A. Guenégan, chasseuse de trésor

Chapitre 4 : Ce jour-là

L'agence ouvre ses portes au public tous les jours de la semaine – sauf le dimanche et les jours fériés – à 9 heures. À cette heure-ci, Elisa reçoit déjà l'appel de notre premier client et aujourd'hui, c'était ça :

- Agence Guenégan, bonjour, entonna t'elle joyeusement en décrochant le téléphone.

- Bonjour Madame, j'aimerais qu'Alexandra Guenégan vienne inspecter le jardin de mes parents, ma mère y a perdu un objet de valeur, répondit poliment la voix à l'autre bout du fil.

- Melle Guenégan est actuellement chez un client et ne sera pas disponible avant 10h, informa Elisa.

- 10h c'est parfait.

- Très bien, je note 10h. C'est à quel nom et adresse ?, demanda mon assistante.

- Melle Lebellec et j'habite au 40, rue des maraichers à Dinard.

- Très bien, c'est noté bonne journée à tout à l'heure.

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A 9 heures, je me trouvais en effet chez un client à Plouër-sur-rance et j'étais en train d'inspecter son jardin, un terrain d'à peine 500m² en doutant fort de découvrir quelque chose d'intéressant sur une si petite surface, mais je me trompais. Lorsque mon Founding 2000 (le tout dernier modèle) crissa, je tournais la tête vers le propriétaire des lieux, un homme dégarni et bedonnant d'environ soixante ans, qui se tenait à quelques mètres de moi :

- Vous m'avez bien dit qu'il n'y avait rien ici, à part des champs, avant que votre maison soit construite ?, le questionnais-je.

- J'en sais trop rien mam'zelle, répondit l'homme. Je ne suis le propriétaire que depuis 2ans et je ne me suis pas renseigné sur le passé de cette baraque.

Je levais les yeux au ciel. Décidément cet homme n'était pas très collaborant, il n'était même d'aucune utilité pour m'aider à savoir ce qui pouvait bien se trouver enterré dans le sol juste sous mes pieds. Peut-être qu'il ne s'agissait que d'un vieux clou rouillé ou... D'un coup, mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine en pensant qu'il pouvait peut-être s'agir d'un obus datant de la seconde guerre mondiale. Cela m'était déjà arrivé une fois d'en déterrer-un chez un particulier et je m'étais bien gardé d'en faire part à mes parents, qui ne pensaient pas une seconde que mon métier avait, lui aussi, sa part de risque et de danger.

Prenant mon courage à deux mains, je retournais précautionneusement la terre avec une pelle, sentant les gouttes de sueur perler le long de mon front. Au bout de quelques minutes je finis par entrevoir les contours d'un objet (ouf, ce n'étais pas un obus), que je dégageais avec mes doigts avant de le sortir de terre. A priori ce n'était qu'une simple boite en bois de 20cm par 7cm. Je l'ouvris et découvris à l'intérieur ce qui avait alarmé mon Founding 2000. C'était un stylo plume, mais celui-ci était bien loin du modèle que l'on trouve dans les grandes surfaces. Je pouvais sentir en le touchant qu'il avait été façonné dans un bois noble et, en retirant le capuchon, je vis une pointe dorée ornée de minuscules arabesques, une pure merveille.

- Qu'est-ce que vous avez trouvé Mam'zelle, me demanda le propriétaire des lieux, dont j'avais complètement oublié la présence.

- C'est un stylo plume, Monsieur, répondis-je. Avec votre permission je peux appeler un ami expert qui pourra nous en dire plus sur son prix si vous souhaitez le vendre.

L'homme accepta et quelques instants plus tard, Arnaud, mon ami expert (et un des seuls contacts que j'ai gardé du temps où nous étions en études d'archéologie) arriva sur les lieux. En observant de plus près le stylo plume, Arnaud nous apprit qu'il avait fait quelques recherches pour nous sur l'histoire de cette parcelle et qu'il y a plus de 70ans, vivait ici même un riche notaire et que ce stylo plume était sans nul doute le sien.