Je Voulais Juste Te Dire...

Un simple pont et pourtant...

Je roulais, vite comme toujours, les fenêtres ouvertes, les cheveux au vent, Zara Larsson chantant trop fort dans la voiture. Tout allait bien. J'étais heureuse. Je t'aimais. Je profitais de l'adrénaline de la conduite. Tu disais toujours que je ne faisais pas attention au danger lorsque j'étais au volant. Pourtant, pour moi il n'y en avait pas. Je connaissais la route comme ma poche, ses intersections, ses virages, ses ponts. Alors oui, je me laissais aller, le pied sur le plancher, toi dans mes pensées. En fait, tu ne les quittais jamais vraiment.

J'ai allumé une cigarette. J'aimais l'odeur du tabac, la fumée s'échappant de ma bouche, son goût dans ma gorge, son petit point rouge. Je vivais pleinement.

Soudain, mon téléphone a sonné. J'avais reçu un message. Inconsciente que j'étais, j'ai jeté un coup d'oeil sur le destinataire. C'était toi. J'ai ralenti un peu ma vitesse. Tes premiers mots m'ont inquiété. " je suis désolée ". Toi, qui ne t'excusais jamais ! C'était trop bizarre pour être vrai. Il devait y avoir quelque chose de grave. Je me suis arrêtée sur un petit pont. J'étais peut-être un peu folle, mais pas à ce point là pour risquer ma vie un peu plus ! J'ai jeté ma cigarette à l'eau avant d'attraper mon téléphone. Et là, ma vie s'est écroulé en lisant ton SMS. Tout à basculé autour de moi.

" Je suis désolée mais je pense qu'il vaut mieux qu'on arrête là toi et moi. On a passé de très bons moments ensemble et je ne regrette rien. Mais c'est terminé toi et moi. Comme on dit toutes les bonnes choses ont une fin.  Je ne ressens plus rien pour toi. Je ne t'aime plus. Désolé. Salut."

Le seul mot qui me vient à l'esprit est : connard. Puis la tristesse a commencé à m'envahir. Plus de tes câlins, des tes baisers, de tes mots doux, de tes compliments, de ta chaleur, de ton odeur. Plus rien de toi. C'était fini. Après la tristesse, ça a été le désespoir qui m'est venu. Pourquoi ne m'aimais tu plus ? Qu'avais je fait ? Je ne méritais pas ça, moi, qui étais prête à tout pour toi ! La lassitude et la dépression ont pris place dans mon cœur. J'avais désespérément besoin de toi. Mais tu ne voulais plus de moi. Comment allais-je pouvoir vivre sans toi ?
Je suis sortie de ma voiture. Les larmes ont coulés sans retenue sur mes joues, ravageant mon mascara. Ne dit-on pas qu'un homme doit ruiner ton rouge à lèvres et non ton mascara ? Tu as échoué mon amour. Je me suis appuyée sur la balustrade du pont. L'eau était sombre et mouvementée en dessous. De petits poissons argentés nageaient assez rapidement. Le vent soufflait un peu.

Ma légèreté et mon bonheur de vivre m'avaient quitté. À quoi bon vivre sans celui qu'on aime ? L'eau m'attirait. Amie dans la douleur. Je suis passée par dessus la balustrade et me suis assise dessus, balançant mes pieds dans le vide. La peine a cédé la place à la rage. J'ai balancé ce maudit téléphone dans la rivière. Je l'ai vu se fracasser sur les rochers un peu plus bas, emportant le dernier message que tu m'avais laissé. Alors j'ai pleuré, j'ai crié, j'ai hurlé ma douleur. Je revoyais sans cesse ton sourire, ton visage au réveil, j'entendais ta voix me murmurer des mots d'amour. Cela ne se reproduirait plus jamais. Tu en aimerais une autre. Tu lui chuchoteras les mots qui m'étaient destinés. Tu la prendras dans tes bras comme tu le faisais avec moi. Ça me donnait envie de vomir rien que d'y penser.

L'eau vrombissait au dessous de moi. Elle m'appelait. Alors, j'ai décidé de quitter cette vie qui n'était pas la mienne puisque tu n'en ferais plus partie. Et j'ai sauté. La chute a été plus longue que ce que je croyais. Je me suis brisée sur les rochers, comme mon téléphone un peu plus tôt, mes os craquant, les yeux ouverts pour voir la mort arriver. Et je t'ai quitté. J'ai quitté la vie. L'eau m'a accueillit pour m'ensevelir. Ma dernière amie. Plus de douleur. Plus d'amour. Plus de souffrance. Plus de vie.