Althéa

247 65 8
                                    

Lundi, midi et cinq minutes

La cour de récréation est bondée de petits groupes de filles réunis pour en grande partie se raconter leurs vacances enjolivées de pleins d'événements improbables. Tout près de moi, mon amie Lunise me regarde avec des yeux ébahis.

« Althéa, tu es la ? »

Je me tourne vers elle et lui souris. Je ne sais pas où j'ai la tête. Je me sens étrangère face à tout ce que je suis en train de vivre en ce moment. Je lui réponds :

« Je suis là. Désolée, j'avais la tête ailleurs Lulu ! »

Lunise me regarde étrangement encore une fois, puis dit :

« Tu es certaine que ça va ? »

« Oui, pourquoi tu demandes ? »

Lunise marque une pause, puis dit :

« Tu es ainsi depuis ce matin. Tu n'es pas dans ton élément ma chérie. Quelque chose te tracasse ? »

Je lui souris légèrement. Si seulement Lunise savait tout le bordel qui en ce moment régnait dans mon esprit.

« Je t'assure que je vais bien Lulu. C'est juste que... J'ai quelques soucis ces temps-ci. »

Comment expliquer à mon amie qu'en ce moment rien n'a de sens à mes yeux ? Comment lui dire qu'en ce moment j'ai envie de tout lâcher et de m'en aller, vers des lieux où je pourrais peut-être ne plus ressentir mes calamités ? Je n'arrive pas à me comprendre, je n'ai d'ailleurs pas les mots pour expliquer ce que je ressens en ce moment.

« C'est à cause de Christian ? »

Lunise ne va pas s'arrêter, elle me harcèlera jusqu'à la fin de cette récréation. Je lui souris une nouvelle fois et je lui dis :

« Entre moi et ce crétin, c'est vraiment fini ma chérie. Je te l'avais bien expliqué le mois d'ailleurs... Je n'ai pas de petit copain en ce moment. »

« Et tu es triste à cause de ça ? »

Je ne peux m'empêcher de penser qu'elle fait exprès d'être si casse-cou. Mais je l'aime bien cette fille. Au moins me fait-elle sortir de mon silence, lequel me dérange parfois trop.

« Non, Dieu merci. Il ne me manque pas cet idiot ! C'est juste... c'est juste que je n'arrive pas à décrire ce qui m'arrive... »

Elle hoche de la tête, peut-être pour me faire comprendre qu'elle a de la compassion pour moi. Aussitôt le silence s'installe entre nous que Lunise le rompt :

« Et tu n'as même pas un garçon qui te fait la cour en ce moment ? »

Je la regarde, ébahie. Cette fille n'arrêtera jamais de me surprendre. Je ris, puis lui dit :

« Tu ferais mieux de manger au lieu de m'asséner de questions. »

Elle rit de son côté. Puis rétorque :

« Au moins j'aurai essayé de te changer les idées, pas vrai Théa ? »

Sanon IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant