Chapitre 11 : Confidences d'un détective

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Le soir pointant à l'horizon, Monsieur Haurang nous proposa de diner et de passer la nuit au domaine durant toute la durée de la mission.

- Vous êtes ici chez vous, nous dit-il. Suivez-moi je vais vous montrer vos chambres.

Il indiqua à moi et à Elisa deux chambres située côte à côte dans l'aile est et une chambre pour Thomas dans l'aile ouest. Suite à cela, nous installèrent nos bagages dans nos chambres respectives avant de prendre le repas avec notre employeur qui se passa en silence jusqu'à ce que Monsieur Haurang nous informe que le petit déjeuner aurait lieu demain matin à 8h. Il ajouta à cela qu'il avait hâte de nous y retrouver avant que nous ne quittions l'immense table qui pouvait permettre d'installer 30 personnes pour regagner l'aile ouest avec Elisa, puis de nous souhaiter bonne nuit avant de regagner nos chambres respectives. La mienne était tellement grande que lorsque je parlais, un écho de ma voix me revenait et la pièce paraissait vide au point d'en être effrayante. Au fond de celle-ci se trouvait un somptueux lit en baldaquin éclairé par un superbe lustre au plafond et l'armoire à gauche était tellement grande que, même si j'avais amené avec moi toute ma garde-robe elle n'aurait pas réussi à la remplir entièrement. J'occupais ma soirée en regardant un peu la télévision, qui était tout aussi démesurée que tout ce qui m'entourais depuis le début, avant de l'éteindre après 20 minutes de feuilleton ennuyant et de me coucher.

Mais, malheureusement, le sommeil ne vint pas. Toutes les heures je scrutais l'heure affichée sur l'écran digital du radio réveil posé sur la table de nuit et à 2 heures du matin, je me décidais à me lever et sortir un peu de ma chambre pour me dégourdir un peu les jambes. Je me promenais en pyjama et pieds nus, le long du couloir de l'aile est tout en regardant le ciel de ce soir baignant dans la lumière de la lune et des multiples étoiles au travers de la fenêtre, avant de rencontrer l'escalier principal et de le descendre sans un bruit. Mon ventre commença à gargouiller (le son produit ressemblait au grognement d'un monstre nocturne) et je me dirigeais donc vers la cuisine, mais alors que j'arrivais à hauteur de la pièce, j'entendis soudain un bruit derrière moi. Je me retournais en vitesse et découvrit une ombre qui se tenait devant moi dans le noir. J'hurlais. A la vitesse de l'éclair, l'ombre surgit vers moi dans les ténèbres et tendis ses longues mains vers moi comme si elle allait m'étrangler, sauf qu'elle se contenta de me bloquer le dos contre le mur tout en plaquant sa main sur ma bouche, faisant taire mes cris.

- Chut Alex, c'est moi Thomas, me murmura l'ombre.

J'arrêtais de hurler, puis je cherchais à tâtons la lumière de la cuisine, que je réussis à allumer, ce qui eut pour effet d'éblouir un instant le détective.

- Tu m'as fait peur, le réprimandais-je. Qu'est-ce que tu fais ici à une heure pareille ?

Celui-ci croisa les bras sur sa poitrine.

- Je pourrais te poser la même question, dit-il. Mais vu ta tenue je pense que tu es simplement somnambule.

- Non, pas du tout, je n'arrivais pas à dormir, rectifiais-je.

- Ah, cette mission te hantes toi aussi ?, s'étonna t'il.

- Oui, avouais-je. J'ai l'impression qu'un détail m'échappe dans cette histoire parce que je n'arrive pas à comprendre pourquoi un membre de la famille Haurang s'est amusé il y a un siècle à cacher méticuleusement cette bouteille dorée. C'est comme s'il ne voulait sous aucun prétexte que quelqu'un ne la retrouve, à la manière d'un trésor maudit.

- Eh bien tu n'as pas vraiment tort à ce sujet, admit Thomas. Monsieur Haurang nous a raconté l'histoire que ses ancêtres lui avaient transmise à ce sujet lorsque nous étions dans la chapelle, mais tu ne l'as pas entendue parce que tu étais dehors à ce moment-là. Apparemment son ancêtre, celui qui a eu l'idée de concevoir cette bouteille d'or était quelqu'un de cupide, complètement obsédé par l'or et dès qu'il l'a eu entre les mains, c'est devenu son objet fétiche au point que ce gars dormait avec le soir et la cachait la journée dans un coffre dont lui seul avait la clé et allait régulièrement lui rendre visite pour l'admirer. La suite c'est que la femme de cet homme s'apercevant que son mari devenait fou avec cette bouteille dorée au point de ne plus vouloir sortir de la demeure pour ne pas la quitter, eut l'idée de la dérober et de la cacher dans un endroit que son mari ne trouva jamais et il en mourra. La bouteille dorée qui a été gravée sur le côté gauche du caveau de la chapelle funéraire a été faite à la demande de l'épouse et j'ai observé qu'il y avait également une petite inscription en dessous de la gravure : Aurum perdere, qui ad.

A. Guenégan, chasseuse de trésorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant