Chapitre 32: Alicia.

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Nous sommes restés une semaine de plus dans les Vosges, puis sommes partis en direction de Genève. L'arrivée s'est faite hier. Aucune trace des custodias dans les parages pour l'instant. Les deux chefs des purpuras, Emy et Arthur, arrivent d'ici deux à trois jours. Je leur ai expliqué tout ce qui se passerait à Genève, et ils ont de suite accepté de venir en renfort. Nous sommes une centaine, préparés et déterminés; sous l'effet de surprise, ils n'ont presque aucune chance. Je sais qu'il ne faut pas s'avouer gagnant alors que rien n'a commencé, mais je ne vois pas comment nous pourrons vivre si tout cela échoue​; cette bataille est notre seul espoir.

Je passe la journée à jouer à des jeux de société avec Jade et Justin. Nous en avons trois, que nous alternons. A chaque fois que c'est un jeux de cartes, je les bat, ce qui énerve Jade.

-Pourquoi tu es douée en tout toi? C'est injuste! s'exclame-t-elle.

J'éclate de rire en l'entendant. L'ambiance est joyeuse aujourd'hui, cela fait du bien à tout le monde.

Le lendemain, Emy arrive, suivi d'une trentaine de personnes. Je suis ravie de la revoir, je n'avais plus qu'un vague souvenir de son visage. Je l'invite à venir dans la grande tente, puis elle nous annonce tristement qu'elle a perdu trois de ses camarades, dans une altercation avec des custodias. La nouvelle me fend le coeur, des jeunes garçons tués car leur seul désir était d'être libres...

Arthur nous rejoint dans l'après midi. Après avoir préparé des boissons chaudes, nous nous réunissons. Nous sommes sept, les chefs et leur assistants, plus Emelynne. Je leur dévoile le plan dans les moindres détails; ils m'observent en silence, hochant la tête légèrement de temps en temps. Une fois fini, ils annoncent chacun leur tour leurs idées supplémentaires. Pendant des heures, nous précisons chaque détail de cette grande attaque surprise. A force de réfléchir autant, un mal de tête de prend violement. Je propose d'arrêter un instant pour reprendre cette réunion ce soir.

Je prend la direction de ma tente pour me reposer. Une fois allongée, Lumière vient se blottir contre moi. Lorsque je me réveille, le soleil à déjà commencé à se coucher, Jade m'informe que j'ai dormi plusieurs heures.

Ce soir, le repas se fait dans la grande tente, accompagné des chefs et de leurs assistants. Toujours en parlant stratégie.

-Avez vous confiance en toutes les personnes de votre camps? me demande Emy.

-A vrai dire, pas vraiment. J'ai des doutes, pas forcement fondés, sur certains purpuras. Je voulais d'ailleurs vous en parler. Je pense qu'il serait préférable de révéler tout les détails du plan seulement quelques heures avant l'attaque.

-J'y ai pensé aussi, mais je ne suis pas sur que tout le monde soit d'accord, me confie-t-elle en me fixant.

Elle n'a pas tord en effet, je pense tout de même que ce serait plus prudent. Il y en a qui serait prêt à tout au cas ou tout ne se passerait pas comme prévu. S'ils nous dénoncent, ils entreront dans les bonnes grâces des custodias, et seront donc libres, que nous gagnons ou pas. Je sais que certains n'hésiteront pas, vivre caché en pleine nature n'est pas vraiment l'idéal; ils ne veulent plus de cette vie. D'un commun accort nous décidons donc que nous révéleront tout quelques heures avant seulement.

Le lendemain, je décidais d'écrire aux créatures qui on acceptés de nous rejoindre; le peuple des elfes, des sphinx et les centaures. Je les informe que nous devrons nous réunir demain. J'accroche les lettres à nos colombes, puis pars me promener. 

Léana et Lucille courent devant moi, sautant par dessus les grosses racines. Ce spectacle me rend si joyeuse que je ne me rend même plus compte que je souris. Les deux petites s'entendent à merveille, ma petite soeur a prit Léana sous son aile.

