Carlito fait des trucs

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    Robocop et Judge Dredd arboraient fièrement l'insigne de police gravé dans leur armure. Ils se pavanaient dans les couloirs de l'école pour mutants ; la démarche qu'ils avaient adoptée était celle des rappeurs east coast du début des années 90 : des genoux amorphes et des épaules souples. Par cette allure ils asseyaient la domination psychologique qui manquait à leur stature régalienne.

   Les portes de l'établissement pour jeunes surdoués s'étaient ouvertes en grand devant eux. Le professeur Xavier ne désirait pas s'attirer les foudres des forces de l'ordre plus que de raison, lui qui avait eu de compliqués démêlés avec la justice. Se montrer affable envers les deux figures emblématiques de la police américaine ne pourrait qu'être bénéfique.

   Son crâne lustré les accueillit en d'éblouissants lens flare en dessous desquels un large sourire détendu luttait pour se rendre visible.

— Messieurs, chers défenseurs de la loi, protecteurs de la veuve et de l'orphelin, déclama l'hôte. En quoi ma modeste personne puit vous aider ?

   Robocop et Judge Dredd arrêtèrent leur roulement de mécanique. Leur casque intégré à l'armure filtra la lumière de sorte qu'ils purent contempler le télépathe. L'homme était vieux ; sa peau flétrie pendait comme les babines d'un chien en été. Son costume néanmoins élégant indiquait l'étendue de son importance, ainsi qu'il sied aux hommes de pouvoirs occidentaux. Ses petits yeux noirs transperçaient les visières des in(trus)vités. Ni Robocop ni Judge Dredd n'auraient su dire si le professeur Xavier s'était adressé à eux oralement ou par la pensée.

   Sans ambages, Robocop se lança :

— Bonjour. On voudrait que vous fouilliez le cerveau de Judge Dredd pour vérifier qu'il le contrôle bien et que la pub n'y a pas fait trop de ravages.

   Charles Francis Xavier eut un mouvement de recul crânien ; une nouvelle série de lens flare guirlanda les murs. Si la surprise sur son visage était parfaitement visible c'était pour mieux dissimuler l'avidité qu'il ressentait. Robocop et Judge Dredd s'offraient gracieusement. Ils confiaient à ses pouvoirs démesurés la partie la plus importante de leur corps : le cortex cérébral.

— Bien sûr, répondit-il tendrement. Il ne faudrait pas que la crème des policiers soit manipulée par des entreprises consuméristes malintentionnées. Suivez-moi, s'il vous plaît.

   Le fauteuil roulant se mouva sur 180 degrés avant d'avancer sans bruit. Bien qu'il était évident que les roues tournaient sur leur axe, une impression de flottement ressortait du mouvement. La fluidité des gestes s'ajoutait à l'assurance du professeur qui emporta dès lors le concours de celui qui en jette le plus.

   Charles Xavier les mena à travers une aile de l'institut, tandis que le reste de l'ancienne bâtisse – rénovée et à la pointe de la technologie – vivait au rythme des éclats de voix des élèves de tous âges et de leurs déplacements. Au bout d'un couloir, une cloison en apparence banale glissa pour dévoiler un ascenseur.

   Robocop, sentant qu'ils avaient perdu de leur aplomb, ne put s'empêcher de s'enquérir de la situation :

— On ne va pas dans votre bureau ?

   Le professeur Xavier lui sourit patiemment.

— Je crains que les sièges qui s'y trouvent ne soient pas adaptés à votre morphologie et qu'ils cèdent sous votre poids. Non, nous serons plus à l'aise en bas.

— Ah, d'accord.

   Ils prirent donc le transport vertical. La descente s'effectua en moins d'une vingtaine de secondes. Les portes coulissèrent sur un environnement ardoise aseptisé, constitué de plusieurs couloirs et embranchements. Xavier partit à nouveau en tête, cyborgs à ses talons arrondis. Ils pénétrèrent dans une pièce, un laboratoire, doté de lourdes tables d'auscultation blanches. Autour d'elles, des moniteurs et des perfusions attendaient un prochain patient à analyser.

   D'un geste de la main le professeur invita Judge Dredd à s'installer sur l'une d'elles.

— Allez-y. N'ayez crainte, officier.

   À pas hésitants, Dredd s'approcha du « billard ». Il posa d'abord son fessier en titane laminé sur la surface de la table, puis péniblement, il hissa sa jambe droite. Enfin, il étendit son pesant exosquelette rose.

— Parfait. Maintenant, concentrez-vous sur ma voix, rien que ma voix, gazouilla Charles.

— Elle est très agréable, trahit Judge Dredd, déjà captivé.

— C'est normal, je pratique l'ASMR en podcast. Vous êtes une plume, légère et svelte. Le vent vous porte sur ses ailes ; le ciel est harmonieux. Vous vous sentez bien, vous vous endormez.

   Et Judge Dredd s'endormit, de même que Robocop – qui contrôlé par Xavier un bref instant eut le temps de s'allonger lui aussi. L'ASMR auditif associé aux pouvoirs mentaux vinrent facilement à bout de la résistance spongieuse des policiers.

   Des bras automates et des outils de cet acabit surgirent du plafond et du sol. Moniteurs et perfusions furent branchés ; l'opération débuta.

Deadpool vs. les transpalettes fous vs. Robocop et Judge DreddOù les histoires vivent. Découvrez maintenant