Chapitre 3 : Ouverture de l'agence

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Quelques années plus tard, j'ouvrais donc au cœur de ma ville natale, Dinan, ma propre agence à l'âge de 22 ans nommée :

A.Guenégan, chasseuse de trésors

Au début, cette étrange enseigne noire aux lettres calligraphiées dorées faisait rire les passants dans la rue, mais après quelques semaines, la curiosité l'emporta sur l'hilarité et c'est là que je recevais la visite des premiers clients qui osaient franchir le seuil de l'agence la plus bizarre de Bretagne.

Pour les clients qui venaient pour la première fois, les surprises s'enchainaient dès que je les accueillais. Certains demandaient à parler au gérant en me voyant – pensant sans doute que je ne pourrais pas les renseigner - et leurs yeux se révulsaient quand ils apprenaient que le gérant - ou plutôt la gérante - et fondatrice de l'agence se tenait devant eux. Suite à cela on me faisait souvent les mêmes reproches tels que « vous êtes très jeune» ou bien « vous ne manquez pas un peu d'expérience pour faire ce genre de métier ? » et mon préféré « chasseur de trésors ce n'est pas uniquement réservé aux hommes ? ». À croire qu'ils avaient déjà oublié que sur l'enseigne dehors il était écrit « chasseuse » et non « chasseur » de trésors. Mais mon assurance et mon professionnalisme prenait toujours le pas sur les remarques des gens et je leur affirmais avec exactitude que je prenais très au sérieux mon travail comme n'importe quelle passionnée. Et pour appuyer mes propos, je finissais toujours ma phrase en disant que je chassais des trésors depuis l'enfance avec mon père qui m'avait tout apprit et c'est à ce moment-là que les clients cédaient et acceptaient de me confier une mission.

Une autre raison amenait souvent les curieux à franchir ma porte. C'était la pancarte accrochée sur la vitrine de l'agence indiquant que mes prestations s'élevaient à 10euros de l'heure pour les professionnels et les particuliers ayant perdu un objet de valeur. Une autre pancarte sur la gauche indiquait que je faisais également des diagnostics gratuits chez les professionnels et les particuliers sauf dans le cas d'une découverte par hasard d'un objet de valeur. Et dans ce genre de situation, La procédure était différente. Je me devais de demander au propriétaire des lieux ce qu'il comptait faire de l'objet trouvé et s'il souhaitait le revendre, je faisais appel à un ami expert qui déterminait son prix de vente et je récoltais 40% du prix à la revente comme honoraires.

Dans tous les cas, c'était un marché acceptable pour les clients qui restaient toujours gagnants dans l'histoire. Imaginez que vous perdez un objet à 300 euros et que vous payez une agence seulement 10euros de l'heure pour qu'elle la retrouve, ou bien que vous fassiez faire un diagnostic gratuit de votre jardin et qu'au final un objet de valeur y était enterré et que vous puissiez gagner dessus une grosse somme d'argent. Voilà pourquoi certains clients n'hésitaient pas à revenir me consulter à l'agence.

Durant quelques mois, je parvenais à gérer toute seule la partie administrative de l'agence tout en allant chez les clients pour réaliser mes prestations. Mais avec le nombre de particuliers et de professionnels qui ne cessaient de croitre pour demander mes services, je dus rapidement engager une personne pour me décharger de toute la partie administrative et je fis appel à Elisa, qui est depuis 3 mois mon assistante. C'est une jeune fille d'à peu près mon âge, au teint bronzé, ainsi qu'aux longs cheveux bruns bouclés et aux yeux marron. En plus d'être très amicale, elle est très professionnelle dans son travail et, grâce à elle, tout est devenu beaucoup plus simple. C'est elle qui note tous mes rendez-vous dans l'agenda en plus de s'occuper des travaux de secrétariat et de comptabilité.

Aujourd'hui, l'agence « A. Guenégan, chasseuse de trésors » ne désemplit pas et chaque jour des dizaines de clients particuliers et professionnels passent la porte de l'agence et Elisa reçoit une vingtaine d'appels par jour. Certains clients n'hésitent pas à faire appel à moi plutôt qu'à un détective pour retrouver un objet disparu, les journaux de Dinan ayant publié quelques articles racontant quelques-uns de mes exploits. Et plus récemment, le petit journal local m'a mentionné comme étant la meilleure chasseuse de trésors de France. Mes parents lisent beaucoup les journaux et c'est eux qui m'ont informée de la nouvelle, que je refusais de croire avant de la lire, écrite noir sur blanc. Désormais, chaque fois qu'un article de journal évoque une affaire résolue par sa fille, maman le découpe soigneusement et me l'encadre pour que je puisse l'exposer à l'intérieur de l'agence et, chaque fois, papa et maman me répètent qu'ils n'ont jamais été si fiers de moi, leur petite chasseuse de trésors qui a eu raison de croire à son rêve d'enfant et l'a rendu possible en grandissant.


A. Guenégan, chasseuse de trésorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant