonne cachette si les purpuras avaient eu besoin de déposer nos biens quelque part, fit remarquer Juliette.

-Oui tu as raison, allons voir, proposai-je.

Nous escaladions la roche à mains nues, puis j'allumai une petite flamme pour mieux voir à l'intérieur. Une déception cuisante s'éprit de moi lorsque que je remarquais​ que cette grotte était vide.

Quand la nuit commença à tomber, nous décidions de rentrer. Arrivé au campement, je cherchais Alicia des yeux. Je la trouvais avec Emelynne, prise dans une conversation agitée. A peine avais​-je le temps d'ouvrir la bouche qu'elle me mit un papier froissé et jauni dans la main. Je le lus rapidement et mon coeur manqua un battement.

"Faites attention à vous, des custodias trainent par ici."

-Nous avons trouvé la nourriture, au nord en longeant la rivière, m'informe Alicia.

-Qu'est ce qu'on fait? On peut pas rester là si des custodias ont réussi à venir par ici. Même s'il n'ont pas encore trouvé notre campement, ça ne saurait tarde, dis-je le plus calmement possible.

-Tu as raison, sauf que partir, c'est prendre le risque de tomber sur eux. Hors nous somme près de cinquante personnes, on ne peut pas dire que nous sommes discret, ironisa-t-elle.

-Qu'est ce que tu proposes?

-Nous en parlions avec Emelynne avant votre arrivée. On pense que nous devrions faire des groupes, et prendre plusieurs directions. Nous nous rejoindrons à un endroit donné, explique-t-elle, en regardant vers Léana qui jouait au loin.

-Ça me parait possible, même si c'est plutôt risqué.

-Oui, je sais, mais avons nous le choix?

-Tu as raison, nous ne pouvons pas prendre le risque qu'ils nous trouvent. Et si nous les voyons lorsque nous exécuterons le changement de camps, ils seront sans doute en infériorité numérique, et l'effet de surprise jouera en notre faveur.

-Alors c'est d'accord, nous feront ainsi? me demanda-t-elle en m'interrogeant du regard.

-C'est la meilleure solution, on doit tenter le coup.