Au bout d'un moment, je crus entendre un bruit au loin. Intriguée, j'appelle les filles doucement pour qu'elle se rapproche de moi. Pensant à un animal, je ne m'inquiète pas trop. Nous restons accroupis derrière un buisson attendant que le bruit cesse. Quand j'entendis une voix d'homme, grave et rauque, je crus que mon coeur s'était arrêté. Deux custodias, reconnaissable à leur uniforme noir. Lucille me lança un regard paniqué, tandis que Léana ne comprenait pas vraiment ce qui se passait.

Les voyant se rapprocher de notre direction, j'ordonne à mes petites protégés de fermer les yeux et de compter jusqu'à ce que je sois de retour. Je forme une longue et fine lame de glace, puis pars vers les custodias. Je ne sais pas vraiment ce que je compte faire, il faut que je protège les petites. J'attend, cachée derrière un chêne épais. Tant qu'ils ne s'approchent pas, je resterais là. Au moindre mouvement brusque de leur part, je n'hésiterai pas à me battre. Ils sont plutôt silencieux, ne parlent pas. 

Au fur et à mesure, j'entends​ leurs pas se rapprocher. Je respire longuement par la bouche, tente de calmer mon coeur affolé. Je ferme les yeux et me concentre sur ma respiration.

-J'ai vu un mouvement là bas, derrière les buissons. Dépêche toi, peut être que mon fils est par là, dit calmement le plus grand des custodias.

Mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines. J'escaladais l'arbre le plus proche et me positionnait​ pour sauter au moment voulu.Plus je les voyais approcher, plus mon rythme cardiaque augmentait. Accroupi sur une branche épaisse, j'attendais. Faites qu'ils ne lèvent pas la tête. Plus que quelques mètres.

Puis je les vis, pile en dessous de moi. Je pris une grande inspiration  et sautait sur le plus grand des deux. Assise sur ses épaules, je mis énergiquement la lame dans son cou. A la vue de son sang dégoulinant sur son torse, je cru que j'allais vomir. L'autre homme me regardais les yeux ébahis, grand ouvert. Et contre toute attente, il leva ses mains en l'air.

-J'ai rien fait, me tue pas, dit-il précipitamment.

Son regard était presque fou, la panique et la peur se lisait intensément dans ses yeux; j'étais consciente que je devais ressembler à une sauvage. Ma lame pleine de sang dirigée vers lui, je ne bougeais pas. Je voudrais lui laisser la vie sauve, mais je ne pense pas qu'il me laissera repartir; sa lâcheté ne doit être qu'une ruse. Je voulu ouvrir la bouche, en vain. Ma voix m'avait déserté. Je tentais de reprendre mon souffle puis réessayais.

-Je te raccompagne à la lisière de la forêt.

Je ne sais pas ce qui m'a pousser à prononcer ses paroles; sans doute l'impossibilité de tuer de nouveau. Les mains toujours posées sur sa tête, il avançait le plus vite possible. Je le suivais, me méfiant du moindre geste de sa part. Beaucoup de sentiments se mélangeaient en moi, je n'arrivais pas à reprendre mes esprits convenablement. Lorsque nous arrivons enfin, je le blessais légèrement pour qu'il ne puisse pas me suivre et partit en courant.

Je crois que je n'avais jamais courut aussi vite de ma vie. Les poumons en feu, je m'arrêtais quand je décidais que j'étais assez loin pour être en sécurité. Je m'assis à terre et m'interdisais d'en venir aux larmes. Je fixais la lame ensanglantée. Du sang séché collait sur mes mains, mon tee shirt et mes cheveux. Si je ne voulais pas que cela se sache, il faudrait que j'aille me laver dans la rivière, avant de récupérer les filles.Contrairement à la première fois ou je m'étais donné la permission de prendre la vie d'un être, je me sentais presque soulagée. Il fallait que je le fasse, je ne pouvais pas me permettre de mettre la vie de Lucille et Léana en danger.
 

Les Âmes rebelles, Livre IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant