Chapitre 13 : On ne lâche rien

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A la base, Monsieur Haurang nous avait dit que cette bouteille dorée était une légende (justifiée par une photo, donc plus une légende selon moi) et suite à la petite visite improvisée de Maxime qui s'avérait être le fils de notre recruteur, il fallait maintenant ajouter à la liste qu'une malédiction planait également sur cet objet. Thomas ne semblait pas se préoccuper des mises en gardes de Maxime, mais moi si. Vous me jugerez peut être trop naïve pour croire de telles balivernes, mais en faisant le rapprochement avec la mystérieuse inscription « L'or perdra tous ceux qui s'en approchent » dans le caveau de la famille Haurang, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il y avait peut-être une part de vérité, si infime soit-elle, dans les propos tenus par Maxime. Et c'était tout sauf rassurant, car si tout était vrai cela impliquerait que nous aurions sans doute des problèmes avec Thomas en retrouvant ce magnum doré de malheur qui causerait, d'après la rumeur, la perte de ceux qui l'ont entre les mains.

- Tu as l'air pensive, Alex, observa Thomas.

- J'espère juste que Maxime a tort lorsqu'il dit qu'il existe une malédiction autour de cette bouteille de Champagne dorée, confiais-je au détective.

A ce moment, Thomas prit un air qui se voulait on ne peut plus sérieux et plongea ses beaux yeux noisettes dans les miens sans cligner des paupières.

- Au cours de ma carrière de détective, j'ai eu affaire à des tonnes de personnes qui croyaient en toutes sortes de malédictions et faisaient appel à moi parce qu'elles avaient trop peur et je peux t'affirmer que j'ai mené plusieurs enquêtes et il s'avérait qu'aucune ne s'est jamais révélée vraie.

- Mais avoues que cette inscription dans le caveau sonne un peu comme une malédiction, non ?, continuais-je.

- Je pense qu'il s'agit plus d'une mise en garde qu'une malédiction, corrigea Thomas. Tu n'as pas à t'en faire les malédictions sont des chimères et n'existent pas, je suis véridique.

Je hochais la tête. Les paroles du détective m'avaient un peu rassurée et j'étais prête à continuer sans peur notre deuxième jour de mission dans le domaine Haurang – Delatour. Chacun de nous trois continuait donc de son côté sa tâche de fouilles, mais arrivé à midi, nous étions tous bredouilles.

- Je pense que l'on doit se rendre à l'évidence et qu'il est temps d'avouer à Monsieur Haurang que sa bouteille dorée n'est nulle part dans cette maison et que nous déclarons forfait, décréta Elisa, dépitée.

Je fis non de la tête.

- Il est hors de question d'abandonner, grognais-je. Lorsque j'étais petite, chaque fois que je voulais battre en retraite mon père me répétait qu'essayer c'est avoir à moitié gagné et c'est encore aujourd'hui ce qui me donne le courage de continuer à me battre. Nous avons accepté cette mission en sachant qu'elle ne serait pas facile, alors autant aller jusqu'au bout !

Thomas et Elisa opinèrent.

- Il nous reste encore un peu de temps devant nous pour reprendre toutes les recherches depuis le début, dit Thomas. Mais cette fois-ci on ne se sépare plus et on sillonne chaque pièce ensemble avec un détecteur de métaux portable chacun.

Nous obéirent et fouillèrent à nouveau chaque salle de l'immense maison armés tous les trois d'un détecteur de métaux portable (dans le même style que ceux utilisés à l'aéroport pour détecter sur vous des objets métalliques), jusqu'à la fin de la journée, sans plus de résultats. Pour concluer cette journée, au repas du soir, Monsieur Haurang nous rappela qu'il fallait retrouver son objet coute que coute avant 8h demain matin, juste avant que les clés ne soient données au nouveau propriétaire. Le genre de phrase qui vous met à peine la pression et vous promet de passer une nuit sereine !

Après le diner, chacun regagna sa chambre en silence. De mon côté, je m'installais sur mon lit tenant à la main un stylo et un bloc note dans lequel je comptais consigner tous les endroits du domaine que l'on avait inspectés aujourd'hui, jusqu'à ce que mon téléphone portable sonne. Je regardais l'écran et vis le nom de papa et maman apparaitre à l'écran avant que je ne décroche :

- Coucou Alex, entonna maman d'une voix joyeuse. On ne te dérange pas ?

- Non, pas du tout maman, répondis-je.

- On voulait savoir où en sont tes recherches à Epernay, parce que tu ne nous sa pas donné de nouvelles depuis que tu as débarqué là-bas...

- Cela ne se passe pas tout à fait comme on l'avait prévu, commençais-je, le cœur aussi lourd que du plomb dans ma poitrine.

- Avec ton père on est certains que tu vas réussir, ma chérie, dit maman. Tu as la chasse au trésor dans le sang depuis ton enfance et tu es la meilleure de France dans ce domaine, ce qui n'est pas rien et nous sommes plus que fiers de toi.

- Merci maman, remerciais-je en sentant les larmes de joie couler le long de mes joues. Vous me manquez beaucoup et la Bretagne aussi me manque...

- Ne t'inquiète pas Alex, me rassura maman. D'ici demain après-midi tu seras de retour à la maison. J'imagine déjà les journaux raconter ton exploit dans leurs gros titres !

- Il faut avant toute chose que je mette la main sur cette bouteille dorée, marmonnais-je. Et on a cherché partout aujourd'hui sans succès, même le propriétaire des lieux l'avait fait avant nous et il n'avait rien trouvé alors qu'il connait mieux sa demeure que nous et maintenant qu'il nous reste peu de temps, il nous met la pression.

- Je sais que ce n'est pas facile Alex, intervint papa en reprenant le téléphone à maman. Mais il faut que tu te fasses confiance et surtout que tu fasses confiance à ton instinct. Il ne t'a jamais trompée dans tes choix jusqu'à présent.

- D'accord papa.

- Bon on va te laisser aller dormir, ma chérie, reprit maman. Il faut que tu sois en forme demain pour ta dernière journée de recherches, ma petite chasseuse de trésors. Nous sommes de tout cœur avec toi et croyons en toi !

Puis, c'est sur ces dernières paroles qu'ils raccrochèrent. Cela me remontait le moral de me savoir soutenue par mes parents, sachant qu'il ne me restait plus beaucoup de temps avant la fin de ma mission. Soudain, je regardais l'heure à ma montre : 22h. Le temps filait comme l'éclair et jouait de plus en plus contre nous à mesure que le troisième et dernier jour pointait le bout de son nez. Mais rien n'était encore perdu, d'après papa et maman il fallait que je fasse confiance à mon instinct avant que tout espoir de retrouver la bouteille dorée ne parte en fumée et au moment où je me demandais comment j'allais m'y prendre, quelqu'un toqua à ma porte.


A. Guenégan, chasseuse de trésorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant