Chapitre 2 : Pour atteindre un rêve

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En grandissant, j'ai continué des études à l'université dans le domaine de l'archéologie (l'étude du sol et de l'histoire de l'humanité ça se rapproche un peu du métier de chasseur de trésor, non ?). Mais à la différence de mes camarades de classe qui travaillaient leurs cours à la sortie de classe, moi j'allais voir Pascal, le concierge, qui était comme un deuxième père pour moi. C'était un homme de taille et de corpulence moyenne, aux cheveux grisonnants et au visage creusé par des rides en pattes d'oie autour des yeux, mais au regard vif et pétillant de malice. Comme à mon habitude, je lui amenais mes trouvailles du jour que j'avais dénichées dans l'enceinte de l'université (les détecteurs de métaux étant interdits dans l'établissement, je devais me débrouiller en utilisant uniquement ma vision) et je m'apprêtais à comparer avec les siennes.

- Aujourd'hui, j'ai trouvé un petit miroir, un bouton de jean et un tube de rouge à lèvres, annonçais-je tout en lui déposant les objets que j'avais préalablement énumérés.

Je savais que mes découvertes du jour n'était pas fructueuses par rapport à d'habitude, mais peu importe, puisqu'il n'y avait aucune compétition entre Pascal et moi.

- Pour une fois j'ai trouvé quelque chose de plus intéressant, déclara Pascal en souriant. Ce matin en faisant du nettoyage près du massif de tulipes près du portail d'entrée, j'ai trouvé ceci.

Joignant le geste à la parole, il dégaina de sa poche le dernier modèle d'un téléphone portable couleur gris métallisé en parfait état de marche.

- C'est génial, m'exclamais-je en saisissant le smartphone pour tenter d'identifier la personne à qui il pouvait appartenir.

La première chose qui me frappa était que ce téléphone - bien que très performant - n'était verrouillé par aucun système de code, ce qui me rendit les choses encore plus simples. Je n'eus qu'à faire glisser le doigt dessus pour découvrit la photo en fond d'écran et c'est à cet instant que je sus à qui il appartenait.

- Ce téléphone est à Laurie Lebellec, affirmais-je. Elle est assise juste derrière moi en cours d'histoire de l'art et durant toute l'heure de cours de ce matin elle n'a pas arrêté de pleurer parce que son téléphone était tombé de sa poche de jean. Elle va avoir une sacrée surprise quand elle va voir que nous l'avons retrouvé.

- Mission accomplie alors, cette jeune fille pourra dormir sur ses deux oreilles, s'exclama Pascal. Garde-le jusqu'à demain matin et tu iras le lui rendre avant la première heure de cours.

- C'est gentil de ta part Pascal, mais c'est toi qui a eu le mérite de l'avoir trouvé, c'est donc normal que ce soit également toi qu'elle remercie, expliquais-je.

- Ne t'inquiète pas Alex, cela me fait plaisir que tu y aille pour moi, dit-t-il, un sourire aux lèvres.

Je n'insistais pas et acceptais à contrecœur. Le lendemain matin, comme convenu, je trouvais Laurie Lebellec avant que nous entrions en classe et lui rendit son téléphone portable en mains propres. Celle-ci sauta de joie à la vue de cet objet dont elle avait pleuré la disparition la veille et m'enlaça fort dans ses bras à ma grande surprise pour me remercier, sous le regard bienveillant de Pascal qui nous observait à l'autre bout du couloir. Dès que je le vis, il leva le pouce en me souriant et je lu sur ses lèvres « mission accomplie, Alex ».

Cette expérience ne fit que de me rappeler que je n'aurais jamais pu devenir archéologue, même si les profs semblaient me trouver du potentiel. Il fallait se rendre à l'évidence, je passais plus de temps à l'université à chercher des objets perdus pour ensuite les rendre à leurs propriétaires qu'à étudier mes cours. Et jamais il ne me serais venu à l'idée de confier à quelqu'un - à part Pascal et mes parents - que mon rêve n'était pas de chercher les traces d'une civilisation disparue depuis des millions d'années en déterrant des ossements et autres poteries, mais d'être chasseuse de trésors. En disant cela, tout le monde à l'université m'aurait prise pour l'Indiana Jones des temps modernes qui chercherait des trésors en même temps qu'être archéologue. Ils auraient sans doute ajouté à cela que mon rêve était idée complètement folle et impossible à réaliser, surtout pour une fille alors que, pour moi, c'était tout sauf irréalisable et bien au contraire très sérieux. Et je n'eus pas longtemps à attendre pour leur prouver à tous que mon rêve n'était pas une fiction et que j'avais raison d'y croire depuis le début.


A. Guenégan, chasseuse de trésorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant