Chapitre 9

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Lorsque je rouvre les yeux, Ailinn était redevenu normal. Je me relève et constate avec joie que je n'ai plus mal nulle pars. Je félicite Ailinn qui me répond par un "de rien" plein d'entrain, un sourire lumineux sur tout son visage. Je regarde autour de moi. Nous ne nous trouvons plus dans la forêt mais dans une vallée où la montagne se dessine juste devant moi.

- C'est cette montagne ou se trouve les opos-opos, me dit Ailinn sans que j'aie posé la question.

Je me retourne et découvre que la forêt se trouve à des kilomètres de là où nous nous trouvons.

- Comment à tu fait pour faire tout ce chemin avec moi ?

- Je t'ai porté sur mon dos, me répond-t-il comme si c'était la chose la plus logique du monde.

- Avec le monstre et les ptérodactyles dans le coin ?

- Eh bien j'ai juste eu la chance de ne pas les croisés. Étrangement ils ne voulaient pas s'approcher de nous et je me demande si ça un rapport avec l'état dans lequel tu trouves.

- L'état dans lequel je me trouve ?

Ailinn me montre ma queue qui n'avait pas disparu. Elle était fine jusqu'à la pointe où elle était plus touffue. Je me dirige vers un petit point d'eau avant de constater qu'il n'y avait pas que ma queue qui s'était ajoutée. J'avais aussi les canines un peu plus longues, mes yeux rouges étaient cernés et mon visage plus pâle (sans doutes a cause de ma blessure qui devait finir de se soigner et de mon énormes pertes de sang).

- Je pense qu'il serait préférable de cacher ta queue, elle pourrait faire peur à la fillette.

J'acquiesce. Il avait totalement raison. Je baisse mon pantalon et Ailinn se retourne directement, rouge. J'avais tellement l'habitude de me changer avec Ingald, faute de place, que j'avais oubliée que ce n'était pas normal que deux personnes du sexe opposé se changent ensemble. Lorsque le pantalon arriva en bas de mes jambes, j'enroule ma queue autour de ma jambe gauche et remonte mon pantalon.

- C'est bon Ailinn, tu peux te retourner.

Ailinn s'exécute. Il tourne autour de moi pour regarder que ma queue ne dépasse pas puis me fait signe de le suivre. Là, il me montre le haut de la montagne où devait se trouver un plateau.

- Il faut escalader jusqu'à la haut.

- Aucun problème, répondis-je.

- Eh bien s'il y en a un, enchaine-t-il.

- Lequel ?

- Si tu fais une chute de cette hauteur tu vas mourir. Je peux peut être toujours m'envoler moi, mais toi non. Essaie de sortir tes ailes tu comprendras.

Je le regarde comme s'il venait d'une autre planète. Bien sur que oui, je vais pouvoirs sortir mes ailes. Je me concentre de toutes mes forces, mais rien. Je réessaye, je les sens se matérialiser mais elles disparaissent.

- Pourquoi elles ne sortent pas ?, finis-je par demander déçu.

- Une des règles pour pouvoirs sortir ses ailes est d'être en pleine forme. Ingald a dû te l'expliquer. Hors là, tu ressors de graves blessures et il te manque énormément de sang. C'est déjà un miracle que tu bouges. Mais on va être obligé de monter quand même cette montagne car les opos-opos ont dû remarquer notre présence et s'ils décident de partir avec la fillette de l'autre côté parce qu'ils se sentent menacer, ils devraient prendre plus de temps que nous, car ils faut qu'ils rassemblent toutes leurs affaires et qu'ils descendent avec une enfant de 7 ans environ. Donc faut qu'on parte maintenant. Tu penses pouvoirs le faire ?

- Normalement, dis je a moitié convaincu.

Ailinn me regarde d'une façon bienveillante. Tout comme l'avait fais Ingald la première fois que j'avais gravi le mur qui nous séparait de la vallée chez nous, Ailinn me mis un bandage sur les mains avant de faire pareil sur les siennes. Comparer à avant, il me paraissait moins trouillard. À moins qu'il ne fasse cela pour me donner du courage. Je lui souris avant de prendre la première prise, tandis qu'il fait pareil. Nous grimpons à un rythme plutôt lent et régulier, privilégiant la sécurité. Lorsque nous arrivons un peu près vers le sommet de la montagne, l'air se fait de plus en plus froid en comparaison aux 35°C au sol. Malgré les bandages, mes mains commencent à saigner et alors que je mets mon pied droit sur un rocher, celui-ci se casse. Mon pied glisse dans le vide, déchirant le devant de mon pantalon. Ailinn pousse un petit cri de peur quand il remarque ce qui se passe dans ma direction. Tous deux sommes épuisés et j'ai l'impression d'utiliser toutes mes forces lorsque je m'élance pour attraper un rocher plus en hauteur pour continuer la progression. Ailinn souffle enfin lorsqu'il remarque que je ne suis plus en danger. Plus que 4 mètres avant le haut de la montagne. Lorsqu'on les atteint, de petites mains poilues viennent nous aider à monter. Nous sommes enfin sains et saufs sur le plateau et nous découvrons que nos sauveurs sont en réalité les opos-opos. La fillette se trouve derrière eux, allonger sur le sol, dos à nous. Les opos-opos nous tirent par les vêtements vers la masse inerte qui devait sans doutes être pleine de vie à peine quelques heures avant. Ailinn se penche sur elle, la met sur le dos, découvrant une enfant blondes, blanches comme un linge, les yeux bougeant sous ses paupières fermées et les lèvres bleues. Ailinn lui ouvre la bouche, frotte son doigt au niveau de sa langue avant de le sentir.

- Est-ce qu'il y a des baies ici ?, demande-t-il.

Les opos-opos acquiesce, allant les chercher. Quelques minutes après, ils reviennent les bras charger de baies de différentes couleurs avant de les déposer à côté d'Ailinn. Ailinn les regarde rapidement avant de se figer et de devenir blanc. Il me montre une baie du doigt.

- C'est celle la.

Je m'approche pour voir la baie en question avant de me figer à mon tour.

- Une baie empoissonnée, chuchotais-je pour moi-même.

- Il faut qu'on fasse quelque chose, sinon elle va mourir, me dit-il.

- Tu ne peux pas utiliser ta magie ?

- Non, j'ai utilisé mes dernières forces en montant la montagne et le temps où j'en regagne, elle sera morte !

Je réfléchis à toute vitesse. Moi non plus je ne pouvais pas utiliser la magie, et encore moi la magie de médecine. Comment enlever le poison d'un corps ? Une idée germe dans mon esprit. Je relève le corps de l'enfant, l'appuie contre le creux de mon épaule avant de sortir ma dague et de saigner le corps inerte qui poussa à peine un petit cri de douleur. Les opos-opos se montrèrent énervés, et commencèrent à me foncer dessus, mais Ailinn les arrêta. Le sang continue de couler et je l'arrête en maintenant ma main contre la petite plaie. Les opos-opos se calment seulement quand ils remarquent que la fillette reprend des couleurs. Soulagés, ils tombent par terres. Je donne à boire à l'enfant pour éliminer les derniers flux toxiques de son organisme. Après une heure à se reposer, elle est déjà en train de courir partout avec les opos-opos comme si rien n'était arrivé. Alors qu'elle passe près de moi, je l'attrape et la soulève.

- Comment t'es tu retrouver ici en fait ?

La fillette me regarde avant de sourire.

- Ils voulaient avoir un compagnon de jeu alors je les ai suivis !

- Tu sais que tes parents s'inquiètent pour toi . N'as pas tu envie de les retrouver ?

- Je voudrais bien, mais la forêt est trop dangereuse en bas.

- Ne t'inquiète pas pour ça, on te protégeras si c'est le seul problème.

Elle sembla hésitée. Elle regarda les opos-opos avant de nous regarder nous.

- Est-ce que je peux les prendre avec moi ?

- Si ils sont d'accord.

À peine, prononçais-je ses mots que les opos-opos se jetèrent sur moi. Ailinn, qui avait repris des forces, matérialisa un grand drap en feuilles tissé.

- Allez installez-vous

La fillette s'installe au milieu et les opos-opos, d'abord hésitant, viennent s'installer de chaque côté de l'enfant après avoir vérifié chaque centimètres carrés de tissages. Je me concentre et lance un sort de vent en dessous du drap pour l'alléger et le faire léviter, renforcer par un sortilège plus complexe d'Ailinn qui protèges en plus l'équipage que nous transporterons. Nous prenons chacun un bord du drap, sortons nos ailes et nous nous élançons du haut de la montagne. L'enfant se met à rire, heureuse. Alors que j'espérais rencontrer aucun monstre, les ptérodactyles se jettent sur nous; repousser bravement par les lances pierres des opos-opos. Lorsqu'on voit enfin se profiler à l'horizon la ville, la petite fille nous montres une maison un peu plus éloignée, à l'entrer de la forêt. Alors que nous nous posons, nous sommes accueillis par les parents heureux de retrouver enfin leur fille au point qu'ils adoptent même les opos-opos sur un coup de tête. Ils nous donnent un papier avec un tampon rouge que je remets à Ailinn et nous nous dirigeons vers la ville où nous amenons le papier. L'homme est étonné et heureux lorsqu'il remarque que nous avons réussi avec brio notre mission, nous donnant même un repas gratuit. Alors que nous encaissons l'argent, Ingald entre dans la guilde.

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