Chapitre 17 : Sauvés

84 16 0
                                    

- Non, Thomas, criais-je.

Mais je n'eus pas le temps de faire le moindre geste vers mon coéquipier qui gisait sur le sol car, à cet instant, Monsieur Viloroy me mit à nouveau en joue et cette fois je savais qu'il n'allait pas me rater une seconde fois. Pourquoi ne lui avais-je pas remis Aurum plus tôt ? Si j'avais su que Thomas allait faire ce geste insensé de s'interposer pour me sauver je n'aurais pas hésité une seule seconde et j'aurais forcé tout mon corps à capituler. Au moment où le nouveau propriétaire des lieux allait tirer sa seconde balle, la porte d'entrée s'ouvrit sur une dizaine de policiers armés qui se dirigèrent vers nous en pointant leurs armes, juste avant qu'ils ne voient Monsieur Viloroy, qui jurait intérieurement et de l'ordonner de déposer son Colt par terre. Celui-ci se plaça alors dans le rôle de la victime - comme il nous l'avait précédemment fait comprendre - et plaida qu'il nous avait surpris en train de lui voler son objet de valeur. Les policiers lui ordonnèrent pour la seconde fois de lâcher son arme et je vis à ce moment que Monsieur Viloroy était cerné, mais une détermination farouche se lisait dans son regard d'acier, signifiant qu'il n'allait pas en rester là. Puis, il leva de nouveau son colt et s'apprêtait à presser la détente vers moi, mais les forces de l'ordre le stoppèrent avant qu'il ne passe à l'acte et en finirent avec lui en quelques secondes. J'avais une fois de plus échappé de justesse à la mort et j'espérais que ça n'allait pas devenir une habitude !

Le calme revenu, j'accourais enfin vers le détective, qui peinait à se remettre debout et je lui venais en aide.

- Thomas, est-ce que ça va ?, lui demandais-je, terrifiée à l'idée qu'il se soit fait blesser volontairement en voulant me sauver.

- Disons que pour quelqu'un qui vient de prendre une balle pile dans son bras qui était déjà sans doute cassé dans la même journée, je dois dire que je me porte plutôt bien, déclara celui-ci en se forçant à sourire pour contenir la douleur qui devait irradier dans tout son bras à cet instant.

- Tant mieux (je lui donnais une méchante claque sur le bras droit – non je ne suis pas assez sadique pour viser le bras gauche ! – mais il lâcha un « aie » quand même) Tu es complètement fou qu'est-ce qui t'as pris de vouloir prendre cette balle à ma place ?!, pestais- je.

- J'aurais pensé que tu allais me remercier, je crois que je me trompais, dommage pour moi, en fait tu n'es absolument pas reconnaissante, se moqua-il.

Je calmais ma colère. Au fond c'était plus de l'angoisse que de la colère que j'avais éprouvé, parce que si Thomas y avait laissé sa peau, je ne me le serais jamais pardonné. Mais à priori ses jours n'étaient pas en comptés, donc déstressais d'un cran.

- Bon très bien je recommence, concédais-je. Je te remercie beaucoup de m'avoir sauvée et si je me suis énervée c'est parce que j'avais peur que tu y restes. Voilà, tu peux me dire maintenant pourquoi tu as agis de la sorte, monsieur le héros ?

- Parce que je n'aurais pas supporté de te voir mourir, avoua-t-il, et je voyais dans son regard qu'il ne faisait aucune blague comme à son habitude et semblait sincère.

- Et en quoi le fait que je serais en vie aurait de l'importance pour toi ?, renchérissais-je.

A ces mots, Thomas fit un pas hésitant vers moi.

- Pour cette raison.

Puis, sans que j'aie le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait, le détective m'attrapa par la taille et m'attira contre lui et cela me fit rougir comme une tomate de sentir la chaleur de son corps. Le regard intense se Thomas se posa sur moi et, sans crier garde, il m'embrassa. Ce geste inattendu de sa part me surpris, mais je ne le repoussais pas, bien au contraire. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine tandis que nos deux corps collés l'un contre l'autre dégageait une immense chaleur. A ce moment, le temps n'existait plus pour Thomas et moi, et nous étions trop occupés à savourer cet instant mémorable pour prêter attention à Elisa et Monsieur Haurang qui nous félicitait en silence avant de nous laisser partager ce baiser en privé. Soudain, alors que je voulais serrer Thomas dans mes bras, je me souvenais que je tenais encore entre mes mains le magnum de Champagne doré, qui représentait le fruit de trois jours acharnés de travail à Epernay et qu'il temps, après toutes les épreuves que l'on venait de traverser de la rendre enfin à son propriétaire. Après une dernière embrassade réconfortante.


A. Guenégan, chasseuse de trésorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant