*Chapitre 5*

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      J'ouvre les yeux doucement grâce aux rayons du soleil qui rentre dans la chambre. J'avais oublié la douceur d'une matinée d'été, même en enfer. Mes souvenirs de la veille sont flous et dans le désordre, malheureusement mon cauchemar me revient très clairement comme une pellicule qui se déroule en boucle dans ma tête. Je me redresse brusquement et me recule en sentant quelque chose de chaud et dur au contact de mes doigts. Il se réveille à son tour et s'éloigne aussi en comprenant la situation. Je me racle la gorge et me passe la main dans les cheveux à plusieurs reprises avant de prendre la parole.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Ne me jugez pas, c'est la première chose qui m'est venue. Mes mains sont moites et des bouffées de chaleur m'envahissent. Je ne sais pas pourquoi mais j'appréhende sa réponse plus que n'importe quoi. Il lève les yeux vers moi et me fixe plusieurs secondes avec un regard nostalgique avant de déclarer.

- C'est toi qui m'as demandé de rester.

Moi ? Pourquoi je lui aurais demandé ça ? Ça n'a aucun sens. Je recherche dans mes souvenirs quand est-ce que j'ai pu dire une chose pareille mais ils sont toujours autant brouillés. Soudain, je réalise ce qu'il vient de m'énoncer. Je lui ai demandé de dormir avec moi, je lui ai en quelque sorte dit de se rapprocher de moi. Je rigole nerveusement, trouvant ce que je viens de penser complètement absurde, avant de me calmer de façon légèrement brutale. Je me lève du lit en lui tournant le dos et ouvre les rideaux d'un coup sec. Je n'ai jamais aussi bien dormi depuis...

- Un an et demi.

- Quoi ? j'entends derrière moi.

J'ai parlé à voix haute mais peu importe. Si je recommence à m'attacher je ne pourrai pas terminer ce que j'avais commencé de faire et ce n'est pas le moment de flancher. Je me racle la gorge, priant pour qu'il sorte d'ici au plus vite pour que je puisse reprendre le contrôle de mes émotions mais il reste planté près de la porte.

- Rien, rien oublie.

Je commence à m'approcher de la porte en le contournant. Ma main effleure la poignet quand il m'appelle d'une manière qui se veut désespérée dans le fond : je peux entendre le « ne me laisses pas seul » dans le craquement de son timbre de voix. Je passe lentement mes ongles sur le métal, ceux qui ont tué tellement de personne en un an et demi, et me retourne alors qu'il me fait un signe de revenir sur le lit. Son regard montre le désespoir que j'ai entendu dans sa manière de prononcer mon prénom tout à l'heure. J'inspire profondément et avance mais avec extrêmement de difficultés, les jambes lourdes, l'impression d'aller sur l'échafaud. Chacun de mes pas provoque une accélération de mon cœur dans ma cage thoracique. Je m'assois sur le lit lentement sans quitter son regard.

- Raconte-moi ton rêve...

Il hésite quelques secondes en baissant les yeux et la voix avant d'ajouter.

- ... S'il te plaît.

Cela ressemblait plus à une supplication qu'autre chose, malheureusement je ne peux pas m'empêcher de devenir froide et de me renfermer. Mes bras se referment autour de ma poitrine autant que mon ouverture d'esprit ; pour me protéger ? Pour protéger les autres de moi ?

- Pourquoi tu veux savoir ça ?

Il est surpris au début puis commence à se défendre.

- Quand je t'ai entendu hurler, j'ai eu l'impression qu'on te torturait. C'était atroce. J'ai mis deux heures à te calmer. Tu essayais de te débattre contre quelque chose, tu parlais mais je ne comprenais aucun mot que tu prononçais puis à un moment, ta respiration s'est coupée et tu as arrêté de bouger pendant une dizaine de secondes avant de te réveiller en hurlant de toutes tes forces...

Ange déchu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant