Prologue

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[Théo]

Un an et demi. Un an et demi qu'elle est partie. Un an et demi qu'elle m'a abandonné. Comment est-ce qu'elle a pu me faire ça ? Je sais dans le fond que son changement de comportement est indépendant de sa volonté mais quitter le manoir n'était pas une option obligatoire. Et voilà aussi un an et demi que je suis redevenu comme avant : arrogant, agressif et joueur. La bande essaye de me faire changer mais rien à faire. Notre plan était absolument parfait, on avait juste à suivre ce qui était prévu, mais comme d'habitude rien ne se passe comme on l'avait imaginé.

J'enchaîne les coups d'un soir, les soirées en boite et les journées à la maison à ne rien faire. J'ai même perdu tout espoir de la retrouver, car je sais que si je m'approche d'elle, elle essayera de me tuer ou alors de me dissuader de la voir. J'essaye de tourner la page mais le pacte me lit encore à elle et je ne peux pas passer une nuit sans qu'elle vienne me hanter.

Menthaïs est venue habiter au manoir avec nous après la mort de sa belle-mère et non je n'ai rien tenté avec elle même si elle est magnifique.

- Merci.

Je tourne la tête vers la porte et la vois accoudée à l'embrasure de celle-ci. Elle s'avance dans ma chambre et commence à ramasser et à examiner la dizaine de bouteilles vides qui traînent au sol. Je me sens comme un gosse pris en flagrant délit face à sa mère mais d'un côté j'en ai plus rien à faire de ce que les autres peuvent penser de mon comportement.

- Tu as invité des personnes dans ta chambre ou tu as fait la fête tout seul ?

Je lève les yeux au ciel sentant la leçon de morale arriver à grand pas : avec eux, j'ai le droit à une prise de tête par jour donc je passe le moins de temps possible à la maison pour éviter ce genre de situation. Je commence à partir de la chambre quand elle me retient le bras.

- Hé. Arrête de nous fuir, s'il te plaît. On veut juste t'aider rien d'autre.

- Ouais, bien je ne veux pas de votre aide, je peux me débrouiller tout seul. Je ne suis plus un gamin ! je crie en me détachant de son emprise.

- Non justement, tu réagis comme un gamin !

Je ne réponds pas et sors du manoir, ignorant la pluie qui tombe comme des cordes. Je monte dans ma voiture bien qu'il soit bientôt minuit et prends la route vers un bar dans lequel je passe le plus clair de mon temps quand je ne suis pas à la maison pour me bourrer la gueule.

Je ferme le contact de ma voiture et sors en plaçant ma capuche sur ma tête. J'arrive devant le bar, rentre et m'installe sur une chaise du bar pour que le barman me remarque.

- Salut Théo ! M'envoie celui-ci joyeusement, ses mains ne cessant de s'activer à essuyer des verres.

- Salut Manu.

Manu ? Il est sympa : il m'offre des shots gratuits, des chambres à l'étage. Il est sympa. Je commande une bière et au moment où il me l'apporte il me dit d'un air taquin :

- Regardes la brune qui vient de rentrer là, encore une qui va finir à l'étage !

Je tourne la tête et tombe face à la brune qui était autrefois ma brune...

[Clara]

Regard sur le sol et capuche sur la tête, je traverse la rue, rentre dans une ruelle sombre et plaque un homme au mur. Je serre la mâchoire pour m'empêcher de le tuer et de le voir agoniser sur le sol à l'instant. Ce n'est pas un simple homme mais il fait genre qu'il l'est depuis une semaine alors que je lui ai donné du boulot à faire.

- Comme on se retrouve, je dis avec un sourire en coin en enlevant ma capuche.

Dès qu'il croise mon regard, il devient blanc et ne bouge plus. Je resserre l'étreinte sur son polo pour éviter une possible fuite : j'en ai marre de courir après eux partout dans la ville, je n'ai pas que ça à faire et tuer des personnes commencent à faire du bruit un peu partout en enfer. J'essaye d'être la plus discrète possible mais si on ne me donne pas ce que je veux, je peux rapidement m'énerver.

- Je t'ai laissé une semaine et je n'ai toujours pas de réponse. Tu ne te foutrais pas de moi, par hasard ?

- Je te promets que je voulais te les dire mais...

Je n'attends pas la fin de sa phrase et lui envoie mon genou dans le ventre. Sa respiration se coupe pendant un moment et il se plie en deux. Ses gémissements de douleur sont moins satisfaisants à entendre que ce que je ne pensais. Il était la personne avec le plus de souvenirs intéressants que j'ai pu trouver mais il a fallu qu'il soit un lâche comme les autres.

- Tu parles trop pour ne rien dire, tu le sais ça ?

Je plaque brusquement son dos contre les briques ce qui lui fait lâcher un autre gémissement de douleur. Son front commence à perler ce qui m'indique que lui et les situations de stress ne font pas bon ménage.

- Tu sais comment je fonctionne ? je lui demande. Je t'ai laissé plus de temps car je voulais vraiment ces informations mais tu as été incompétent comme tous les autres.

- Tu as besoin de moi.

- Oh, tu crois ? Je n'ai besoin de personne.

- Pourquoi tu m'as laissé plus de temps alors ?

- Eh bien je croyais que tu étais moins con que les autres mais je me suis trompée.

Il commence à rigoler donc je commence à enfoncer mes ongles dans la peau de sa poitrine. Le résultat est immédiat : il s'arrête à la seconde et me regarde dans les yeux, les pupilles dilatées par la peur. Je sens le sang glisser sur mes doigts et j'adore ça.

- Je n'aime pas aussi laisser les personnes qui ont travaillé pour moi en liberté.

Il commence à se débattre mais je pose mes lèvres sur les siennes. Ça n'a rien à voir avec une attirance quelconque mais j'ai pu remarquer que quand j'embrassais quelqu'un, toute son énergie vitale sort de son corps, ses organes commencent à dysfonctionner un à un jusqu'à la mort. Et malheureusement je suis obligée de subir cette torture pour pouvoir tuer quelqu'un sans que je ne devienne suspect aux yeux des autres – parce que oui, je suis recherchée partout comme une terroriste et une créature à éliminer au plus vite. Mais pour celui-ci, j'ai décidé de ne pas le tuer ; juste assez pour qu'il tombe dans le coma et qu'il ait une chance infime de s'en sortir.

Je me recule au moment où il s'effondre devant moi. Je m'abaisse et regarde s'il a dû pouls avant de sortir de la ruelle. Je sors mes meilleurs talents d'actrice et prends un air apeuré pour interpeller une jeune fille.

- Vite dépêchez-vous ! Il y a un homme très mal en point dans la ruelle !

Une fois avoir vérifié qu'elle soit bien partie et plus dans mon champ de vision, je continue ma route et décide d'aller dans le bar d'à côté assez malfamé où il n'y a principalement que les plus grands délinquants qui se réunissent ici. Je passe les portes en bois massif et croise son regard...

Ange déchu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant