* Chapitre 1 *

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Je le regarde pendant une bonne minute dans les yeux sans savoir comment réagir avant de commencer à reculer pour sortir du bar.

- Clara !

Oh putain... Mon prénom qui sort de sa bouche me provoque un frisson que je décide d'ignorer. La gentille Clara est partie au moment où j'ai franchi les portes du manoir. Ça fait un an et demi qu'elle a disparu ! Pourquoi est-ce qu'il a fallu que je le rencontre maintenant alors que c'est le moment où je me mets le plus en danger ? Si j'ai ignoré la bande pendant plus d'un an en priant pour qu'ils ne me retrouvent pas c'est que je voulais les protéger du danger de que je représente. Je commence à courir au milieu de la route quand je me stoppe net en entendant un crissement de pneu. Une voiture s'arrête à quelques centimètres de moi. Je tourne la tête vers le bar et vois Théo en sortir en trombe. Le conducteur de la voiture sort de celle-ci.

- Oh ! Tu ne peux pas regarder où tu vas au lieu de courir comme une tarée !

Mon instinct de sirène prend le dessus et je tends la main pour la serrer à la suite. L'homme apporte ses mains à son cou et commence à suffoquer. Les voitures s'accumulent sur la route, les klaxons s'accentuent mais tout ce que j'entends c'est la voix de Théo qui me hurle de stopper ce que je suis en train de faire.

- Clara putain !

- Quoi ? je crie à mon tour sans pour autant lâcher des yeux l'homme agonisant devant moi. Il hurle mon prénom à nouveau alors je tourne le regard vers lui.

- Stop.

A la seconde, ma main se desserre, mon bras se place le long de mon corps mais mon regard ne quitte pas le sien. Je déglutis. Il me fait un signe de la main pour que je revienne sur le trottoir mais je secoue la tête. Il me regarde avec incompréhension pendant que je remets ma capuche sur la tête, profitant de l'hystérie des automobilistes pour m'enfuir de nouveau. Je cours dans la direction opposée quand j'entends des pas précipités derrière moi. Il ne va jamais me lâcher !

Je sens qu'on me prend par l'épaule et qu'on me plaque contre un mur. Par reflexe, je baisse la tête et ferme les yeux. Il me relève cette dernière mais je garde les yeux clos.

- Ouvre tes yeux.

Je secoue la tête et je peux l'entendre soupirer de me voir toujours aussi têtue. Il passe sa main sur ma joue et je lutte de toutes mes forces pour ne pas bouger la tête à son toucher.

- Laisse-moi voir tes beaux yeux bleus.

C'est ça le problème : ils ne sont plus bleus. Ils sont violets à cause de l'Elios qui me contrôle encore à des moments. Quand c'est comme ça, je m'enferme chez moi à clefs et m'attache à une chaise car durant ce moment de transe, je suis incontrôlable. Il me supplie encore une fois et je cède en sachant qu'il ne me laissera plus repartir. J'ouvre lentement mes yeux et le fixe. Il ouvre la bouche mais rien ne sort. Il reste bien cinq minutes à détailler chaque parcelle de mes prunelles avant de prendre la parole.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

- De ?

- Qu'il n'y avait qu'à certains moments que tu étais incontrôlable.

Il a lu dans mes souvenirs... Je soupire et rigole nerveusement. Des flashbacks où j'attaque des personnes innocentes reviennent d'un coup, des reportages aux infos qui parlent d'une créature sanguinaire et inarrêtable dans les rues des enfers : pour qu'on me qualifie de cette sorte ici, c'est que j'ai vraiment dépassé les bornes au niveau des délits.

- Tu l'aurais remarqué à un moment et ça aurait été au moment de ta mort.

- J'ai déjà réussi à te contrôler, il soupire, lassé.

Ange déchu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant